jeudi 4 novembre 2021

Les bienfaits du mate : une enquête de l’INYM pour le 43e festival à Apóstoles [Coutumes]


Hier à Apóstoles, une bourgade de la province de Misiones, à l’extrémité nord-est de l’Argentine, s’est ouvert le 43e Festival national et international de la Yerba Mate, la principale culture de la province dont la tradition agricole remonte aux missions jésuites installées dans les années 1710 (comme vous l’avez compris, la ville a conservé le nom que les pères jésuites qui l’ont fondée lui avaient donné : les Apôtres).

Le festival avec son lot de spectacles dominés par le chamamé (la musique typique de la région), de repas en plein air, de dégustations, de stands artisanaux et de conférences sur le travail agricole et artisanal de la yerba mate se tient pendant quatre jours jusqu’à dimanche prochain. Cette manifestation désormais traditionnelle sera couronnée par l’élection de la reine nationale de la yerba mate et de ses deux dauphines ainsi que des réceptions annuelles dans l’ordre de la yerba mate (qui ressemble à nos confréries gastronomiques et localistes).

L’entrée à la feria est gratuite mais la plupart des spectacles sont payants (500 $ ARG par personne), ainsi que les repas (1 500 $ ARG par personne) et la soirée pour l’élection de la reine et de ses dauphines (il y a 1 000 chaises à 3 000 $ ARG chacune).

A cette occasion, l’Instituto Nacional de la Yerba Mate (INYM) a publié le résultat d’une étude multiple, conduites par des chercheurs dans différentes universités, sur les bienfaits de la boisson nationale - l’Argentine est en effet le premier producteur de yerba mate dans la région (1).

L'ensemble du programme
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Cet ensemble d’études, réalisées en laboratoire et non en phase clinique humaine, met en avant les effets bénéfiques du produit consommé à la manière sud-américaine (2) : il facilite la digestion et régule la glycémie (chez les souris sur lesquelles les expériences ont été menées) ; il régule le cholestérol, il renforce la densité minérale des os ; contrairement à ce que peuvent faire croire son amertume et son astringence (caractéristiques des yerbas mate d’entrée de gamme), la boisson ne détériore nullement la muqueuse gastrique ; il prévient le cancer du colon et du sein et diminue le risque de maladie de Parkinson grâce à des « propriétés neuro-protectrices ». Ces résultats demandent encore une évaluation scientifique et expérimentale chez l’homme.

Dans les organismes humains, on sait déjà et depuis très longtemps que le mate régule le transit et qu’il est légèrement coupe-faim et excitant, comme le thé et le café.

Tout cela fait cause et offre une bonne occasion de relancer le marché qui souffre de l’infernale hausse des prix qui déferle aujourd’hui sur l’ensemble de l’Argentine. Et puis, les festivals, c’est bon pour le moral, pour tout le monde.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

lire l’article de La Nación
lire le communiqué de l’INYM
lire le communiqué de l’INYM sur sa participation (ingénierie agricole) à la Fiesta Internacional y Nacional de la Yerba Mate
consulter le programme de la Fiesta sur le site Internet de la manifestation



(1) Trois pays produisent à échelle commerciale : l’Argentine, le Paraguay et le Brésil (dans le sud du pays). La production uruguayenne, à toute petite échelle, convient surtout à la consommation familiale du producteur. La yerba argentine arrose le marché uruguayen et chilien. Avant la guerre civile en Syrie, ce pays était le plus important débouché à l’exportation en dehors de l’Amérique du Sud grâce à des contacts très étroits cultivés par les Syriens immigrés en Argentine au début du XXe siècle et leurs familles restées au pays.

(2) En Europe, il faut se méfier du produits vendus hors des épiceries spécialisées en produits sud-américains. Les magasins bio en particulier vendent un truc sans intérêt souvent sous le nom fantaisiste de « mate » qui ne désigne pas le produit mais l’infusion qu’on en tire (un peu comme de parler de cacao pour désigner le chocolat). Ce qui démontre parfaitement le caractère artificiel de cette exploitation. Ces hachis végétaux sont souvent associés à des mentions santé et leur emballage ne comporte aucune indication géographique précise (la marque se contente d’un vague « Amérique du Sud »). Je ne sais pas ce qu’il y a exactement dans ces paquets mais force est de constater que cela donne breuvage insipide, sans aucun rapport avec celui qu’on apprécie tant en Argentine, en Uruguay, au Paraguay, au Chili et dans quelques coins du sud du Brésil. En Europe, si vous souhaitez boire du mate « comme là-bas », il faut donc s’adresser à un épicier latino-américain et lui acheter un produit indiquant le nom et l’adresse du producteur (pas seulement celui du distributeur ou de l’importateur) et vérifier que cette adresse se situe bien dans l’un des trois pays producteurs. C’est assez facile : en façade et sur le côté ou l’arrière du paquet, on lit la mention Industria argentina / uruguaya / brasileira (ou brasileña si le produit a été conditionné en vue de son exportation, ce qui est souvent le cas quand il arrive en Europe). En France, on trouve un peu de bio, la plupart du temps en provenance d’Argentine. Sur le plan gustatif, il n’y a guère de différence avec les autres modes de production (conventionnel ou raisonné).