Héctor Negro, le 17 août 2011, à l'Alliance Française de Buenos Aires présentant avec Marcela Bublik et moi mon livre Deux cents ans après |
Tous les ans à la même époque, c'est pour moi un grand plaisir (1), un plaisir gourmand oserais-je dire, entre la bûche et le champagne, de vous présenter, en version originale et en français, les vœux de ce grand poète portègne et tanguero qu'est Héctor Negro (2).
Tous les ans, un sonnet digne de La Pléiade ou de Pétrarque.
Quatorze alexandrins vêtus comme les princes de faubourg
qu'ils sont (Nobleza de Arrabal nous aurait dit Homero Manzi, et ce
pour saluer Nelly Omar, qui nous a quittés il y a quelques jours à
cent deux ans).
Pour
ne pas changer, cette cuvée négréenne se présente comme un
excellent millésime, gouleyant à souhait. Le Bon Dieu en culotte de
velours qui vous descend dans la feuille...
SONETO
DESDE EL 2013 HACIA EL FUTURO
Ya
van quedando restos de este trece
que
con dos mil arriba entra al pasado.
Y
mientras su final, presto acontece,
le
carga al que lo sigue, su legado.
Sonnet
de 2013 vers le futur
Il
reste bien quelques miettes de cette année 13
qui
entre dans l'histoire avec deux mille autres par-dessus
Mais
tandis qu'elle se meurt, voici que je fais le compte
sur
l'ardoise de la suivante de ce qu'elle nous laisse.
Un
cambalache atroz, un rejuntado
de
insensatez feroz se desvanece.
Mientras
sufrimos todo lo aguantado
y
apenas si salvamos lo que crece.
Un
effroyable souk, un aggloméré
de
folie furieuse disparaît en fumée.
En
supportant tout ce qu'on s'est farci
Nous
préservons à grand peine ce qui fleurit.
Y
allá sigue, eterno y barajando,
el
barba que invocó el candor humano:
el
Dios que sabe como, donde y cuando
Et
là-haut, battant éternellement les cartes
encore
et toujours le barbu suscité par la candeur des hommes :
ce
Dieu qui sait quand, où et comment
te
espera ese futuro que soñamos.
De
la cola lo estamos agarrando.
No
vaya a ser que venga a contramano...
Héctor
Negro/ Diciembre 2013
T'attend
ce futur de nos rêves.
Nous
le tenons par la peau des fesses.
Pourvu
qu'il ne s'amène pas en sens inverse...
Héctor
Negro, décembre 2013
(Traduction Denise Anne Clavilier)
Héctor Negro et moi, après la conférence le 17 août 2011 à l'Alliance Française de Buenos Aires |
(1)
J'en ai hélas été privée depuis quelques années, la faute sans doute
à une messagerie alors quelque peu capricieuse, qui aura mangé la
commission ou qui aura confondu sonnet et spam (ignare, comme dirait l'ami Assurancetourix). Ce ne serait pas le seul tour qu'elle m'aura joué ces dernières années.
(2)
Héctor Negro dispose de son chapitre, avec une dizaine de textes, en
vers, en prose et en vers libres, dans l'anthologie bilingue de dix
poètes et paroliers que j'ai publiée chez Tarabuste Editions, à la
toute fin 2010 sous le titre Deux cents ans après, le Bicentenaire
de l'Argentine à travers la littérature du tango (présentation de
l'ouvrage dans ce blog, en cliquant sur l'image de la couverture dans
la Colonne de droite, ou sur mon site Internet, où sont rassemblés
les différents moyens de vous procurer un exemplaire et même un bon
de commande en version imprimable).
Comme
Claudio Espector aujourd'hui, Héctor Negro lui aussi a fait les
frais, il y a plusieurs années, de la gestion arbitraire et "entrepreunariale" de l'actuel Gouvernement de la Ville Autonome de Buenos
Aires (voir à ce sujet mon article du 20 mars 2009)