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mercredi 9 juillet 2025

Le troisième lapin de Mileí à la patrie [Actu]

Intérieur de la Casa Histórica de Tucumán
La salle de réunion du Congrès indépendantiste
Le livre d'or semble attendre un président qui ne s'est pas présenté


En prenant pour prétexte l’épais brouillard qui règne actuellement sur Buenos Aires et qa prenui aurait empêché son retour dans la capitale après les célébrations à Tucumán, tout à l’ouest de l’Argentine, Javier Mileí a renoncé à se rendre dans la ville qui vit proclamer la déclaration d’indépendance le 9 juillet 1816. Il a célébré à Buenos Aires, par un froid de canard, cette deuxième fête nationale argentine.

Le comportement de Mileí est si minable
que Página/12 préfère titrer sur un scandale
qui éclabousse le président : 10 valises en provenance de Miami
escortées par des connaissances de Mileí
sont entrées en Argentine sans passer de contrôles
En haut, à côté de la photo de la Casa Histórica :
"Ne nous explique pas que la nuit tombe"
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En réalité, les gouverneurs avaient presque tous annoncé qu’ils n’assisteraient pas à la cérémonie que le chef de l’État préside traditionnellement en personne. Ils entendaient ainsi protesté contre la politique de Mileí qui refuse de répartir aux provinces leur part de la trésorerie nationale, une part qui est censé rééquilibrer les ressources inégales dont elles disposent.

"Les politiques désertent et ne respectent même pas
la Fête de l'Indépendance", gronde le gros titre
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Or en moins d’un mois, c’est la troisième fois que Mileí fait la cérémonie buissonnière. Il ne s’est pas non plus déplacé à Salta le 17 juin pour l’anniversaire de la mort du général Güemes, un grand héros populaire de la guerre d’indépendance, ni trois jours plus tard, à Rosario, lieu où le général Manuel Belgrano a pour la première fois hissé le drapeau national en 1812 au jour anniversaire de la mort de celui-ci qui sert de fête du drapeau. Dans les deux cas, il est de tradition que le président se déplace et préside les deux cérémonies. Il a présenté des excuses tout aussi invraisemblables que celles d’hier.

"Mileí ne s'est pas rendu à Tucumán à cause de la météo
et de l'absence des gouverneurs", dit le gros titre
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En fait, tout se passe comme s’il avait la trouille de se faire huer…

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

L’article de Une de La Prensa n’est pas disponible en ligne.

jeudi 29 décembre 2022

Père Noël en retard et Rois mages en avance : un nouveau petit-fils sous le sapin [Actu]

"132 fois grands-mères", dit le gros titre
sur cette photo de Estela de Carlotto, la présidente de Abuelas,
tandis que sur l'écran, Juan José écoute
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Juan José del Valle Morales avait une dizaine de mois lorsque sa mère, une jeune femme célibataire de 21 ans, militante d’un mouvement ouvriériste révolutionnaire, a été enlevée par les sbires de la dernière dictature militaire. Le bébé a été laissé sur place avec quelques documents. Dans un second temps, il a été adopté frauduleusement.

Depuis douze ans, cet homme cherchait à connaître sa véritable histoire. Il l’a découverte mardi dans le bureau d’un juge fédéral lorsqu’il lui a été confirmé qu’il n’avait aucun lien génétique avec son père adoptif. Depuis plusieurs années, il savait que sa mère avait été assassinée sous le régime militaire.

Hier, il a bien voulu participer depuis chez lui à Tucumán grâce à une connexion en ligne à la conférence de presse traditionnelle que l’association Abuelas de Plaza de Mayo tient à son siège social lors de ces retrouvailles. Il avait avec lui un grand portrait de sa mère dont on a identifié les restes il y a quelques années dans une tombe anonyme dans un cimetière de Tucumán.

On ne sait pas qui est son père et on espère l’apprendre un jour.

L’information fait la une de Página/12 et de lui seul comme d’habitude. Même La Gaceta de Tucumán, le quotidien provincial, n’en parle pas sur sa première page. En revanche, Juan José del Valle Morales, le nom de sa mère qu’il a récupéré après l’audience au palais de justice, a donné deux interviews, une à Página/12 et l’autre à La Gaceta.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

dimanche 30 octobre 2022

Tucumán dégaine son sandwich pour lancer la saison estivale [Coutumes]

Remarquez en haut à droite le petit drapeau qui reprend
la silhouette si caractéristique d'une façade de belle maison coloniale,
celle de la Maison de l'Indépendance
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A Tucumán, dans le nord-ouest de l’Argentine, une zone du pays réputée pour sa gastronomie, dans la rue, on se sustente volontiers d’un sandwich composé d’une fine tranche de viande panée (génisse, jambon ou volaille) abondamment garnie de sauce et de légumes, le tout servi entre deux épaisseurs de pain : el sanguche (sandwich en prononciation populaire locale) de milanesa.

A la veille de l’été, la capitale de la province lance donc la première édition d’une Fiesta Nacional del Sanguche de Milanesa à la mi-novembre.

Des stands seront disponibles venus de toutes les villes de la province pour des repas roboratifs et pas trop chers (le sandwich pourra aller jusqu’à 700 pesos ARG).

