vendredi 4 avril 2025

Le Congrès fait enfin son boulot [Actu]

"Par deux tiers, mais contre", dit le gros titre
sur la photo du magistrat qui avait déjà prêté serment
en toute illégalité
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Hier, l’opposition argentine rassemblée au Sénat, droite et gauche confondues, a voté contre la désignation des deux nouveaux juges à la Cour suprême auxquelles le président Javier Mileí avait procédé par décret alors que ce type de nomination doit être proposé par l’exécutif au Sénat qui en débat et qui vote ensuite.

Traitement discret mais l'info est bien en Une:
en haut à gauche, avec la photo de l'autre juge
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Pour ce vote, une majorité des deux tiers s’est manifestée contre les deux juges pressentis, dont un avait déjà prêté serment, en catimini, lors d’une cérémonie à laquelle seuls les autres magistrats de la Cour avaient assisté. En acceptant leur nomination par décret, les deux juges ne pouvaient pas ne pas savoir qu’ils violaient la constitution. Leur maintien dans la magistrature pourrait donc être contestée dans les jours qui viennent.

"Coup dur pour le gouvernement au sénat :
Lijo ne va pas à la Cour
et la situation de García-Mansilla se complique"
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Ont participé à ce résultat Unión por la Patria (la gauche de gouvernement pérono-kirchneriste), le Pro (le parti libéral fondé par Mauricio Macri pour accompagner ses campagnes électorales d’abord à la tête de Buenos Aires puis à la présidence du pays, qui semble avoir désormais renoncé à s’allier à Mileí) et l’UCR (le plus ancien parti argentin, fondé en 1891, qui ne sait plus vraiment où il habite tout en poursuivant désormais systématiquement des politiques résolument de droite).

"Dur revers pour le gouvernement : le sénat
rejette Lijo et García-Mansilla", dit le gros titre
alors que la photo est pour Trump et son cirque
dans la roseraie de la Maison Blanche
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C’est un camouflet d’autant plus cuisant pour Mileí qu’il en avait fait des tonnes autour de ces deux nominations et qu’il se trouvait aux États-Unis, plus précisément à Mar-a-Lago, au moment du vote. Le vote semble priver Mileí d’une cour composée de seulement 5 magistrats et qui aurait sans doute été à sa botte.

Toute la presse en fait ses choux gras ce matin !

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article principal de Página/12
lire l’article de La Prensa
lire l’article principal de Clarín
lire l’article principal de La Nación

jeudi 3 avril 2025

Un discours scandaleux au pied de la statue de San Martín [Actu]

Su mejor alumno, traduit littéralement en anglais ici,
signifie "Son disciple le plus fidèle"
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Hier, 2 avril, comme tous les ans, l’Argentine commémorait l’anniversaire de la guerre des Malouines (1982) et honorait les soldats qui y ont trouvé la mort et les anciens combattants. Traditionnellement, le chef de l’État choisit cette date pour rappeler dans son discours d’hommage les revendications nationales sur l’archipel, dont il faut rappeler qu’il a été pris par la force et par surprise par un raid de la Royal Navy en 1833, sans déclaration de guerre, à une époque où il était inconcevable de lancer sans cet acte juridique des hostilités contre un pays où l’agresseur disposait d’une représentation diplomatique.

"Le mieux serait que les insulaires votent
comme les autres Argentins", dit le gros titre
en blanc sur fond bleu
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En somme, l’Argentine n’a jamais cessé de définir ce qu’il s’est passé en 1833 comme nous voyons aujourd’hui ce qu’il s’est passé en Crimée en 2014 ! Certes, les événements de 1833 n’étaient pas une raison en 1982 pour déchaîner des opérations militaires surprises contre ces îles pastorales mais l’Argentine se trouvait alors sous la coupe d’un dictateur qui perdait du terrain et qui a cherché par cette guerre à redorer son blason en récupérant un archipel qui figure sur les cartes de géographie officielles, notamment dans toutes les écoles, comme partie intégrante du territoire national argentin.

Hier, Mileí, entouré de sa garde d’honneur, a donc prononcé un discours sur Plaza San Martín. Une immense place à laquelle pour la première fois depuis le retour à la démocratie il y a 39 ans le public n’avait pas accès. Ni le public général ni même les anciens combattants. Discours donné donc dans un lieu public, en petit comité et devant les caméras de télévision. On a vite compris la raison de cette disposition si inhabituelle : dans des propos scandaleux au regard de la Constitution et de l’opinion généralement admise dans le pays, Mileí a délibérément abandonné la revendication territoriale et appelé de ses vœux le moment où les habitants des Malouines, citoyens britanniques que le droit argentin considère comme des occupants, les kelpers, et que Mileí appelle les Malvinenses, désireraient devenir argentins puisque le pays serait devenu une grande puissance attirante, une transformation qui n’est pas prêt de se réaliser mais que Mileí utilise pour justifier son injustifiable politique de destruction de l’État argentin.

En haut à droite : "Virage politique de Mileí
sur les Malouines, avec un clin d'oeil aux insulaires"
dit le titre
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Página/12 en conclut qu’il est le plus fidèle disciple de Thatcher, ce qui est une insulte en Argentine, surtout le 2 avril, mais on peut ne pas être d’accord. Il semble que ce que Mileí imite là, ce sont d’abord et avant tout de manière beaucoup plus contemporaine les délires mégalomaniaques et l’ignorance crasse de l’histoire et du droit de son copain, Donald Trump, dont le président argentin est aller aujourd’hui quémander la bénédiction et des sous, à Mar-a-Lago. Des fois que Trump, en pesant de tout son poids sur le FMI, pourrait lui en faire verser.

"Mileí a lancé une polémique au sujet des insulaires
des Malouines"
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Le discours n’a pas seulement choqué à gauche. Il a aussi choqué à droite même si le cirque d’hier dans la roseraie de la Maison Blanche a offert un agréable dérivatif à Clarín et à La Nación qui ont donc ainsi pu éviter d’en faire leur gros titre à la Une.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire l’article principal de Página/12
lire l’article de La Prensa
lire l’article principal de Clarín
lire l’article principal de La Nación