Pour
son dixième anniversaire, le Mouvement Culturel Canyengue (1)
Argentin, MoCCA pour les intimes, propose la semaine prochaine, de
lundi à jeudi, à Buenos Aires une série
d'ateliers et de cours intensifs pour aborder les différents
aspects, techniques et esthétiques, du tango canyengue dans
son expression dansée.
A l'attention
à nos amateurs francophones, je ne répéterai
jamais assez : le style canyengue ne se limite pas à la danse.
Il concerne aussi la musique. Il concerne même aussi dans une
bonne mesure une partie de la poésie du tango. Il est bon de
le dire et de le redire quand, avec l'appui de medias très
moutonniers comme d'habitude quand il s'agit de l'Argentine, un
spectacle hyper-commercial, à gros budget et au marketing
particulièrement bien huilé, cherche à nous
faire croire le contraire actuellement aux Folies Bergère (à
Paris) : le tango n'est pas une danse. C'est un système
culturel complet. La danse séparée de son contexte ne sera
jamais qu'une triste mascarade.
Toutes
les activités se passent dans le quartier de Monserrat et sont
répartis sur deux lieux, rue Junín et avenue Rivadavia
(sur le parcours de la ligne A du métro dont vous savez
qu'elle est fermée, si vous avez visité ce blog pendant
ce mois de janvier).
Pour
vous inscrire, à condition bien sûr de vous trouver
actuellement à Buenos Aires (ça va, la canicule ?
Vous êtes toujours vivants ?), vous disposez d'un numéro
de téléphone portable sur l'affiche...
Jolie
manifestation en perspective, à condition toutefois d'y
participer avec humilité. Vous verrez sur le site Internet les
professeurs vous dirent que c'est un style facile à danser.
C'est vrai... pour les Argentins dont c'est la manière de
vivre au quotidien. C'est beaucoup moins vrai pour les Européens
qui ont à faire d'abord l'effort d'un déplacement
culturel, sans quoi on n'obtient qu'un seul résultat : un
mélange de ridicule et d'insondable vulgarité. Mais enfin, l'humilité n'est-elle pas la condition sine qua non d'un apprentissage efficace quelle que soit la discipline ? (2)
Pour
en savoir plus :
connectez-vous
au site Internet de l'association.
(1)
Pour tous ces termes pratiquement intraduisibles et propres à
des réalités culturelles argentines, voir la rubrique
Trousse lexicale d'urgence dans la partie médiane de la
Colonne de droite.
(2)
Il y a deux ans, j'ai trouvé dans un mensuel de tango danse à
Buenos Aires un article d'un professeur argentin exerçant sur
place et qui faisait le portrait de toutes ces attitudes qui gâchent
de plus en plus les cours et les milongas à Buenos Aires et
qu'y apportent les danseurs touristes venus le plus souvent de
l'hémisphère nord et qui se comportent là-bas
comme en pays conquis. Et croyez-moi, étant donné la
place des étrangers dans le chiffre d'affaires d'un prof de
tango danse à Buenos Aires, il faut être sérieusement
excédé pour écrire un article aussi sévère
dans une revue spécialisée ! Et c'est aussi un peu
la faute de tous ces spectacles de tango for export qui polluent
l'image du genre un peu partout en Europe, en Asie et en Amérique
anglosaxonne.