jeudi 8 octobre 2020

Une page se tourne : un président de gauche réhabilite l’armée [Actu]

En haut : la rage chaviste (en rapport avec la motion de l'ONU
pour le rétablissement des droits de l'homme au Venezuela,
pour laquelle l'Argentine a voté, à la surprise de beaucoup)
En bas : le président et le ministre de la Défense
au chantier naval de Buenos Aires
Cliquez sur l'image pour une haute résolution

Hier, le président Alberto Fernández a présenté un fonds financier accompagné d’un plan ambitieux pour l’industrie de la défense dans les trois armes, le Fondef. Il a fait cette annonce dans la zone de cale sèche du chantier naval Tandanor, situé dans le bassin sud du port de Buenos Aires. Pendant des années, avant la chute de Pérón en 1955, l'Argentine produisait des voitures, des avions, des navires à partir d'une industrie nationale et non pas grâce à des entreprises multinationales qui s'implantaient sur le territoire (et pouvaient s'en retirer à tout moment).

Le président était accompagné par le ministre de la Défense et la secrétaire d’État chargée de la recherche, de la politique industrielle et de la production pour la défense. Étaient présents outre les trois chefs d’état-major de Terre, de l’Air et de la Marine et les directeurs des principaux centres liées à la recherche et à la technologie (Conicet, Invap, etc.).

Au cours d’un bref discours d’une dizaine de minutes, il a souligné le rôle essentiel que doivent jouer les forces armées dans une démocratie et salué le fait que tous les officiers d’active aujourd’hui ont tous été formés dans le régime constitutionnel. Par conséquent, il souhaite tourner la page de la dictature militaire et normaliser la situation. Dans ce sens, il entend redonner aux forces armées le prestige et la place que leur engagement pour le pays doivent leur valoir dans la société argentine. A cette occasion, il a rappelé tous les efforts déployés par les militaires pour venir en aide à la population pendant le confinement strict de l’automne austral, comme je l’ai montré dans mes articles autour du 25 mai (la fête nationale).

Selfie présidentiel avec deux ouvriers du chantier naval,
dont un ne cache pas sa joie sous le masque obligatoire
Photo Casa Rosada


Dès le début de son mandat, Fernández avait d’ailleurs fait mettre en ordre le système de rémunération des armées, qui était jusque là un bricolage indigne, avec des niveaux de solde incroyablement bas, parce que Cristina Fernández se méfiait encore très fortement de tout ce qui ressemblait à un uniforme et parce que son successeur, Mauricio Macri, malgré son discours militariste, s’en contrefichait.

Le Fondef doit permettre de créer vingt mille postes de travail l’année prochaine dans l’industrie de défense pour les trois armes.

Seuls Página/12 (gauche nationaliste et patriote) et La Prensa (droite militariste, catholique et réactionnaire) en parlent aujourd’hui.

Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12 qui insiste sur le plan et non sur les paroles du président
lire l’article de La Prensa, qui fait l’inverse
lire le communiqué de la Casa Rosada (la vidéo du discours dure 28 minutes mais le discours lui-même ne commence qu’à la onzième minute. Vous pouvez aller directement à ce point en vous évitant l’épouvantable signal d’attente, façon Spoutnik en pire).