jeudi 4 novembre 2021

Première audition de Macri : une fuite en avant et quelques provocations ! [Actu]

"Tout un style" fait semblant d'admirer le gros titre
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Hier, Mauricio Macri s’est finalement présenté devant le juge d’instruction mais il a refusé de répondre à ses questions (le contraire aurait surpris !). Il a préféré présenter une défense écrite que Página/12 a examinée et que le quotidien de gauche a trouvée surréaliste : le mis en cause ne tient même pas compte des éléments de preuve qui figurent dans le dossier (et auquel l’avocat et son client ont eu connaissance). Au terme de ces conclusions, l’ancien président demande un non lieu. Après quoi, il a quitté le tribunal et s’est rendu dans un golf de Dolores (province de Buenos Aires) pour faire quelques balles, ce qui a permis à Página/12 d’en faire une une des plus sarcastiques.

"Agression et ironie" titre La Prensa
En bas à gauche, la condamnation à perpétuité
d'un homme qui a massacré sa mère et sa tante
et a passé son procès à miauler en se prenant pour un chat
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L’ex-président était encore moins accompagné que la semaine dernière : pas même l’apparence d’une foule d’admirateurs pour le soutenir et l’acclamer. A leur place, quelques politiques retirés ou qui se font oublier comme Gabriela Michetti, son ancienne vice-présidente, qui a totalement disparu du paysage (elle a abandonné la politique), et son ancien ministre de l’audiovisuel, Hernán Lombardi, nettement moins discret (surtout pendant le confinement où il s’est distingué par ses positions irrationnelles qui lui ont valu beaucoup de moqueries) mais surtout sans aucun mandat ni fonction à cette heure. Les personnalités de droite qui ambitionnent encore un destin politique, Horacio Rodríguez Larreta, Patricia Bullrich et María Eugenia Vidal (candidate à Buenos Aires), étaient aux abonnés absents. Visiblement, dans cette campagne électorale, ceux-là préfèrent se désolidariser ouvertement de celui qu’ils avaient porté aux nues lorsqu’il était au pouvoir.

L'info est traitée discrètement en haut à droite
"Macri a déposé par écrit et accusé le juge
de vouloir le poursuivre avant l'élection"
En bas : Cristina Kirchner opérée aujourd'hui
(sans urgence médicale mais ça fait cogiter)
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Ainsi lâché en rase campagne, Mauricio Macri semble en pleine dérive morale et idéologique. Non content de se défendre d’une façon assez pitoyable et fort peu crédible, il a donné une nouvelle interview télévisée où il a déclaré espérer trouver un terrain d’entente politique (en vue de la présidentielle de 2023) avec un candidat d’extrême-droite qui se présente aux législatives de mi-mandat et se distingue par son ignoble vulgarité, son machisme et ses insultes permanentes envers tout le monde (un mélange de Trump et de Bolsonaro particulièrement indigeste, pas si loin que cela d’un non-candidat français pétainiste). Voilà qui ne va pas redorer l’image de l’ancien président : les idées (pourtant anti-démocratiques) de Javier Milei ne seraient rien d’autre que « celles que j’ai toujours exprimées », a affirmé Macri devant la caméra.

Et pour couronner le tout, avant d’aller faire son petit parcours de golf, façon « même pas mal ! », Mauricio Macri s’en est pris physiquement à un journaliste de la chaîne de télévision de gauche, C5N, dont il a envoyé valser le micro. Il s’est du même coup mis à dos toute la profession journalistique, qui fait corps contre cette violence à l’égard de l’un des siens, fût-il de gauche (et même kirchneriste). Du coup, les unes de droite sont nettement moins favorables que celles de la semaine dernière. La Prensa y fait même allusion au geste agressif du mis en cause.

"Macri a déposé dans le dossier de l'espionnage
et accusé le juge d'être soumis au gouvernement"
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Le scandale a été si général que Mauricio Macri a dû présenter des excuses, ce qu’il a fait via Twitter, comme d’habitude.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

Sur l’incident avec le journaliste :
lire l’article de Página/12
lire l’article de La Prensa
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación
Sur le rapprochement que Macri espère avec Javier Milei

Ajouts du 11 novembre 2021 :
La défense de Mauricio Macri a sollicité que l’ancien ministre de la Défense soit entendu en tant que témoin à décharge. Pour Página/12, Oscar Aguad n’est pas parvenu à dédouaner son ancien chef. Pour La Nación au contraire, il a apporté au dossier des pièces sur lesquelles la défense va pouvoir s’appuyer et que le quotidien donne dans son intégralité (à télécharger en pdf sur son site Internet). Le premier tour de scrutin pour les élections législatives de mi-mandat, c’est dimanche prochain ! Ceci explique peut-être des interprétations aussi divergentes.
Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12
lire l’article de La Prensa
lire l’article de La Nación


Ajouts du 19 novembre 2021 :
Mauricio Macri a échoué dans ses tentatives de faire démettre le juge du dossier d’instruction le concernant. Il n’obtiendra donc pas que l’affaire soit instruite et jugée au palais de justice fédérale de Buenos Aires, dont bon nombre de magistrats passent pour lui être acquis (et lui sont sans doute eu égard aux efforts qu’il a déployés pour que le dossier soit dépaysé).
Clarín en parle dans son édition papier mais l’article est introuvable sur son site Internet. Il en va de même pour La Prensa.
Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12
lire l’article de La Nación


Ajout du 24 novembre 2021 :
Quand c’est fini, ça recommence : le code de procédure pénale argentin recèle une quantité inimaginable de recours dilatoires pour autant que le justiciable ait beaucoup d’argent pour payer les services de son ou ses avocats. Ainsi Mauricio Macri vient-il de s’adresser à un juge fédéral de Buenos Aires pour que, sa propre démarche ayant été rejetée, il sollicite en sa qualité de magistrat la compétence de son homologue de Dolores (en province de Buenos Aires) en vue de récupérer dans son propre cabinet la partie de l’instruction des écoutes illégales qui concerne l’ex-président. Celui-ci, qui plus est, lance cette nouvelle démarche à son retour du Qatar, voyage dont l’autorisation lui avait été gracieusement accordée par le magistrat de Dolores, celui-là même qui a prononcé contre lui une interdiction de quitter le territoire argentin.
Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12