jeudi 5 août 2010

Tango íntimos à Datil en août [à l’affiche]

Tango íntimos est une série de concerts qui aura lieu tous les samedis d’août 2010 à 21h, à Datil, un restaurant situé rue El Salvador 4607, dans cette partie du quartier de Palermo que les Portègnes ont baptisée Soho pour son ambition de ressembler à Londres…

Samedi 7 : le pianiste et compositeur José Colángelo, qui présentera son disque, sorti en avril de cette année, Clásicos, avec la chanteuse Gabriela Rey qui, elle aussi, est en pleine promotion de son propre disque, Sensual y tanguera, dont la direction musicale et les arrangements sont du Maestro Colángelo (il sera lui-même au Festival de Tango de Buenos Aires, voir mon article de ce jour à ce propos).

Samedi 14 : le chanteur Ariel Ardit (lui aussi invité du Festival) et le pianiste et compositeur Andrés Linetzky, tous les deux transfuges de l’orchestre El Arranque

Samedi 21 : le chanteur Carlos Morel, qui a commencé sa carrière en 1978 dans l’orchestre de Eduardo del Piano et dont je ne crois pas avoir encore parlé dans ce blog (voir son site Internet)

Samedi 28 : la chanteuse Noelia Moncada, qui a remplacé Ariel Ardit dans l’orchestre El Arranque. Noelia Moncada dispose d’un site Internet dont le lien se trouve dans la Colonne de droite de ce blog, dans la partie basse, rubrique Grillons, zorzales et autres cigales. Noelia Moncada présente actuellement le contenu de son prochain disque solo.

En septembre, les artistes seront Andrés Linetzky, Ariel Ardit et José Colángelo à nouveau et la chanteuse Roxana Fontán, elle aussi habituée de Porteño y Bailarín.

Datil est un restaurant de gastronomie juive. Il est dirigé par Patricia Alfie, qui est aux fourneaux. C’est elle, semble-t-il, qui a confié ou laissé à Carlos Stasi (1) le soin d’organiser et de programmer cette série de soirées, exemptes de prise de risque artistique inconsidérée (ils n’ont pas invité Juan Vattuone ou El Chino Laborde, qui sont capables de tirer sur tout ce qui bouge. Les artistes invités sont des gens qui savent toujours très bien se tenir…).

Dans son établissement, la chef propose un service traiteur mêlant, si j’en crois les photos de son site, traditions ashkénazes et sépharades, un service restaurant dans un très bel espace qui semble aménagé avec un goût précieux (très en phase avec le quartier) et des cours de cuisine et de pâtisserie pour retrouver des traditions ou savoir recevoir à la palermienne (pastelería para la hora del té) (2). Il est possible d’en savoir plus en visitant son site qui affiche une démarche marketing très influencée par un certain snobisme grastronomico-culinaire européen (elle aurait fait ses classes dans une école hôtelière française, milanaise, barcelonaise ou londonienne, qu’elle ne parlerait pas autrement). On est à des milliers de kilomètres de l’ambiance naturelle, franche et sans façon à quoi l’on reconnaît l’authentique culture portègne et que l’on retrouve à Buenos Aires dans des établissements de toute catégorie (3)… Cette authentique culture portègne, on la vit dans des confiterías au décor très soigné et même plutôt chargé, avec personnel de salle en grande tenue comme Las Violetas (Rivadavia y Medrano, à Almagro) ou les grands cafés que sont la Esquina Homero Manzi (San Juan y Boedo, à Boedo) ou le Tortoni (Avenida de Mayo 835, à Monserrat). On la trouve aussi dans les restaurants de quartier qui servent la pizza et les grillades comme Recuerdo, la Esquina Osvaldo Puglise (Boedo y Carlos Calvo, à Boedo), le Plaza Dorrego (Defensa 1098, à San Telmo), El Obrero (Agustín R. Caffarena 64, à La Boca) ou Lalo de Buenos Aires (Montevideo 353, à San Nicolás, à deux pas des théâtres Président Alvear et San Martín). Le reste est imitation de cette Grande-Bretagne victorienne et édouardienne qui, elle-même, imitait ou imite toujours un certain Paris des beaux salons, dont je ne suis pas sûre qu’il ait jamais réellement existé…

(1) Carlos Stasi est le co-fondateur et co-directeur de la milonga Porteño y Bailarín, Riobamba 345 à Balvanera. Les artistes invités à Datil sont aussi ceux qui se produisent souvent à sa milonga.
(2) Le teatime est une coutume anglaise qui s’est fort acclimatée dans la bonne société argentine au 19ème siècle dans ces quartiers nord et chics de la capitale. La coutume argentine, quant à elle, est la merienda (collation surabondante que l’on prend vers 18h ou 19h) et la rueda del mate (la tournée du mate), qu’on se passe de main en main et qui peut tenir le rôle que tient l’apéritif dans le Midi de la France.
(3) Nul n’est obligé de s’en tenir aux boui-bouis minables pour goûter cette ambiance. A Buenos Aires (comme dans beaucoup d’autres villes du monde), populaire ne rime pas avec vulgaire.