mardi 10 juillet 2018

Un 9 Juillet qui ne s'en laisse pas conter [Actu]

Le Palais et la rue, dit le gros titre
En haut, on voit que Macri a revêtu les attributs de sa charge
Il a ici l'écharpe.
A d'autres moments de la matinée, on voit qu'il portait aussi le bastón de mando

Comme on pouvait le penser, la manifestation patriotique contre le recours au financement par le FMI, c'est-à-dire contre un nouvel engagement dans le surendettement du pays, qui l'a, la dernière fois, conduit à la catastrophe pour tout le monde et surtout les plus modestes, a rencontré un franc succès. La Avenida del 9 de Julio était noire de monde.

Pas d'image (sauf celle du coach national, Sampaoli) mais un gros titre :
"Macri a admis pour la première fois ds erreur dans son politique
mais il a validé le chemin emprunté"
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A l'autre bout du pays, le président Mauricio Macri, qui n'a pas montré le bout de son nez au Te Deum, a adressé à la nation, depuis la maison historique où fut signée la déclaration d'indépendance, un discours où il a reconnu à demi-mots qu'une partie de la situation économique terrible qui affecte l'Argentine est due à des erreurs dans sa politique. C'est assez exceptionnel pour être salué. Mais il semblerait bien que cela ne changera en rien la dite politique. Et c'est assez drôle aussi parce qu'au même moment ou à peu près, son clone français, Emmanuel Macron, faisait semblant lui aussi de battre sa coulpe dans un haut-lieu historique, le château de Versailles. Ces deux-là se ressemblent de plus en plus alors qu'ils sont produits par des histoires et des traditions politiques très différentes les unes des autres...

L'image est pour les familles thaïlandaises
Le gros titre dit : " Macri a reconnu [quelques] erreurs personnelles
et sollicité la coopérations des politiques et des patrons"
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Et Mauricio Macri a bien fait, si j'ose dire car cela manque manifestement de courage une nouvelle fois (1), de ne pas se montrer à la cathédrale de Tucumán car l'archevêque Mgr Carlos Sánchez lui a sonné les cloches, et en carillonnant, au sujet de la loi qui va dépénaliser l'avortement, ce à quoi l'Eglise s'oppose, au nom de la foi et du concept anthropologique qui est lié au credo catholique. Mais c'était la vice-présidente qui était là et elle ne l'a pas pris pour elle car elle s'est publiquement déjà prononcée contre la loi, contre laquelle elle votera le 8 août prochain au Sénat, qu'elle préside. Plusieurs autres personnalités de la majorité ont profité des Te Deum dans leur ville ou leur province pour afficher des options anti-avortement ou pro-gestation inconditionnelle, à tel point que le gouvernement a dû se fendre d'un communiqué pour affirmer que le président n'entend pas appliquer son veto à cette loi une fois qu'elle sera définitivement approuvée par la Chambre haute.

"Nous subissons un orage", dit le gros titre
(une phrase du discours présidentiel)
sur fond de patio de la Casa Histórica de Tucumán
avec la vice-présidente dans son fauteuil et la première dame dans une pose top-model
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Dans la presse du jour, seul Página/12 montre la foule (impressionnante) des manifestants. Dans les autres journaux nationaux, c'est à peine si l'on évoque l'événement.

Pour aller plus loin :
lire l'article de Página/12 sur la manifestation
lire l'article de Página/12 sur le discours du président
lire l'entrefilet de Página/12 sur la présence dans la manifestation de représentants des familles du sous-marin ARA San Juan avec qui des gens sont allés partager un chocolat chaud (on est en plein hiver en Argentine et à Buenos Aires, on a plutôt froid)
lire l'article de La Prensa sur la manifestation
lire l'article de La Prensa sur le discours présidentiel
lire l'article de La Nación sur le discours présidentiel
lire l'article de Clarín sur le même sujet



(1) Cela fait trois fois cette année qu'il se défile ainsi : la première le 20 juin, lorsqu'il a annulé au dernier moment sa venue à Rosario pour la cérémonie officielle en l'honneur du drapeau et de son créateur, Manuel Belgrano, et la deuxième, la semaine dernière, lorsqu'il a annulé, là encore à la dernière minute, le défilé militaire qui devait avoir lieu hier, de peur d'être confronté au mécontentement des forces armées devant la politique salariale pingre qu'il leur applique, en cette année où la Marine a perdu un de ses bâtiments dans des conditions indignes d'une démocratie, avec 44 membres d'équipage à bord, qui n'ont toujours pas reçu l'hommage de la nation, huit mois après leur disparition.