"Ce qui tue c'est l'inflation" dit le gros titre (la présente canicule commence à faire des morts) Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution |
On savait que l’inflation
mensuelle pour le mois de février allait dépasser les 6 % et
c’est ce qu’elle a fait, selon le rapport de l’INDEC,
l’institut national des statistiques, qui la place à 6,6 % en
moyenne générale nationale. Ce qui couvre ce mois-ci des très gros
écarts entre postes et entre régions.
Synthèse générale des données de l'inflation pour le mois de mars 2023 Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Ce qui saute aux yeux, c’est
que l’inflation est très nettement menée en février par
l’alimentation et dans ce poste, c’est surtout la viande qui mène
la danse. Une catastrophe dans un pays où il est de tradition de
manger de la viande, surtout du bœuf, deux fois par jour, au
détriment du reste, en particulier des légumes verts et en hiver,
des fruits.
"La guerre contre l'inflation a échoué avec fracas", dit le gros titre sur cette photo du marchand de quatre saisons Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
En ce début d’année
électorale, le ministère de l’Économie
a reconnu que les chiffres étaient très mauvais et la presse de
droite se gausse de cette guerre déclarée par le président à
l’inflation et visiblement perdue puisque les chiffres de février
font atteindre au pays un taux général de plus de 100 % en
cumul sur douze mois, ce qu’on n’avait pas vu depuis trente ans.
Synthèse des variations dans le temps et l'espace Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Si pour Clarín,
La Nación
ou encore La Prensa,
tout cela montre l’incompétence du gouvernement, pour Página/12,
c’est le résultat d’une combinaison de trois facteurs : la
hausse subite du prix de la viande pendant les vacances d’été, le
non respect par la grande distribution et les industriels de
l’alimentation de l’accord passé avec l’État sur le gel des
prix (plusieurs grandes enseignes ont été épinglées et mises à
l’amende par les pouvoirs publics) et l’effet de la politique du
FMI auprès duquel l’Argentine a contracté il y a six ans une
dette démesurée et pour laquelle l’organisme financier est
beaucoup moins disposé à faire des concessions depuis que
l’inflation frappe partout dans le monde, depuis la reprise de
l’activité après les confinements suivie du déclenchement de la
guerre en Ukraine.
Le fait qu’hier soir, le
président Alberto Fernández ait été pris d’une violente douleur
à l’épaule qui l’a
conduit pour examen dans
une clinique chic de Palermo a ajouté encore à la noirceur du
tableau. Le président en a plein le dos : plus rien ne va ;
dans la majorité ils se
battent tous comme des
chiffonniers ; sa candidature à un second mandat est vouée à
l’échec ; la chaleur excessive cause panne sur panne dans le
réseau de distribution électrique ; l’inflation continue à
grimper
malgré tous les efforts du gouvernement pour l’endiguer ; il
faut chaque jour inventer de nouvelles modalités fiscales et
financières pour ne pas se fâcher à mort avec les secteurs
économiques les plus variés, dans l’agriculture comme dans
l’industrie. Du coup, le pauvre homme souffre d’une hernie
discale (c’est l’horreur, ce truc !) pour laquelle quelques
jours de repos lui ont été prescrits dans la demeure de campagne
présidentielle où il vit toute l’année, à
quelques dizaines de kilomètres de la capitale.
Les variations de l'inflation dans les régions qui composent l'Argentine Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Et les journaux d’opposition se
sont régalés en publiant, souvent à la une, la photo de sa sortie
de clinique la nuit dernière : il y apparaît incontestablement
épuisé. Un seul a fait
exception : La Prensa, qui a préféré une tout autre photo.
"L'inflation de février a été de 6,6% et elle dépassé les 100% pour la première fois depuis 32 ans", dit le gros titre Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Les nouvelles de l’inflation
occupaient ce matin une page à l’intérieur de l’édition papier
de Página/12,
quatre dans celle de
Clarín
en début de journal et quatre
dans La Nación,
qui s’ouvre néanmoins
sur deux pleines pages
consacrées à l’agression
russe contre un drone étatsunien
en Mer Noire, un incident
qui n’est même pas annoncé en une. Comme quoi, il ne faut jamais
s’arrêter à la une.
Dessin paru dans Clarín ce matin Le personnage n'est autre que le ministre de l'Economie, Sergio Massa Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Pour le mois en cours, même si c’est encore tôt au 15 mars, les observateurs parlent déjà d’une inflation de 7 %/mois.
Pour aller plus loin :
lire l’article de La Prensa
lire l’article de Clarín