La délégation du gouvernement argentin pendant l'audition |
Ces
jours-ci, à Montevideo, se tiennent les audiences de la Commission
Interaméricaine des Droits de l'Homme (CIDH) sur la situation de
l'Argentine.
Les
syndicats, les associations de victimes de la dictature militaire des
années 70 (1) et les défenseurs de Milagro Sala (retournée en
prison il y a quelques jours, malgré l'avis de la CIDH - voir mon article du 30 septembre 2017) sont
entendus par la Commission. Le gouvernement argentin aussi.
Et
les accusations se croisent et s'entrechoquent. Du côte de
l'opposition (syndicats, associations et comité de défense de
Milagro Sala) accusent le gouvernement de faire régresser la
démocratie et les droits sociaux des salariés et, en général, de
violer les droits de l'Homme. De son côté, Claudio Avruj, le
Secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme, à la tête de la
représentation officielle de l'Argentine, a fait valoir les
distorsions des faits et les manipulations partisanes qui vicient les
argumentations de l'opposition kirchneriste.
Il y a quelques minutes, Página/12 n'hésitait pas à publier une photo prise dans une école où l'on voit des lycéens (qui sont mineurs) (2) et leurs professeurs (qui eux sont majeurs) poser devant l'appareil avec des panneaux qui réclament Justice pour Santiago Maldonado, dont il apparaît après autopsie qu'il s'est noyé sans avoir été brutalisé (voir mon article du 21 octobre 2017). Quelle justice voulez-vous rendre, en faisant pression sur l'instruction, à ce qui apparaît comme un accident ?
La salle d'audition en entier. On reconnaît la chevelure toute blanche de Estela de Carlotto (Abuelas de Plaza de Mayo) |
Les
journaux prennent partie, mais de manière inégale. Página/12 ne
publie pas moins de trois articles sur le sujet, Clarín et La Nación
un seul chacun – mais dans les deux cas, les papiers concernés
sont d'authentiques catalinaires contre l'opposition, dont les
résultats électoraux viennent de révéler la faiblesse politique
dans l'ensemble du pays.
Pour
vous y repérer :
lire
l'article de Página/12 sur la situation de Milagro Sala, en prison,
à Jujuy – elle est présentée par son comité de défense et par
toute la gauche kirchneriste comme une prisonnière politique
lire
l'article de Página/12 sur les représentations des syndicats devant
la CIDH
lire
l'article de Página/12 sur les revendications des associations de
victimes de la Dictature militaire des années 70
lire
l'entrefilet de Página/12 sur la prise de position de Claudio Avruj
sur le cas de Milagro Sala, dont il a déclaré devant la Commission
qu'il estimait que cette dame devait vivre en résidence surveillée
(conformément aux recommandations de la CIDH) et non derrière les
barreaux, derrière lesquels elle a été renvoyée par la cour
d'appel de la Province de Jujuy il y a quelques jours
lire
l'article de Clarín sur les arguments développés par le
gouvernement
lire
l'éditorial de La Nación, où Marcos Novaro tâche d'éclairer la
genèse de l'affaire Santiago Maldonado, dans laquelle il voit un mensonge
délibéré construit à dessein par l'opposition pour réveiller les
vieux fantômes de la dictature, pour faire retentir dans le débat
public la notion atroce des disparus, inspirer la peur politique pour
faire reculer le vote Cambiemos et tenter de reprendre le pouvoir par
les urnes.
Si
c'est bien la stratégie suivie, elle a lamentablement échoué
dimanche dernier (voir mon article du 23 octobre 2017).
Ajouts du 26 octobre 2017 :
Página/12 ne lâche rien !
lire l'article sur l'affaire Maldonado et le maintien des accusations contre l'Etat (en fait, le gouvernement, la confusion est habituelle en Amérique du Sud), qui serait coupable de la mort du jeune tatoueur militant pro-mapuche
Ajouts du 26 octobre 2017 :
Página/12 ne lâche rien !
lire l'article sur l'affaire Maldonado et le maintien des accusations contre l'Etat (en fait, le gouvernement, la confusion est habituelle en Amérique du Sud), qui serait coupable de la mort du jeune tatoueur militant pro-mapuche
lire l'article sur les suites du dossier Milagro Sala
Pendant ce temps, les journaux de la majorité (La Nación, Clarín) font leurs choux gras de la levée d'immunité parlementaire de l'ancien ministre de Cristina Kirchner, Julio De Vido, qui, aussitôt le vote acquis au Congrès, a été mis en prison préventive en attente de son procès pour corruption. Cette levée d'écrou et ce procès sont un véritable feuilleton depuis de nombreuses semaines.
Pendant ce temps, les journaux de la majorité (La Nación, Clarín) font leurs choux gras de la levée d'immunité parlementaire de l'ancien ministre de Cristina Kirchner, Julio De Vido, qui, aussitôt le vote acquis au Congrès, a été mis en prison préventive en attente de son procès pour corruption. Cette levée d'écrou et ce procès sont un véritable feuilleton depuis de nombreuses semaines.
(1)
Elles se présentent comme des ONG des Droits de l'Homme mais c'est
une qualité qui leur est de plus en plus déniée, à cause de leurs
prises de position partisanes, leur interventionnisme dans le débat
politique courant, qui les éloignent très souvent et de plus en
plus de l'objet initial de leur lutte. Il s'agit des associations
Madres de Plaza de Mayo, Abuelas de Plaza de Mayo, H.I.J.O.S. ou le
CELS (présidé par le très controversé éditorialiste de
Página/12, Horacio Verbitsky).
(2)
Il est vrai qu'il y a quelques années, Cristina Kirchner a accordé
le droit de vote (non obligatoire) aux mineurs, dès l'âge de 16 ans
révolus. Les enfants sont donc parfois politisés en Argentine, au
sein même de l'école, et ils le sont par le courant kirchneriste.
Les actuels membres de l'alliance Cambiemos, qui est au pouvoir
depuis près de deux ans, ont voté contre cette loi. Le
kirchnerisme, à son tour, accuse le gouvernement d'une propagande
sournoise et un formatage des esprits à droite, à travers le choix
des contenus des programmes scolaires.