Le 29 décembre 2017, je vous racontais comment un promoteur un peu trop
pressé avait profité des fêtes de Noël pour détruire un site
archéologique identifié par la Direction du Patrimoine de la Ville
Autonome de Buenos Aires et je m'étonnais que Página/12, toujours
si prompt à dénoncer les pratiques éhontées des entreprises
prêtes à tout sacrifier aux bénéfices, reste muet sur la
question, laissant son adversaire, le quotidien Clarín, seul sur le
sujet.
Le
lendemain, le quotidien de gauche a publié un article sur un
supplément, M²,
sur lequel l'acte de vandalisme fait la une. Il faut dire que le
silence du journal était d'autant plus étonnant que Juan Manuel de Rosas, auquel la découverte archéologique pouvait être reliée, est l'un
des personnages historiques les plus populaires. Aussi populaire pour
le soutien apporté aux Afro-argentins et aux peuples aborigènes (en
tout cas certains) que contesté pour sa violence inouïe à l'égard
de ses adversaires politiques, avec son slogan officiel : Mueren
los salvajes unitarios (mort aux sauvages unitaires).
Dans
la même édition de M²,
Página/12 se réjouit de la restauration d'un joyau du patrimoine
architectural de Buenos Aires, l'Hôpital Rivadavia, admirablement
ravalé et illuminé pour ces fêtes de fin d'année, et dénonce,
dans un entrefilet, le manque de respect d'un cycliste pour les très
belles grilles historiques du Palacio de las Aguas, photo à l'appui.
L'Hôpital Rivadavia est l'établissement sanitaire le plus ancien de
l'histoire de Buenos Aires, pour ce qui est des institutions qui ont
conservé leur vocation initiale. L'Hôpital Rivadavia a été
construit en 1880. Il a précédé de peu l'actuel Borda, qu'on
appelait autrefois Vieytes (dans le tango Balada para un loco, par exemple) (1), un hospice de fous réservés aux hommes
et qui accueillit de nombreux malades atteints de syphilis, aujourd'hui l'un des meilleurs hôpitaux psychiatriques du pays.
Pour
aller plus loin :
lire
l'article de Página/12 sur le site archéologique vandalisé à
Monserrat
lire
l'article de Página/12 sur la restauration de l'Hôpital Rivadavia
lire
l'entrefilet de Página/12 sur les grilles du Palacio de las Aguas
(1) Balada para un loco, grand classique du duo Piazzolla-Ferrer, est inclus dans mon livre, Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, toujours disponible chez son éditeur et en commande dans toutes les bonnes librairies (Editions du Jasmin, France)