Alors
que l'été bat son plein, Página/12 revient ce matin sur les
manifestations très violentes qui ont eu lieu à la mi-décembre sur
Plaza de Congreso lorsque des manifestants se sont rassemblés pour
contester les mesures que le Congrès allaient voter et qui allaient
abaisser le pouvoir d'achat potentiel des retraités les plus
pauvres.
Dès
le lendemain, le quotidien dénonçait des violences de la part des
forces de police tandis que les autres journaux s'attachaient surtout
à montrer les actes de violence commis par les manifeestants.
Aujourd'hui,
Página/12 revient à la charge avec des preuves photographiques où
l'on voit des gendarmes attaquer soit des manifestants soit de
simples passants (en l'occurrence, il s'agirait d'un chiffonnier, cartonero, au travail, il aurait été en train de ramasser des détritus dans le secteur)
(1). Et ces gendarmes chevauchent des motos aux plaques
d'immatriculation cachées.
Le
journal publie une analyse de l'instruction en cours, dans laquelle
un policier vient de bénéficier d'un non lieu et un seul inculpé
reste incarcéré. Página/12 titre en faisant allusion à un jeu
d'enfants très populaire et dont tout le monde en Argentine a fait
l'expérience dans son enfance, le juego del Gran Bonete (2).
Pour
en savoir plus :
Ajouts du 11 janvier 2018 :
un juge fédéral a fait suite à ces éléments et inculpé le policier incriminé dans les violences contre le chiffonnier
lire l'article de Página/12
lire l'article de Clarín
(1) C'est un peu étranger car en général, ce n'est pas leur heure. Les cartoneros, dans ce cœur
de la capitale, travaillent plutôt le soir, lorsque la circulation
automobile est plus calme. De plus, sur la photo, on ne peut pas voir la carriole du chiffonnier. Un cartonero, à Buenos Aires, nul ne peut le confondre avec un manifestant : il traîne avec lui un chariot, qui passe rarement inaperçu !
(2)
Tous les joueurs sont assis en cercle, chacun s'est vu attribuer une
couleur et une personne, adulte ou autre enfant, se tient au milieu,
c'est le Gran Bonete. A chaque fois qu'il énonce une, celui qui se
l'est vu attribuer doit répondre dans un dialogue où il nie en être
le porteur. On perd quand on répond à la place d'un autre, parce
qu'on a mal écouté, par ce qu'on s'est précipité dans
l'excitation de l'action ou parce qu'on a oublié sa couleur. Un jeu
que les éducateurs apprécient beaucoup pour sa force de
socialisation et son apprentissage de l'individualisation dans le
collectif.
En
France, nous avons un jeu assez proche, le jeu dit du mouchoir, du
facteur, du furet ou du loup, auquel les enfants jouent assis en
cercle sans savoir ce qu'il se passe dans leur dos où un
intervenant, enfant ou adulte, dépose un morceau de tissu ou un
ballon.