Ce
matin, Página/12
était le seul des quotidiens d’envergure nationale à Buenos Aires
à consacrer deux de ses unes à la Journée internationale des
Droits des Femmes. Et le journal le fait en grand : toute
l’édition de ce jour a été rédigée par des femmes et ces
journalistes (ainsi que les autres salariées du journal) font
aujourd’hui, avec l’accord de la direction, la grève du même
nom, destinée à montrer par l’absence à quel point les femmes
travaillent, produisent et contribuent à la vie de la collectivité.
A midi aujourd’hui, elles
cessent donc de travailler ce qui aura pour conséquence que, demain,
Página/12
ne sortira pas sous sa forme imprimée. Il n’y aura rien dans les
kiosques car le journal sera trop peu développé. Il faudra ouvrir
l’ordinateur pour retrouver une partie de ce regard sur
l’actualité. Voilà qui est dit, écrit et proclamé !
Tout en bas, la publicité d'une banque pour ExpoAgro Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
L’une des unes du jour ouvre
l’ensemble du journal et l’autre est celle de Cultura
& Espectáculos,
le supplément culturel du jour. Cette dimension culturelle, avec les
concerts, les conférences et les spectacles de toutes sortes, est la
seule qui trouve place en une des autres journaux comme La
Prensa qui, au lieu de
voir dans cette journée un temps de réflexion sur une lutte
d’émancipation, la confond avec une vulgaire fête des femmes
(comme il y a une fête des mères ou des amoureux). Clarín
n’en fait même pas mention en première page . Quant à La
Nación, fidèle à sa
tradition de quotidien de la droite qui ne supporte pas la gauche, le
quotidien préfère en profiter pour, comme à son habitude, accuser
le gouvernement : il titre en effet sur les femmes disparues et
pour lesquelles les pouvoirs publics ne se livreraient à aucune
recherche.
Un riche programme culturel pour toute la journée Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution |
Dans ces conditions prévisibles, Página/12 n’allait pas se priver ce matin d’épingler les propos arrogants et provocateurs d’un candidat de droite qui aimerait entrer à la Casa Rosada le 10 décembre prochain : Horacio Rodríguez Larreta, Chef de Gouvernement de la Ville autonome de Buenos Aires (maire), a en effet annoncé hier que s’il était élu, il ferait disparaître le ministère de la condition féminine (ministerio de la Mujer), qui ne fait selon lui qu’ajouter un surcroît de bureaucratie inutile à l’appareil d’État. On voit d’ici dans quelle situation il veut replonger les femmes, comme le fit avant lui Mauricio Macri lors du mandat précédent.
Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12 sur l’actualité culturelle autour de la Journée internationale des Femmes
lire l’article de La Nación sur le thème du jour.