Hier, le nouveau Premier ministre, Juan Manzur, ex-gouverneur de la province de Tucumán, et la ministre de la Santé, Carla Vizzotti, maintenue à son poste après le remaniement, ont annoncé lors d’une conférence de presse conjointe un allègement prudent d’une poignée de mesures sanitaires.
En
effet, depuis plus de trois mois, la contagion régresse dans
l’ensemble du pays. Il reste 1 440 patients en soins intensifs
contre près de 8 000 au plus haut de la vague en mai dernier,
au début de l’hiver, lorsque 95 % des capacités était
utilisé. La vaccination, de son côté, progresse : 64 %
des Argentins sont vaccinés (première dose au moins) et 45 %
ont reçu les deux doses. Par ailleurs, le variant delta, présent
depuis plusieurs mois dans le pays, est resté cantonné à quelques
cas que l’on peut dénombrer. Contrairement à ce que tout laissait
craindre, il ne s’est pas répandu comme il l’a fait en Europe
ou, bien plus près de l’Argentine, au Pérou où il a causé des
ravages certains. En Argentine comme sur l’ensemble du
sous-continent, ce sont les variants gamma (la très agressive
mutation détectée à Manaus) et lambda qui continuent de
prédominer.
"Rien n'est jamais éternel", dit le gros titre
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Dans ces conditions, en profitant des beaux jours qui s’annoncent (le printemps arrivent dans l’hémisphère sud), le gouvernement a décidé d’autoriser à compter du 1er octobre la circulation des personnes à visage découvert dans l’espace public en plein air, pour autant que les gens ne se rassemblent pas.
A
partir de vendredi, la jauge passe à 100 % dans les commerces,
les lieux de loisir et l’exercice du sport et on va pouvoir
retrouver les gradins pour encourager son équipe de foot préférée
dans un stade rempli à moitié seulement.
Pour accompagner cet abandon de l’obligation du masque à l’extérieur et ces élargissements de jauge, le gouvernement a aussi annoncé un plan progressif d’ouverture des frontières pour laquelle les pouvoirs publics appellent leurs administrés à la plus grande prudence. Il ne s’agit pas de faire redémarrer un nouveau cycle épidémique à l’approche de l’été et des fêtes de fin d’année. A cette heure, cinq provinces ont annoncé qu’elles maintiendraient toutefois le statu quo (elles en ont le droit).
Le
nouveau Premier ministre qui a prêté serment lundi dernier vient
donc de faire une entrée en fonction tonitruante avec cette annonce
si longtemps désirée par tout le monde. Peut-être une manière
pour lui de s’imposer dans ce nouveau rôle où une bonne partie de
l’opinion publique l’attend au tournant. A l’intérieur du
gouvernement lui-même, il a tout de suite imprimé sa marque en
instituant une réunion systématique de tous les ministres sous sa
conduite chaque semaine et ça n’a pas tardé : ce premier
conseil se tient aujourd’hui. Or l’Argentine ne connaît pas le
Conseil des Ministres stricto-sensu,
tel qu’il est institué dans la plupart des pays européens. Il est
possible que la décision de Manzur représente une nouvelle étape
dans la structuration de la manière dont le pouvoir exécutif
national fonctionne. On peut en tout cas souhaiter que cette
nouveauté apporte à l’administration du pays un peu de fluidité
et un soupçon d’efficacité supplémentaire. Si ça pouvait ne
serait-ce qu’éviter les couacs, ce serait très bien !
Il va sans dire que l’analyse de l’opposition et des journaux de droite est très différente. Après avoir réclamé à cor et à cris l’assouplissement des « mesures liberticides », les opposants, politiques et journalistes, ne voient dans tout cela qu’une pitoyable gesticulation purement électoraliste. Certains éditorialistes poussent même le sens de la contradiction jusqu’à dénoncer le caractère trop précoce et donc potentiellement dangereux de cette mesure pourtant très limitée.
Tout va bien et rien ne change : nous sommes toujours bien en campagne électorale.
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