León Gieco et sa guitare fileteada (photo Laura Domínguez) |
León Gieco est un musicien
inclassable. Auteur, compositeur, chanteur et multi-instrumentiste
d’abord. Multi-genre ensuite : il navigue d’une manière qui
n’appartient qu’à lui entre le folklore, le rock et le jazz au
point que le journaliste Victor Hugo Morales l’a baptisé Nuestro
León Nacional, « notre lion national », avec un jeu de
mots entre le prénom et l’animal cité, qui plus est, dans l’hymne
national, sans oublier une petite allusion à l’événement
historique ultr-patriotique dont le pays célèbre le souvenir en ce
jour férié, déclaré depuis peu Día de la Soberanía Nacional,
pour la résistance des Argentins face à la stratégie impérialiste
de la France et de la Grande-Bretagne (1).
"Le cœur de Léon", titre le supplément culturel de Página/12 ce matin |
Comme Charly García il y a
quelques semaines, León Gieco souffle ce soir ses 70 bougies. Et les
espaces culturels nationaux se mettent en quatre pour le fêter
dignement : ce week-end, le CCK et Tecnópolis proposent des
activités et des spectacles, dont le point culminant sera le concert
de ce soir, samedi 20 novembre 2021, à 20 h (minuit en Europe
atlantique), avec retransmission en direct sur TV Pública et Radio
Nacional, ainsi que la chaîne Youtube du CCK et celle de Cont.ar.
Demain, les festivités
déménagent à Tecnópolis, dans la banlieue ouest de Buenos Aires,
un parc d’attraction pédagogique consacré à la vulgarisation des
sciences et des technologies et qui a la place d’accueillir en
plein air toutes sortes de manifestations d’envergure.
Photo Fernando de la Orden |
Toutes ces activités seront gratuites.
Pour aller plus loin :
León Gieco en couleurs au micro hier et au début de sa carrière en noir et blanc en arrière-plan Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution |
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(1) Dans les années 1840, les deux principales puissances européennes s’appuyaient sur l’embryon de droit international établi par le Congrès de Vienne après la chute de Napoléon. Les coalisés et la délégation française avaient en effet décidé que la navigation fluviale serait désormais libre, alors que Napoléon avait tout verrouillé sur l’ensemble du territoire surdimensionné de l’Empire français. La Grande-Bretagne victorienne et la France de la Monarchie de Juillet prétendirent à leur tour étendre à l’Amérique du Sud cette liberté, tentant de mettre à profit la désunion qui régnait alors en Argentine, en guerre civile depuis 1820. Mauvais calcul car la jeune Confédération argentine ne se laissa pas imposer un droit européen qui avait été négocié sans elle. Elle refit temporairement son unité et réduisit une expédition militaro-commerciale française à un échec cuisant. Cela s’est traduit par une bataille fluviale sur le Paraná, au lieu-dit Vuelta de Obligado, le 20 novembre 1845. Bataille techniquement remportée par l’escadre française qui passa malgré le barrage argentin mais politiquement perdue par elle puisque ses bâtiments endommagés furent rejetés partout où ils abordèrent en vue de réparer les avaries et qu’elle ne put pas écouler sa marchandise, boycottée de tout côté. Et c’est à plein que l’expédition dut entreprendre le retour vers la France.