lundi 9 août 2010

Arte s'arrête tous les soirs de cette semaine vingt minutes à Buenos Aires [ici]

La chaîne franco-allemande Arte démarre ce soir une émission d'été intitulée Prochain arrêt : cinq épisodes documentaires par semaine sur une seule et même ville et la chaîne nous en fera visiter quatre différentes jusqu'à la rentrée, tous les soirs de 19h30 à 19h50, après le journal, avec rediffusion le lendemain à 12h20. La série commence avec la destination la plus lointaine :  Buenos Aires toute cette semaine.

L'idée est originale et vaut d'être soutenue : l'animatrice racontait ce matin sur France Inter qu'il s'agissait de montrer que, contrairement à ce qu'organisent la plupart des agences touristiques, on peut passer plusieurs semaines à Buenos Aires en découvrant des tas de choses plus intéressantes les unes que les autres. Dit comme ça, l'émission s'annonce meilleure (1) que le reportage creux que la même chaîne a consacré il y a une dizaine de jours à Mar del Plata (et dont je vous parlais dans mon article annonçant le reportage tango sur le dernier Envoyé Spécial de cette année, voir mon article du 29 juillet sur cette émission du service public nourrie au cliché).

Le site d'Arte annonce une émission qui nous fera visiter l'opéra de Buenos Aires, le Teatro Colón (2), qui vient d'être réouvert après plus de trois ans de travaux de rénovation, un passage par la Place de Mai (Plaza de Mayo), une promenade dans le quartier de Palermo sur les traces de Jorge Luis Borges... Pas un mot dans cette courte présentation sur le tango. Je ne sais s'il faut s'en réjouir (on va enfin échapper aux clichés) ou s'il faudra le regretter (le documentaire ne laissera pas sa place au tango, croyant à tort avoir justement affaire à un cliché, ce que les lecteurs de ce blog savent que le tango n'est décidément pas). Donner sa juste place au tango semble donc bien difficile pour les médias français (et peut-être aussi les médias francophones plus généralement) comme on le voit avec cette cascade de mentions presque toutes ratées dans des émissions qui avaient toutes les moyens d'atteindre leur objectif d'information fiable.

Pour ma part, je suis trop proche de mon départ pour Buenos Aires pour trouver le temps de regarder l'émission ce soir et demain. Je l'annonce donc avec les précautions et les réserves d'usage dès qu'il s'agit de l'Argentine de ce côté-ci de l'Atlantique.

Pour en savoir plus (peut-être), consulter le programme d'Arte sur le site de la chaîne.

(1) A l'intention des personnes qui cherchent sur Google : le Teatro Colón porte le nom de Christophe Colomb, en espagnol Cristobal Colón. Inutile donc de le chercher sous l'ortographe Théâtre Colonne. Certes il existe en France un orchestre Colonne, dirigé par l'académicien Laurent Petitgirard, mais c'est différent.
(2) Petite alerte ce matin au cours de l'interview de la présentatrice sur France Inter : d'ordinaire, cette dame présente de la musique classique, ce n'est donc pas le métier de faire des émissions de tourisme. Elle a montré une singulière confusion, dûe peut-être au trac de l'intervention ultra-matinale en direct et par téléphone (c'est dur, ça ! surtout pendant les vacances, un lundi du mois d'août), en parlant à deux reprises de sa rencontre avec la présidente de "la Place des Folles de Mai". Elle voulait bien sûr se référer à l'Association des Mères de la Place de Mai (Madres de Plaza de Mayo), dont elle a rencontré la présidente, Hebe de Bonafidi, dans le cadre de l'Université Populaire que l'association a fondée à Palermo. En plus de l'interversion des termes qui pourrait révéler peu de familiarité avec ce dont elle parle (encore qu'il peut tout simplement s'agir de l'effet déstabilisant du trac -par ailleurs, elle a très bien décrit l'objectif poursuivi aujourd'hui par l'Association), elle a employé une expression dont je vais répéter ici qu'il ne faut JAMAIS, JAMAIS, JAMAIS y recourir, même si nos medias ne s'en privaient pas pendant la Dictature : "Locas de Plaza de Mayo" est une insulte donnée par la Junte à ces femmes qui se ressemblaient sous les fenêtres du palais présidentiel pour contester leur politique. Il ne faut pas la traduire pour la leur appliquer.
Locas, dans ce contexte très particulier, et à Buenos Aires, cela ne vaut pas dire folles, cela vaut dire putes.
Ce n'est donc un hommage ni au courage ni à la témérité de ces femmes. C'est une flétrissure sur leur honneur pour les disqualifier devant l'opinion publique argentine de cette époque-là. Et ça n'a pas marché, parce que les Argentins ne sont pas plus imbéciles que n'importe qui d'autre sur terre. Sur l'action aujourd'hui de Madres de Plaza de Mayo, cliquez sur le raccourci Justice et Droits de l'Homme dans la partie haute de la Colonne de droite de ce blog (vous accéderez ainsi à l'ensemble des articles parus en français, dans Barrio de Tango, sur ce sujet toujours très douloureux).