Ce matin, seul Página/12 se fait l’écho de cette plainte que le Trésor Public argentin (AFIP) vient de déposer contre l’ancien président Mauricio Macri, accusé d’avoir consulté sans raison et en secret, via le système informatique, les dossiers fiscaux de nombreuses personnalités de l’opposition (actuelle majorité présidentielle), ainsi que ceux de personnalités médiatiques et artistiques et de plusieurs frondeurs du camp ultra-libéral qui formait son alliance de gouvernement.
La une est particulièrement travaillée pour attirer l’attention du passant sur les tables des kiosques : comme d'habitude, inventivité graphique et humour.
Nous sommes désormais bien avancés dans la campagne électorale qui va conduire aux élections primaires à la fin août et aux élections présidentielles et législatives au mois d’octobre. Le silence des autres journaux montrent donc clairement qu’il s’agit là d’une manœuvre politique, qu’elle s’appuie ou non sur des preuves valides. L’actuelle majorité, noyée sous le raz-de-marée inflationniste et l’image désastreuse du chef de l’État, a en effet intérêt à créer des soupçons contre son prédécesseur, lui aussi très critiquable sur d’autres thèmes, eu égard à la situation judiciaire déshonorante de la vice-présidente, Cristina Kirchner, déjà condamnée en première instance pour faits de corruption (qu’elle nie fermement) et en cours d’appel.
En effet, malgré son annonce spectaculaire qu’elle ne présenterait sa candidature à rien cette année, Cristina se dessine de plus en plus comme la seule candidate assez forte et charismatique pour rendre à la gauche péroniste quelque espoir de se maintenir au gouvernement en octobre pour les quatre ans qui suivront les élections d’octobre.
Cette opération de diversion, si c’est ce dont il s’agit, n’est donc pas du luxe. Et puis, on ne prête qu’aux riches. Or dans ce domaine, le dossier judiciaire de Macri est chargé à souhait d’affaires toutes plus ignobles les unes que les autres. Un peu plus ne fait par conséquent que maintenir au chaud ce passif dont les magistrats ne l’ont pas encore complètement libéré.
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