"Le désespoir", titre ce matin, non sans ironie, le quotidien de gauche Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution |
Dans le camp péroniste, depuis
de nombreux mois, pour ne pas dire deux bonnes années et demie, la
vice-présidente (et ancienne cheffe d’État) Cristina Kirchner
mène une guerre ouverte contre le président en place, Alberto
Fernández, qu’elle avait pourtant elle-même choisi pour être la
tête du duo de candidats qu’ils formaient il y a quatre ans. Il
est probable que la conjoncture économique désastreuse et ce
spectacle pitoyable auront raison de ce côté-ci du spectre
politique aux prochaines échéances électorales.
La une du même quotidien hier : PRO : l'explosion ne va pas tarder (ils sont devins à la rédaction ?) Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution |
De l’autre côté, comme cela
se présente-t-il ? Aussi mal et c’est peut-être même pire,
quand bien même cela serait impossible à imaginer.
Une de ce matin : "Il y a le feu au macrisme" Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Il y a quelques semaines,
l’ancien président, leader en titre (mais sans doute plus en fait)
de la droite libérale à la Thatcher, Mauricio Macri, a annoncé
qu’il ne présenterait pas sa candidature à l’élection
présidentielle du mois d’octobre prochain. Parce qu’il s’était
rendu compte qu’il « n’avait pas besoin de prendre sa
revanche », avait-il même concédé sans mesurer la vanité de
ses propos. En fait, il s’est pris une râclée électorale
mémorable il y a trois ans et demi et il y a encore quelques
semaines, les sondages lui en promettaient une seconde de la même
envergure. Adepte d’un bouddhisme plutôt frelaté, le type ne doit
pas moins s’en croire arrivé au sommet de la sagesse… Cependant
hier, il a fait l’implacable démonstration du contraire.
En douce et en urgence, il a en effet convoqué en vidéo-conférence les caciques de son parti, le PRO, dont il n’est pourtant plus le chef officiel, en en excluant le ténor le plus présidentiable de l’heure, Horacio Rodríguez Larreta, le chef de Gouvernement, depuis deux mandats, de la Ville Autonome de Buenos Aires, laquelle n’a plus de maire stricto sensu depuis qu’elle s’est dotée d’une constitution pour devenir une entité fédérée de la République Argentine.
C’est que Rodríguez Larreta, en sa qualité de chef de cet exécutif municipal aussi important que celui d’une province, commence à prendre des initiatives qui déplaisent aux durs de son camp, à commencer par la présidente en titre du PRO, l’ultra-droitière (mais à un point que vous n’imaginez même pas en Europe) Patricia Bullrich, qui aimerait bien, entre autres, que les armes soient en vente libre comme aux États-Unis et que les policiers bénéficient d’une présomption de légitime défense à chaque fois qu’ils défouraillent en pleine rue, ce qui leur arrive assez fréquemment malgré les ennuis judiciaires que cela peut leur valoir dans l’état actuel de la législation (raisonnablement sévère) et de la pratique effective des magistrats (nettement plus laxiste).
Cette réunion au sommet mais en
distanciel a permis à Mauricio Macri de menacer son successeur à la
tête de la capitale fédérale d’une sorte d’excommunication
politique en l’absence de l’intéressé (quel courage tout de
même !). Aussitôt, celui-ci s’est empressé de lui dire son
fait, par presse interposée. Charmant tableau qu’il convient de
compléter en mentionnant que Patricia Bullrich vient d’annoncer
qu’elle a choisi un ancien et célèbre gardien de but, à droite
toute, comme candidat à la mairie d’une des villes les moins
prospères de la banlieue sud de Buenos Aires.
La une de lundi : "En chiens de faïence", dit le gros titre C'était bien vu ! Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Bref, un paysage agité, limite saignant, qui n’augure rien de bon pour les élections qui arrivent : primaires générales et obligatoires pour tous les candidats et toutes les formations (PASO) à la fin du mois d’août et 1er tour (présidentiel et législatif, aux niveaux national, provincial et municipal) en octobre. Quant au second tour, il aura lieu dans certains cas puisque beaucoup d’élections sont acquises avec un seul scrutin.
Pour aller plus loin :