lundi 15 novembre 2021

L’opposition gagne les élections de mi-mandat au niveau fédéral [Actu]

"Gros dénivelé !", semble se désoler une petite urne
qui arbore ce matin le maillot de Frente de Todos.
Son visage est le soleil de mai qui brille au centre du drapeau argentin
Un dessin de Daniel Paz qui vaut tous les éditoriaux
Hier, à la une de Página/12, l'urne était toute nue, sans tête ni soleil.
Au pied de la pente, elle hésitait sur ce qu'elle allait faire.
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Juntos por el Cambio, la droite de gouvernement qui entend reprendre la politique menée par Mauricio Macri pendant le précédent mandat, a emporté les élections législatives nationales qui renouvelaient partiellement le Congrès : au tiers pour le sénat à travers un scrutin organisé à l’échelle provinciale (seules certaines provinces votaient) et à la moitié pour la chambre des députés à travers un scrutin à l’échelle nationale, le pays tout entier étant alors divisé en districts définis par la démographie locale (en France, ce sont des circonscriptions).

"Le gouvernement a perdu de 8,3 points
et perd le quorum au Sénat", dit le gros titre
sur une photo de la soirée électorale à droite hier soir
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Avec ce scrutin, les libéraux viennent de faire perdre le quorum au premier bloc du Sénat, constitué par les élus de Frente de Todos (majorité gouvernementale) : ce bloc, même avec tous ses élus présents dans l’hémicycle, ne constituera plus à lui tout seul le quorum nécessaire à l’adoption des lois. C’est donc une assez lourde défaite pour Frente de Todos (les péronistes de gauche) qui va obliger Cristina Kirchner, présidente du Sénat et vice-présidente de la République, à négocier avec la demi-douzaine d’élus des partis locaux (qui existent dans diverses provinces) pour reconstituer la gouvernabilité de la Haute Assemblée et pouvoir faire voter les lois stratégiques pour la politique développée par l’exécutif, élu il y a deux ans.

"Le gouvernement subit une nouvelle grave défaite
mais la présente comme un triomphe", dit La Nación
En bas, photo du président pendant la soirée électorale de la gauche
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Autre coup dur pour l’actuelle majorité : elle a perdu la province de La Pampa, qui était l’un de ses bastions depuis 1985, c’est-à-dire depuis le retour de la démocratie et de la constitution, à deux ans près.

Du côté des députés, la liste d’extrême-droite trumpo-bolsonarienne menée par Javier Milei obtient 4 sièges. C’est un tournant dans l’histoire de la démocratie en Argentine où, jusqu’à ce que Trump parvienne au pouvoir à Washington, l’électorat avait su tenir à l’écart ces postures violentes, vulgaires et irrationnelles. La grande majorité des Argentins a été en effet vaccinée contre le phénomène par un demi-siècle de putschs militaires de 1930 à 1983 qui ont semé la mort et la désolation dans la Nation.

Infographie tirée de Página/12 : la composition du futur Sénat
La ligne des noirs (chiffres et points) : ce sont les sénateurs
que les deux blocs principaux vont courtiser pour composer une alliance
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Malgré tout, la majorité gouvernementale fait de bien meilleurs scores que ce que laissaient espérer les résultats des primaires à la mi-septembre. Elle reste le premier bloc au Sénat et à la Chambre (avec 117 sièges de députés contre 116 pour les libéraux de Juntos por el Cambio). Elle a donc refait une partie de son retard. Dans la chambre basse, Frente de Todos va devoir négocier s’il veut conserver la présidence, aujourd’hui tenue par Sergio Massa, ancien Premier ministre de Cristina Kirchner et ancien maire (plutôt efficace) de Tigre, jolie ville résidentielle à une quarantaine de kilomètres au nord-ouest de Buenos Aires.

Infographie de Página/12 sur la future chambre des Députés
"Avanza Libertad" : liste de Milei
"Distritales" : partis provinciaux
"Izquierda" : la gauche de la gauche péroniste
La première pourrait bien être courtisée par Juntos por el Cambio
Les deux suivantes sont d'ores et déjà approchées par Massa et ses fidèles
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Le nouveau Congrès prendra ses fonctions le 10 décembre prochain.

Pour la seconde fois, ces résultats sont obtenus avec une assez forte abstention, d’environ 30 % (dans un pays où le vote est obligatoire). Lors des primaires, en septembre, l’abstention était supérieure d’à peu près 4 points. On voit donc ici encore combien la pandémie a fragilisé nos démocraties représentatives à cause des mécontentements provoqués d’abord par les opérations d’intoxication de l’opinion publique à travers les réseaux sociaux, ensuite par des faits bien réels : les confinements successifs et les baisses de revenus qu’ils ont entraînées ainsi que les difficultés logistiques que tous les gouvernements ont rencontrées, et celui de l’Argentine ne fait pas exception à la règle, pour vacciner toute la population en assez peu de temps pour freiner la contagion. Et au milieu de l’opération laborieuse, les variants sont venus tout compliquer.

© Denise Anne Clavilier

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