En
Argentine comme dans le reste de l'Amérique du Sud, les
cadeaux continuent d'être offerts aux enfants au jour de
l'Epiphanie et ce sont les trois Rois Mages qui sont censés
les distribuer aux enfants sages (à ce propos, vous pouvez
vous reporter à mon article du 5 janvier 2009 sur le tragique
tango Noche de Reyes -nuit d'Epiphanie en français- et la milonga Papá Baltazar, beaucoup plus douce, qui traite de ce sujet avec toute
la fantaisie et l'engagement social du poète Homero Manzi)
(1). En Espagne, peu à peu, la coutume s'installe de donner
les cadeaux le jour de Noël comme dans la majorité des
autres pays d'Europe car le lendemain, l'école reprend et
l'attente est trop longue pour les enfants et le temps laissé
pour profiter des nouveaux jouets trop réduit...
En
Argentine au contraire, on peut faire patienter les bambins jusqu'au
6 janvier (2), les grandes vacances commencent à peine. Ils
auront tout le temps de profiter de leurs cadeaux jusqu'à la
rentrée des classes, fixée traditionnellement au 1er
mars. Or donc les enfants ont écrit des lettres à
l'un ou l'autre des Rois Mages, parfois aux trois (on n'est jamais
assez prudent) et le 6 janvier tombant cette année un
dimanche, c'est tout le week-end qui se transforme en fête avec
défilés, déguisements, distribution de
friandises et tout ce qu'il faut pour amuser les petits en attendant
le réveil demain matin, avec la découverte au pied du
sapin des souliers mystérieusement chargés pendant la
nuit.
Daniel
Paz et Rudy profitent de l'occasion pour croquer leur vision de la
crise européenne. Le dessin est drôle mais il est aussi
très cruel (pour nous en tout cas) et comme vous le voyez, les
deux complices ont vite fait d'identifier de loin le coupable de la
crise, comme le font par ailleurs tous leurs collègues de la
rédaction de Página/12. Ils n'y vont pas par quatre
chemins : c'est bien à l'Allemagne d'Angela Merkel que
profiterait la politique de restriction budgétaire, sans plus
de nuances... Mettez l'Argentine de 2001 à la place de la
Grèce et les Etats-Unis à la place de l'Allemagne, et
vous comprenez pourquoi ce matin leur humour est si caustique et si
peu bon enfant contrairement à ce que l'on aurait attendu
d'eux en cette veille de fête.
Le
journaliste : La rigueur continue pendant la fête des Rois ?
Le
représentant de l'Union Européenne : Oui. Tout ce que
les enfants grecs ont pu demander sera offert aux enfants allemands.
(Traduction
Denise Anne Clavilier)
Ce
n'est pas tout à fait exact et cela renvoie les Européens aux horreurs de l'occupation pendant la seconde guerre mondiale plus qu'à la réalité actuelle, mais ça fait réfléchir,
non ?
(1)
Papá Baltazar fait partie de Barrio de Tango, recueil bilingue
de tangos argentins, Editions du Jasmin, où il figure, en
texte original et en traduction, à la page 114. Noche de Reyes
est aussi présenté à la page 36.
(2)
En France et en Belgique, l'Epiphanie a été reportée
du 6 janvier au premier dimanche suivant le Jour de l'An. Dans les
pays hispanophones et en Italie, c'est l'Ascension qui a été
déplacée du traditionnel jeudi situé quarante
jours après Pâques (conformément à la
symbolique numérique des Ecritures) au dimanche suivant, qui
reste en pays francophones et ailleurs le septième dimanche de
Pâques, tout juste une semaine avant la Pentecôte. Comme
quoi, l'Eglise catholique est beaucoup moins monolithique qu'on veut
bien le dire...