En
cette veille de l'Immaculée Conception, une solennité fériée en
Argentine (1), comme dans presque tous les pays hispaniques, La
Nación publie, comme elle l'avait annoncé avec tambours et trompettes dans
son édition d'hier, la première grande interview donnée par le
Pape François à un grand média latino-américain !
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Dans
une forte actualité autour du Vatican, avec la découverte de
plusieurs millions longtemps oubliés de tous les inventaires, la
mise sous séquestre de comptes personnels de deux ex-financiers de
l'Etat-Cité et un avocat soupçonnés de malversations dans des
opérations immobilières tout au long de la décennie 2000, après
des spéculations oiseuses qui ont enflammé la presse italienne (2)
et argentine autour du départ, pourtant normal et prévu, du
commandant de la Garde Suisse, arrivé à la fin de sa mission, le
grand quotidien fondé par Bartolomé Mitre publie une interview
exclusive du Saint Père.
Sur
le site Internet, l'entretien est découpé en cinq articles
différents, confiés à la plume (méritante) de Elisabetta Piqué,
sa correspondante permanente à Rome (journaliste d'un talent
incontestable).
Pour
ce que j'ai déjà pu en lire, le Pape François se montre égal à
lui-même, plein d'humour et capable d'une auto-dérision on ne peut
plus ignatienne, direct, sans langue de bois, bienveillant envers son
interlocutrice. Comme lorsqu'il était archevêque de Buenos Aires,
il refuse de mettre une seule phalange dans les querelles sans
fondement qu'on lui fait (au sujet du journaliste et polémiste
Horacio Verbitsky notamment, qui continue à déverser son fiel, mais
beaucoup moins souvent qu'auparavant, dans Página/12). Je ne vais
pas perdre mon temps à me justifier sur ce que je ne fais pas,
répondit-il à Elisabetta Piqué lorsque celle-ci le chinoise sur
les revirements des kirchneristes à son égard, peut-être dans
l'espoir de lui extorquer une réaction hostile au journal de gauche,
concurrent et opposant politique à La Nación. Re-re-re-raté, comme
à chaque fois que Clarín ou La Nación ont tenté de jouer à ce
petit jeu !
Il plaide pour une fin de mandat paisible, dans le respect de la constitution et sans chercher des querelles vaines à la majorité sortante. Que Dieu l'entende ! On n'en prend guère le chemin, l'opposition trouvant tous les moyens, y compris les moins loyaux, pour pourrir le climat, susciter l'inquiétude, voire l'angoisse, comme à chaque fois qu'une campagne électorale s'annonce.
Et
il parle en portègne dans le texte (personnellement, j'adore
lorsqu'il s'exprime de cette manière, c'est si inattendu dans la
bouche d'un pape !) (3). Au sujet du colonel Anrig, le Pape dit
qu'il s'agit d'un "hombre re-bien", entendez en français "un homme
extra" !
Pendant
ce temps-là et sur le même sujet, Página/12 monte en mayonnaise le
scandale économico-immobilier des années 2000 (sous une référence
hyperlien quelque peu bizarre, qui semble indiquer que l'article
appartient aux pages sportives ! Faut-il y voir un aveu ?)
Pour
aller plus loin :
lire
l'extrait de l'interview où le Pape parle de lui-même et de son
expérience après son élection
lire
l'extrait où le Pape parle du synode sur la famille et des débats qui s'y sont tenus
lire
la partie où le Pape parle de la situation politique en Argentine et
des rumeurs infondées qui prétendent qu'il tirerait toutes les
ficelles depuis Rome
lire
la description de l'atmosphère dans laquelle l'interview s'est déroulée, dans la suite que François occupe dans la Casa Santa Marta (vous serez sans doute intéressés de savoir qu'il pleuvait sur Rome, ce jour-là... Eh oui, cela arrive aussi dans la Ville Eternelle !)
Le
journal propose aussi des extraits vidéos et quelques photos
détendues, avec un pape en soutane blanche sans ceinture. Quel
scoop !
Ordinairement,
L'Osservatore Romano reproduit, en italien, l'intégralité de
l'interview le jour même ou le lendemain de la parution dans le
journal auquel elle a été accordée. Eu égard à la parution un
dimanche et au caractère férié du 8 décembre au Vatican, il est
fort probable que le quotidien pontifical s'en chargera mardi, pas
avant.
Ajouts du 8 décembre 2014 :
Lire les extraits de l'interview choisis ce matin par Página/12.
En français, lire la synthèse rédigée par les services de communication du Vatican.
Ajouts du 8 décembre 2014 :
Lire les extraits de l'interview choisis ce matin par Página/12.
En français, lire la synthèse rédigée par les services de communication du Vatican.
(1)
En revanche, le 15 août, tout le monde travaille ! Les horaires
de messe sont ceux de la semaine, sans y changer un iota. Pas même
de messe solennisée, comme cela se fait en France pour le 2
novembre, jour des fidèles défunts, ou le 24 juin, pour la saint
Jean.
(2)
Après la publication d'une explication des plus fumeuses par Il
Messagero, le quotidien catholique italien, qui a dû oublier
l'esprit pénitentiel qui préside à l'Avent et s'est lancé dans
des accusations contre le colonel Daniel Anrig.
(3)
Une des caractéristiques de la manière de s'exprimer des Portègnes
est la grosse dose d'insolence qui assaisonne cette langue en toutes
circonstances, avec ses tournures idiomatiques et son invention
linguistique permanente.