mercredi 12 avril 2023

Si la gauche (péroniste) va mal, que dire de la droite ? [Actu]

"Le désespoir", titre ce matin, non sans ironie,
le quotidien de gauche
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Dans le camp péroniste, depuis de nombreux mois, pour ne pas dire deux bonnes années et demie, la vice-présidente (et ancienne cheffe d’État) Cristina Kirchner mène une guerre ouverte contre le président en place, Alberto Fernández, qu’elle avait pourtant elle-même choisi pour être la tête du duo de candidats qu’ils formaient il y a quatre ans. Il est probable que la conjoncture économique désastreuse et ce spectacle pitoyable auront raison de ce côté-ci du spectre politique aux prochaines échéances électorales.

La une du même quotidien hier :
PRO : l'explosion ne va pas tarder
(ils sont devins à la rédaction ?)
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De l’autre côté, comme cela se présente-t-il ? Aussi mal et c’est peut-être même pire, quand bien même cela serait impossible à imaginer.

Une de ce matin : "Il y a le feu au macrisme"
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Il y a quelques semaines, l’ancien président, leader en titre (mais sans doute plus en fait) de la droite libérale à la Thatcher, Mauricio Macri, a annoncé qu’il ne présenterait pas sa candidature à l’élection présidentielle du mois d’octobre prochain. Parce qu’il s’était rendu compte qu’il « n’avait pas besoin de prendre sa revanche », avait-il même concédé sans mesurer la vanité de ses propos. En fait, il s’est pris une râclée électorale mémorable il y a trois ans et demi et il y a encore quelques semaines, les sondages lui en promettaient une seconde de la même envergure. Adepte d’un bouddhisme plutôt frelaté, le type ne doit pas moins s’en croire arrivé au sommet de la sagesse… Cependant hier, il a fait l’implacable démonstration du contraire.

"Maintenant, Larreta dit que la candidature de Jorge Macri
dépend d'une décision de la justice",
dit le gros titre
Larreta espère que Jorge Macri  [cousin de Mauricio] lui succède
à Buenos Aires
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En douce et en urgence, il a en effet convoqué en vidéo-conférence les caciques de son parti, le PRO, dont il n’est pourtant plus le chef officiel, en en excluant le ténor le plus présidentiable de l’heure, Horacio Rodríguez Larreta, le chef de Gouvernement, depuis deux mandats, de la Ville Autonome de Buenos Aires, laquelle n’a plus de maire stricto sensu depuis qu’elle s’est dotée d’une constitution pour devenir une entité fédérée de la République Argentine.

C’est que Rodríguez Larreta, en sa qualité de chef de cet exécutif municipal aussi important que celui d’une province, commence à prendre des initiatives qui déplaisent aux durs de son camp, à commencer par la présidente en titre du PRO, l’ultra-droitière (mais à un point que vous n’imaginez même pas en Europe) Patricia Bullrich, qui aimerait bien, entre autres, que les armes soient en vente libre comme aux États-Unis et que les policiers bénéficient d’une présomption de légitime défense à chaque fois qu’ils défouraillent en pleine rue, ce qui leur arrive assez fréquemment malgré les ennuis judiciaires que cela peut leur valoir dans l’état actuel de la législation (raisonnablement sévère) et de la pratique effective des magistrats (nettement plus laxiste).


En haut de la colonne de droite :
"Macri a réuni le PRO pour critiquer Larreta"
La photo est réservée aux affaires du Club Independiente
un club de foot professionnel de Buenos Aires
dont le président vient de prendre la porte six mois après son élection
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Cette réunion au sommet mais en distanciel a permis à Mauricio Macri de menacer son successeur à la tête de la capitale fédérale d’une sorte d’excommunication politique en l’absence de l’intéressé (quel courage tout de même !). Aussitôt, celui-ci s’est empressé de lui dire son fait, par presse interposée. Charmant tableau qu’il convient de compléter en mentionnant que Patricia Bullrich vient d’annoncer qu’elle a choisi un ancien et célèbre gardien de but, à droite toute, comme candidat à la mairie d’une des villes les moins prospères de la banlieue sud de Buenos Aires.

La une de lundi :
"En chiens de faïence", dit le gros titre
C'était bien vu !
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Bref, un paysage agité, limite saignant, qui n’augure rien de bon pour les élections qui arrivent : primaires générales et obligatoires pour tous les candidats et toutes les formations (PASO) à la fin du mois d’août et 1er tour (présidentiel et législatif, aux niveaux national, provincial et municipal) en octobre. Quant au second tour, il aura lieu dans certains cas puisque beaucoup d’élections sont acquises avec un seul scrutin.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :