Hier,
malgré le caractère férié du Jour de
l'An, Mauricio Macri, le chef du gouvernement de la Ville Autonome de
Buenos Aires, a annoncé les grandes perspectives de l'année
2013 pour sa gestion de la ville de Buenos Aires et c'est
renversant...
Il a
confirmé le remplacement des actuelles voitures historiques de
la ligne A, datant d'avant la première guerre mondiale, par des wagons chinois (voir mes articles du 27 décembre
et du 30 décembre 2012 à ce sujet), qu'il opère,
au détriment de ses administrés, en faisant fermer la
ligne sans doute tout l'été, ce qui va congestionner
une des principales artères urbaines pendant la pleine saison
touristique, flanquer en l'air les activités culturelles qui
s'efforcent de continuer pendant l'été, et va faire
grimper le taux de pollution déjà poussé à
son maximum par les fortes chaleurs estivales... Il a aussi annoncé
que le prix du ticket de métro allait augmenter dans des
proportions affolantes, pour compenser la perte des subventions que
jusqu'à la passation de responsabilité du niveau
national au niveau municipal les pouvoirs publics nationaux
accordaient au métro de la capitale.
De
2011 à 2012, le billet est déjà passé de
1,1 $ l'unité à 2,5 $. En 2013, sans doute à la
rentrée générale de mars, il est question d'en
faire passer le prix à 3,40 $ et Mauricio Macri a même
annoncé une probabilité de 6 $. Car il n'envisage pas un
seul instant de remplacer la subvention nationale par des fonds de la
Ville, alors que les impôts ne cessent d'augmenter depuis qu'il
est le chef du gouvernement portègne et que depuis lors ni les
hôpitaux, ni les écoles ne sont plus chauffés en
hiver, pour ne signaler que ce dysfonctionnement au milieu de
beaucoup d'autres dont je vous entretiens à longueur d'année.
A se demander où passe l'argent du contribuable.
A la
Legislatura, l'opposition a une explication à cette série
de mesures absurdes : Mauricio Macri veut faire du métro
portègne une affaire rentable, commerciale, qui dégage
du profit, comme tout ce qu'il touche en sa qualité d'homme
d'affaires, qu'il confond de plus en plus avec celle de mandataire
politique élu. Il ne considère pas le service de
transport comme un service public, appartenant par définition
au secteur non marchand, mais en fait un business comme un autre.
Depuis quelques temps déjà, il fait ainsi développer
dans Buenos Aires, au profit de sociétés
concessionnaires qui ont pour objectif de dégager du bénéfice
pour leurs actionnaires, des lignes de bus privées, à
tarification spécifique, avec nombre de passagers limités
(on n'y voyage pas debout) et couloir prioritaire ou réservé
sur tout ou partie du parcours, avec des machinistes qui ne
bénéficient pas du même statut contractuel que
leurs collègues travaillant dans ce qui reste le service public. Pour le
citoyen lambda qui vit tous les jours à Buenos Aires et qui a
besoin de se déplacer tout le temps pour se rendre à son
travail, faire ses courses, aller au collège, sortir le soir
etc. ces bus se révèlent hors de prix et renforcent la
fracture sociale endémique dont souffre la ville depuis sa
fondation au lieu de contribuer à la résorber grâce
à la redistribution par l'investissement public et l'impôt.
Rappelons
pour mémoire que dans la capitale argentine, 6 $, c'est le
prix (très cher) d'un simple casse-croûte quotidien que
vous achèteriez dans une confitería de luxe, une
empanada de carne mais dans les beaux quartiers. Pour un prix
nettement inférieur (entre 4 et 5 pesos), vous en avez trois
au supermarché Coto du coin (les supérettes indépendantes n'offrent
pas ce type de produit alimentaire). Imaginez le prix du ticket de
métro à la hauteur de celui du jambon-beurre en France
avec un jambon de charcutier tranché main !
Pour
aller plus loin :
lire
l'article de Página/12 (hostile à la politique de
Macri)
lire
l'article de Página/12 sur les positions de l'opposition à
la Legislatura
lire
l'article de Todo Noticias (TN), groupe Clarín, plus favorable à
la politique de Macri par opposition à la ligne du
gouvernement national.
Voyant
la très vilaine tournure qu'est en train de prendre cette
affaire, avec l'affirmation de Macri de moins en moins dissimulée d'adopter des positions ultra-clivantes frôlant le déni
de démocratie et la volonté de saboter ouvertement la
politique suivie au niveau national (par une majorité élue
et bien élue, en octobre 2011), qui viennent s'ajouter à un lourd passif judiciaire pour obstructions multiples au bon respect de la constitution de la Ville Autonome, je crée aujourd'hui le
mot-clé subte (métro) dans le bloc Pour chercher, para buscar, to
search, sous le titre d'article, pour rassembler toutes mes entrées
portant sur le métro et sa gestion...