La délégation au grand complet et sur son 31 hier matin dans l'aube romaine |
Comme
on pouvait s'y attendre, toute la presse s'y est mise ce matin :
San Lorenzo à toutes les sauces sur toutes les unes - sauf celle de
Página/12 qui, en ces derniers jours avant Noël et sous la
canicule, préfère mettre le paquet sur un projet de loi que le
Gouvernement vient de déposer devant le Congrès pour une session
extraordinaire cet été sur la pénalisation de la grève par les
forces de l'ordre (voir mon article du 12 décembre 2013 sur les récents
désordres entraînés par des mutineries policières dans plusieurs
provinces).
Les Fiestas Negras (fêtes noires), c'est pour les coupures de courant. La canicule provoque trop de pression sur le réseau électrique et de nombreux foyers sont sans électricité. |
Les
trois autres titres nationaux, La Prensa, La Nación et Clarín, font
sur leur première page une large place, en gros titres et en images,
à l'audience accordée hier matin, avant et après l'audience
générale place Saint-Pierre, par le Pape François à la délégation
du Club Sportif San Lorenzo de Almagro qui a remporté un tournoi
argentino-argentin et qui est venu offrir au Saint Père l'original
de la coupe (eux en gardent une copie), trophée qui sera exposé
dans un recoin des musées du Vatican avec tous les cadeaux offerts
au Souverain Pontife. En plus de la coupe, les footeux ont offert à
leur supporter favori les gants du gardien de but et un maillot,
re-relooké. Le maillot avait déjà subi un relookage papal après
le Conclave. Cette fois-ci, sous le nom du Pape, ils ont fait flocker un Campeon Torneo Inicial... Ils sont fous, ces saints ! (1).
C'est d'ailleurs ce que, en les recevant hier matin et dans son
habituel et savoureux lunfardo de gamin grandi à Flores, l'Evêque
de Rome leur aurait dit : Ustedes están chiflados (vous êtes
complètement cinglés, vous !).
En gros titre, la pénurie énergétique... |
Il
faut dire que, non contents de rappliquer à Rome au surlendemain de
leur victoire au lieu de partir en vacances ou de se contenter
d'aller, à 70 km à l'ouest de Buenos Aires, rendre grâce à la
Vierge de Luján, selon une habitude séculaire de leur club après chaque titre,
nos amis les Cuervos ont fait fort avec la conférence de presse
qu'ils ont tenue après l'audience générale, dans les locaux de
l'Académie Pontificale des Sciences. Ils ont en effet annoncé que
le Pape se rendrait en Argentine en 2016. Il ira présider le Congrès
Eucharistique national à l'invitation de l'archevêque de Tucumán,
Monseigneur Alfredo Zecca... Cela ne vous dit rien, le Congrès de
Tucumán ?
On
est nul en histoire de l'Argentine, nous, en Europe !
Je
vous explique : le 9 juillet 1816, le Congrès de Tucumán
(Congreso de Tucumán) a déclaré -rien que ça!- l'indépendance
des Provinces Unies du Sud, qui allaient, plus de trente ans après,
prendre le nom de République
argentine qu'on leur connaît aujourd'hui... Après les grandes festivités de 2010, le Bicentenaire
se clôturera donc en 2016 sur une autre grande programmation festive
et patriotique autour du 9 de Julio (comme l'avenue, oui, oui, et à
Buenos Aires en plus ce sera sur l'avenue !).
Regardez
toutes ces unes de quotidien : les journalistes s'amusent comme
des petits fous et s'excitent tous seuls comme des grands...
Le photo du Pape est encadré par deux titres. En haut un scandale de corruption autour des Kirchner En bas, les problèmes d'électricité dus à la vague de chaleur sur le pays |
Pour
le moment, l'annonce n'a en effet pas été réellement confirmée
par le Vatican. Elle l'a été en revanche par un message Twitter de
l'Académie Pontificale qui est elle-même dirigée par un évêque
de nationalité argentine. Toutefois cette date de 2016 a bien été
prononcée, il y a déjà plusieurs mois, par le Pape lui-même comme
la plus vraisemblable pour un second voyage en Amérique du Sud,
après Rio. La référence historique est trop belle pour que les
journaux n'en fassent pas leurs choux gras, d'autant qu'il est
vraiment peu probable qu'un prélat romain en parle à la légère et
que Marcelo Tinelli, qui a pris en main la relation avec ses
confrères de la presse pendant tout ce déplacement (qui n'a pas
l'air trop improvisé), y soit allé de sa fantaisie sur le sujet. On
voit mal comment ce bonhomme-là, avec son profil de Vice-président
du San Lorenzo et de vedette du petit écran (façon "gendre
idéal"),
s'amuserait à raconter des bobards de cet acabit (il risque sa
crédibilité et sa popularité personnelles et celles du Club dont
il est le dirigeant le plus en vue). Donc la presse peut tenir l'info
pour officielle... Página/12 va plus loin dans l'exploitation du
filon en insinuant que Monseigneur Zecca lui-même aurait appris la
nouvelle à travers la fuite organisée à l'occasion de la
conférence de presse lorenziste romaine.
Pour
aller plus loin :
sur
le voyage du Pape en Argentine en 2016
voir
l'article de Clarín
sur
l'audience avec la délégation du CASLA (Club Atlético San Lorenzo
de Almagro)
voir
l'article de Clarín
Les
deux titres continuent donc leur lutte confraternelle, avec
croche-patte et marquage à la culotte.
Dans
les deux autres titres, les deux informations sont traitées dans un
seul article.
Voir
l'article de La Prensa.
(1)
Les membres du Club Sportif San Lorenzo ont de nombreux surnoms :
los santos, los cuervos sont ceux que j'utilise aujourd'hui. Cette
abondance est bien utile pour un rédacteur francophone qui soit éviter les répétitions (dont la rhétorique hispanophone s'accommode très bien).