Cette année, le festival de tango de Buenos Aires n'a pas lieu comme les années précédentes dans l'ancien grand magasin Harrods, du haut de la rue Florida, qui a changé de propriétaire récemment. Le nouveau ne veut pas entendre parler de quartier général de la manifestation dans ses vénérables murs toujours aussi vides. Il a donc fallu que la direction du festival se retourne et trouve, à l'improviste, un autre bâtiment désaffecté capable d'accueillir le festival.
Elle a choisi un vieux siège social d'une banque aujourd'hui disparue, à deux pas de la Plaza de Mayo (admirablement situé pour la touriste que je suis, à 15 mn à pied du lieu où je réside mais pour les habitants du quartier de Saavedra ou de Versalles à l'autre bout de la ville, c'est une autre paire de manches).
Hélas, le site est très mal adapté et surtout beaucoup, beaucoup trop petit. La milonga est installée directement dans l'entrée, il faut donc se glisser comme on peut entre la piste et le comptoir d'accueil (qui vous propose d'horribles T-shirts siglés à 55 pesos pièce) pour accéder au reste des installations (pas très commode, et surtout très désagréable que de devoir jouer des coudes parmi les spectateurs entourant la piste comme aux heures de pointe dans le métro).
Dans les étages, une minuscule salle de conférence, où j'ai pu assister à une passionnante table-ronde de collectionneurs de disques, animée elle-même par un collectionneur de grand talent, Gabriel Soria. Une toute aussi minuscule salle de cours de danse, de l'autre côté de l'étage.
Mais tout à l'heure à 17h, j'ai voulu aller au concert que la chanteuse Maria José Mentana partageait avec un goupe de tango nuevo, Vice Versa. Etrange idée que de mêler ces deux groupes en une même heure, d'ailleurs, puisqu'ils intéressent des publics presque opposés. Mais, ô surprise, voilà que, pour une raison que j'ignore (des impératifs de sécurité, peut-être ?) on a vidé la salle de concert de la moitié de ses sièges Il ne reste plus que 8 rangées de 16 chaises. Inutile de vous dire que dans de telles conditions, très peu de public peut s'asseoir et très peu assiste donc à l'intégralié des concerts.
J'ai pris quelques photos. Ce seront les dernières que je vous rapporterai d'un festival où les discours convenus ("quelle joie de voir, dans cette magnifique ville qui est la plus belle du monde, tant de gens de tous âges se presser pour assister aux concerts gratuits si nombreux du festival de tango" etc.) ont bien du mal à masquer la réalité d'un malaise et d'un mécontentement de plus en plus visible dans le public et la perplexité des touristes que le Gouvernement actuel de la Ville autonome de Buenos Aires dit vouloir attirer ici. Les attirer ici, pourquoi pas ? A condition que ça ne se fasse pas au détriment des habitants. Et puis encore faut-il qu'ils puissent s'asseoir pour écouter concerts et conférences, non ?
Bizarre, bizarre, vous avez dit bizarre ?