mardi 29 janvier 2013

Leve de Koningin! o Lo que saldrá... Después [Actu]



Au creux des grandes vacances, la nouvelle a intéressé une partie (une partie seulement) de l'Argentine : le 30 avril prochain, immédiatement après l'abdication de la reine Beatrix, qui deviendra dès lors la princesse Beatrix, l'actuel Prince d'Orange deviendra roi des Pays-Bas et par conséquent son épouse, la princesse Máxima (les Néerlandais ont conservé l'accent espagnol sur le a de son prénom, eux !) deviendra reine consort. C'est ainsi que pour la première fois, une Argentine va accéder au prédicat de Majesté royale et ce, dans un pays fondateur de l'Union Européenne. C'est peu dire que la perspective flatte l'Argentin béat d'admiration devant notre vieille Europe.

Tandis que la presse des Pays-Bas s'intéresse surtout aujourd'hui à la Reine elle-même -c'est la moindre des choses après 33 ans de bons et loyaux services-, la presse argentine, y compris Página/12, se penche sur celle dont on attendait l'avènement depuis février 2002, date de son mariage.

Tandis qu'en une, Clarín (1) nous la joue convenue et terriblement nunuche, avec un ton et un contenu digne d'une midinette de 16 ans, La Nación consacre à la princesse héritière des Pays-Bas un véritable dossier d'une tenue convenable (en une aussi) pendant que Página/12 relègue l'info au fin fond de ses pages intérieures, en rappelant d'une manière assez insistante les liens familiaux de la dame avec la Junte militaire des années 1976-1983 (on s'en souvient, Jorge Zorreguieta, son père, fut un ministre de l'Agriculture de la Dictature, à l'heure où ce portefeuille était tenu de fait par la Sociedad Rural, dont il avait été l'un des principaux dignitaires, ce qui le rend passablement antipathique aux yeux des militants des droits de l'homme et de la gauche dans son ensemble).
La dépêche de l'agence nationale Télam est encore ce qu'on fait de plus objectif sur cette nouvelle...

Quelque soit le ton de la presse argentine ce matin sur la question, il est bon de rappeler que la princesse a su se faire aimer de ses concitoyens néerlandais, qu'elle a accepté de réserver à la plus stricte intimité ses relations avec ses parents et qu'elle a fait oublier à la majorité de ses compatriotes cette sulfureuse ascendance dans un pays qui, de son côté, voit lui-même fondre comme un glacier au soleil une bonne part de son ancienne et légendaire tolérance politico-culturelle que le reste de l'Europe admirait tant...

Ayant reçu l'éducation typique d'une fille de la Rural, c'est-à-dire de la plus haute société argentine, la princesse Máxima a fréquenté à Buenos Aires des écoles huppées (privées, cela va sans dire) où elle a été notamment éduquée en anglais dès son âge tendre. Elle semble d'ailleurs en conserver un soupçon de brits accent lorsqu'elle s'exprime en néerlandais, ce qu'elle fait avec beaucoup d'aisance. J'ai tenu à aller ce matin vérifier ce qu'il en était sur Internet et, pour dire la vérité, elle est tout à fait bluffante ! Elle est issue d'un cursus de l'Université Catholique de Buenos Aires (une citadelle de la société patricienne, à Puerto Madero) et s'est mariée dans l'église protestante lors d'une cérémonie tintée d'œcuménisme. Or, si je me souviens bien de ce qu'avait dit le pasteur pendant la cérémonie, l'église des Pays-Bas avait tenu à ce qu'elle garde son obédience catholique, puisque par ailleurs elle acceptait que ses enfants soient éduqués dans la religion réformée.

L'investiture (c'est le terme officiel) du roi Willem-Alexander aura lieu le mardi 30 avril, actuelle Fête de la Reine (Koninginnedaag). On peut être à peu près sûr que bon nombre d'Argentins ce jour-là jetteront un coup d'œil appuyé à leur téléviseur. Pour l'heure, la princesse rend visite à la Marine royale dans le cadre de ses activités officielles avec un agenda bien rempli toute cette semaine, tandis que son mari gère sa succession sur ses différentes missions de prince héritier, qu'il ne pourra plus exercer d'ici quelques semaines et que sa fille aînée ne pourra pas exercer non plus (elle est toute petite).


Et pour comprendre le sens des termes espagnols qui font le titre de cet article, je vous suggère d'aller écouter sur Todotango cet enregistrement -vous allez reconnaître tout de suite le morceau- de Lo que vendrá (ce qu'on peut traduire soit en "Ce qui nous attend", soit en "Ce qui pourrait bien nous tomber dessus") d'un certain Astor Piazzolla (compositeur qui accompagna la cérémonie nuptiale de Nieuwe Kerk en février 2002, avec Karel Kraaienhoff au bandonéon) et Después ("Plus tard"), de Hugo Gutiérrez et Homero Manzi (ici chanté, l'année dernière, par Raúl Lavié accompagné par le Sexteto Mayor, ¡versión de lujo!)
Quant au début du titre, vous aviez deviné le sens avant que je traduise quoi que ce soit. Vive la reine bien sûr (j'ai quelques fidèles lecteurs aux Pays-Bas et en Flandre belge. Un grand merci à eux pour leurs visites fréquentes sur Barrio de Tango).

Pour plus d'infos :
connectez-vous au site Internet officiel trilingue (néerlandais, anglais, allemand) de la Maison Royale des Pays-Bas, où vous trouverez plein de trucs, dont des documents d'archive sur les thèmes historiques, patrimoniaux et culturels les plus variés et des vidéos téléchargeables gratuitement et systématiquement sous-titrées (2) en néerlandais pour malentendants (ce qui en fait un outil superbe pour ceux qui veulent améliorer leur maîtrise de la langue. Qu'attend-on en France pour faire de même avec nos documents audio officiels pour promouvoir la francophonie ?)

(1) Vous aurez remarqué sur la une un gros titre sur les augmentations des planchers pour les pensions de retraite et le revenu imposable. Surprenante sobriété venant de ce titre à un moment où toute l'opposition voit dans l'annonce faite hier par la Présidente le coup d'envoi de la campagne électorale pour les législatives du printemps prochain. Mais ceci dit, c'est l'époque de ce genre d'annonce, la seule différence avec les années précédentes résidant dans l'annonce d'un relèvement du revenu minimum imposable, une concession non négligeable à une revendication syndicale de longue date dans le cadre des négociations paritaires annuelles en cours sur le montant du salaire minimum.
(2) Sauf pour la vidéo du discours d'hier. Le webmaster n'a pas dû avoir encore le temps d'intégrer les sous-titres ou alors il était trop pressé de mettre le document en ligne.