"Tout un style" fait semblant d'admirer le gros titre Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution |
Hier, Mauricio Macri s’est
finalement présenté devant le juge d’instruction mais il a refusé
de répondre à ses questions (le contraire aurait surpris !).
Il a préféré présenter une défense écrite que Página/12
a examinée et que le quotidien de gauche a trouvée surréaliste :
le mis en cause ne tient même pas compte des éléments de preuve
qui figurent dans le dossier (et auquel l’avocat et son client ont
eu connaissance). Au terme de ces conclusions, l’ancien président
demande un non lieu. Après quoi, il a quitté le tribunal et s’est
rendu dans un golf de Dolores (province de Buenos Aires) pour faire quelques balles, ce qui a
permis à Página/12
d’en faire une une des plus sarcastiques.
L’ex-président était encore
moins accompagné que la semaine dernière : pas même
l’apparence d’une foule d’admirateurs pour le soutenir et
l’acclamer. A leur place, quelques politiques retirés ou qui se
font oublier comme Gabriela Michetti, son ancienne vice-présidente, qui a
totalement disparu du paysage (elle a abandonné la politique), et
son ancien ministre de l’audiovisuel, Hernán Lombardi, nettement
moins discret (surtout pendant le confinement où il s’est
distingué par ses positions irrationnelles qui lui ont valu beaucoup
de moqueries) mais surtout sans aucun mandat ni fonction à cette
heure. Les personnalités de droite qui ambitionnent encore un destin
politique, Horacio Rodríguez Larreta, Patricia Bullrich et María
Eugenia Vidal (candidate à Buenos Aires), étaient aux abonnés
absents. Visiblement, dans cette campagne électorale, ceux-là
préfèrent se désolidariser ouvertement de celui qu’ils avaient
porté aux nues lorsqu’il était au pouvoir.
Ainsi lâché en rase campagne, Mauricio Macri semble en pleine dérive morale et idéologique. Non content de se défendre d’une façon assez pitoyable et fort peu crédible, il a donné une nouvelle interview télévisée où il a déclaré espérer trouver un terrain d’entente politique (en vue de la présidentielle de 2023) avec un candidat d’extrême-droite qui se présente aux législatives de mi-mandat et se distingue par son ignoble vulgarité, son machisme et ses insultes permanentes envers tout le monde (un mélange de Trump et de Bolsonaro particulièrement indigeste, pas si loin que cela d’un non-candidat français pétainiste). Voilà qui ne va pas redorer l’image de l’ancien président : les idées (pourtant anti-démocratiques) de Javier Milei ne seraient rien d’autre que « celles que j’ai toujours exprimées », a affirmé Macri devant la caméra.
Et pour couronner le tout, avant
d’aller faire son petit parcours de golf, façon « même pas
mal ! », Mauricio Macri s’en est pris physiquement à un
journaliste de la chaîne de télévision de gauche, C5N, dont il a
envoyé valser le micro. Il s’est du même coup mis à dos toute la
profession journalistique, qui fait corps contre cette violence à
l’égard de l’un des siens, fût-il de gauche (et même
kirchneriste). Du coup, les unes de droite sont nettement moins
favorables que celles de la semaine dernière. La
Prensa y fait même
allusion au geste agressif du mis en cause.
"Macri a déposé dans le dossier de l'espionnage et accusé le juge d'être soumis au gouvernement" Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Le scandale a été si général que Mauricio Macri a dû présenter des excuses, ce qu’il a fait via Twitter, comme d’habitude.
Pour aller plus loin :
lire l’article principal de Página/12
lire l’article de La Prensa
lire l’article de Clarín
lire l’article de Página/12
lire l’article de La Prensa
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación
Sur le rapprochement que Macri espère avec Javier Milei
Ajouts du 11 novembre 2021 :
La défense de Mauricio Macri a
sollicité que l’ancien ministre de la Défense soit entendu en
tant que témoin à décharge. Pour Página/12, Oscar Aguad
n’est pas parvenu à dédouaner son ancien chef. Pour La Nación
au contraire, il a apporté au dossier des pièces sur lesquelles la
défense va pouvoir s’appuyer et que le quotidien donne dans son
intégralité (à télécharger en pdf sur son site Internet). Le
premier tour de scrutin pour les élections législatives de
mi-mandat, c’est dimanche prochain ! Ceci explique peut-être
des interprétations aussi divergentes.
Pour aller plus loin :
lire l’article
de Página/12
lire l’article
de La Prensa
lire l’article
de La Nación
Ajouts du 19
novembre 2021 :
Mauricio Macri
a échoué dans ses tentatives de faire démettre le juge du dossier
d’instruction le concernant. Il n’obtiendra donc pas que
l’affaire soit instruite et jugée au palais de justice fédérale
de Buenos Aires, dont bon nombre de magistrats passent pour lui être
acquis (et lui sont sans doute eu égard aux efforts qu’il a
déployés pour que le dossier soit dépaysé).
Clarín
en parle dans son édition papier mais l’article est introuvable
sur son site Internet. Il en va de même pour La
Prensa.
Pour aller
plus loin :
lire l’article
de Página/12
lire l’article
de La
Nación
Ajout du 24 novembre 2021 :
Quand
c’est fini, ça recommence : le code de procédure pénale
argentin recèle une quantité inimaginable de recours dilatoires
pour autant que le justiciable ait beaucoup d’argent pour payer les
services de son ou ses avocats. Ainsi Mauricio Macri vient-il de
s’adresser à un juge fédéral de Buenos Aires pour que, sa propre
démarche ayant été rejetée, il sollicite en sa qualité de
magistrat la compétence de son homologue de Dolores (en province de
Buenos Aires) en vue de récupérer dans son propre cabinet la partie
de l’instruction des écoutes illégales qui concerne
l’ex-président. Celui-ci, qui plus est, lance cette nouvelle
démarche à son retour du Qatar, voyage dont l’autorisation lui
avait été gracieusement accordée par le magistrat de Dolores,
celui-là même qui a prononcé contre lui une interdiction de
quitter le territoire argentin.
Pour aller plus loin :
lire l’article
de Página/12