Les ennuis pleuvent sur Mauricio Macri, l’ancien président de droite. Voici que le procureur en charge du dossier de la disparition en 2017 du sous-marin ARA San Juan vient de requérir dans le sens des parties civiles en demandant que l’ancien chef d’État, son ministre de la Défense et le chef d’état-major de la Marine soient inculpés et poursuivis pour avoir failli aux devoirs de leur charge respective et n’avoir pas mis tous les moyens à leur disposition pour assurer la sécurité de la mission du sous-marin qui a explosé en profondeur dans les eaux argentines, faisant 44 morts, c’est-à-dire l’ensemble de l’équipage.
Il est très instructif de comparer les ennuis judiciaires actuels de Mauricio Macri avec ceux qu’a eus et qu’a encore en partie Cristina Kirchner, sa prédécesseure à la Casa Rosada.
Les causes ouvertes en moins d’un an contre Macri sont beaucoup plus diversifiées : corruption et concussion en tout genre dans plusieurs affaires liées aux concessions publiques accordées au groupe familial, les holdings Macri (poste, autoroutes), écoutes illégales découvertes à l’occasion de l’audit des services du contre-espionnage dès l’arrivée au pouvoir de la nouvelle majorité, manquements graves envers les sous-mariniers envoyés à la mort en temps de paix…
Rien à voir avec les chefs d’inculpation qui ont pesé ou pèsent encore sur Cristina Kirchner. En fin de compte, elle n’a jamais été accusée que d’enrichissement personnel, seule ou en bande organisée, dans l’exercice de ses mandats, si je laisse de côté l’affaire ubuesque et surréaliste de l’accord avec l’Iran, que la droite (et elle seule) l’accuse d’avoir scellé en toute illégalité alors qu’il avait été voté par le Congrès (comme le veut la constitution) et qu’il n’est, de surcroît, jamais entré en vigueur puisque le parlement iranien ne l’a jamais ratifié.
Dans les enquêtes qui visent Macri, on ne voit aucune de ces acrobaties juridiques destinées à forcer l’incrimination du ou, en l’espèce, de la leader (charismatique) de la majorité antérieure. Ce que l’on a sous les yeux, ce sont des accusations graves portant sur des faits avérés, dont Macri et ses co-inculpés restent bien entendu présumés innocents puisque les instructions ne font que débuter et il en sera ainsi tant qu’ils n’auront pas été condamnés en dernier ressort, s’ils le sont un jour. Les faits incriminés n’en sont pas moins réels et certains d’ores et déjà parfaitement matérialisés. La suite des procédures servira à définir le degré d’implication qui a été celui de l’ancien président dans ces affaires et à répartir les responsabilités politiques et techniques entre les différents mis en cause déjà inquiétés ou à venir : politiques et hommes d’affaires dans les dossiers impliquants les activités économiques de la famille Macri, politiques et responsables hiérarchiques dans l’affaire des écoutes, politiques et officiers généraux dans l’affaire du sous-marin. Or e ce qui concerne Cristina, certains faits, pour lesquels elle passait encore en jugement quelques jours à peine avant d’être élue vice-présidente en octobre 2019, n’étaient toujours pas établis à l’ouverture du procès.
Ce matin, seuls Página/12 et La Nación rapportent le contenu de ce réquisitoire incendiaire contre l’ancien président.
© Denise Anne Clavilier
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Pour aller plus loin :
lire l’article de La Nación