On nous annonce une grande variété de sauces et de condiments, des stands fixes et des foodtrucks en veux-tu en voilà, tout cela dans l’espoir d’attirer pendant le week-end du 11 au 13 novembre des estivants venant de tout le pays et qui pourront en profiter pour découvrir les autres trésors patrimoniaux de la ville et de la province, depuis la musique rurale jusqu’à la Casa Histórica, où fut votée la déclaration d’indépendance le 9 juillet 1816.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :
lire la présentation officielle sur le site de l’office du tourisme de la province de Tucumán

vendredi 8 avril 2022

L’Argentine salue la mémoire de Miguel Angel Estrella [ici]

"Miguel Angel Estrella, pianiste qui sema musique et espérance",
dit le très beau gros titre de l'édition de ce jour
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Le pianiste et militant des droits de l’homme Miguel Angel Estrella s’est éteint hier matin à Paris, à l’âge de 82 ans. Depuis qu’il avait trouvé refuge en France pendant la dictature militaire argentine, il vivait le plus clair de son temps dans cette ville, ne retournant que de temps en temps dans son pays natal, où il faisait des tournées et donnait des concerts.

Petite photo en haut à droite avec ce titre :
"Un Argentin illustre"
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Miguel Angel Estrella était le directeur en titre de la Maison de l’Argentine à la Cité Internationale Universitaire. Pendant de nombreuses années, il avait exercé les fonctions d’ambassadeur de l’Argentine auprès de l’UNESCO, avant d’être remplacé à l’arrivée de Mauricio Macri au pouvoir en 2015 par Rodolfo Terragno. C’est lui qui en septembre 2009 avait conduit au succès la candidature du tango au Patrimoine culturel immatériel de l’Humanité.

Discret, n'est-ce pas ?
En revanche, le chanteur lyrique Placido Domingo qui a donné un récital
hier au Teatro Colón a droit aux honneurs de la photo de une
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Arrêté sous la dictature militaire, Miguel Angel Estrella avait été torturé. Ses mains en particulier avaient été salement abîmées. Réfugié politique en France, il y avait fondé une association pour apporter la musique dans les prisons françaises, Musique Espérance.

C’est cette œuvre que salue ce matin le quotidien de sa province natale, La Gaceta de Tucumán, dont les articles sont réservés aux abonnés.

"Pianiste des humbles", dit le gros titre
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Seule La Nación n’en dit rien dans sa une de ce jour. Le disparu, qui a beaucoup soutenu Cristina Kirchner, que le journal déteste, a juste droit au tiers de page inférieur de sa première page consacré à l’actualité du spectacle. Clarín a été un tout petit peu plus généreux : une phrase sans photo dans un petit coin de la une et un article un peu plus développé publié dès hier après-midi sur son site Internet. Sans surprise, c’est Página/12 qui en fait le plus avec une double une : une manchette en première page et une page entière en tête du supplément culturel quotidien, Cultura & Espectáculos.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

vendredi 9 juillet 2021

Le 9 juillet dans l’assiette aujourd’hui et hier [Coutumes]

Montage symbolique de La Nación
Et en plus, c'est joli !


Aujourd’hui, l’Argentine fête l’anniversaire de son indépendance dans un régime assez sévère de restrictions sanitaires. A Tucumán, ville où l’indépendance a été débattue et votée en 1816, le Te Deum traditionnel a été célébré dans une cathédrale vide de toute assemblée, retransmis en direct sur la chaîne Youtube de l’exécutif provincial avec, à en croire les coupes et les inserts d’image tout au long du direct, un gouverneur et son épouse assistant à la cérémonie depuis le palais gouvernoral.

Empanadas frites (on en mangerait !)

Quelques journaux agrémentent donc la journée de quelques articles de circonstances. Clarín et La Nación ont choisi de régaler leurs lecteurs de recettes très traditionnelles souvent choisies parmi les spécialités du nord-ouest, en particulier celles de Tucumán, dont la mazamora, le « riz au lait » que les Argentins et d’autres Sud-Américains réalisent à base de maïs. A découvrir.

© Denise Anne Clavilier

Pour aller plus loin :

lire l’article de Clarín sur 12 spécialités de saison
lire l’article de Clarín sur la vie quotidienne de l’Argentine de 1816
lire l’article de La Nación qui se restreint à 3 recettes ultra-typiques.

lundi 3 août 2020

Émission en ligne pour fêter la Pachamama [à l’affiche]

Capture d'écran (chaîne You Tube du Folklore Club)

Un nombre considérable de musiciens de tout le nord de l’Argentine, est et ouest confondus, se sont réunis pour enregistrer une émission de télévision, grâce au soutien de la Fundación Atahualpa Yupanqui (du nom d’un des plus grands auteurs-compositeurs-interprète du folklore argentin), puis la mettre en ligne, gratuitement et pour le monde entier, sur la chaîne You Tube de Folklore Club.

Il s’agit d’une réalisation très professionnelle, un long-métrage d’un peu plus d’une heure et demie qui rassemble interviews et prestations musicales et permet de vivre la fête « comme si vous y étiez ». Les artistes y exposent leur vécu et ce que signifie pour eux cet intense rendez-vous de la vie culturelle et cultuelle de la grande région septentrionale, qui est aussi le berceau d’une bonne partie de la tradition rurale argentine.

La manifestation est aussi une prise de parole politique contre toutes les activités qui dégradent l’environnement de ces régions : mines à ciel ouvert ultra-polluantes, incendies volontaires de la forêt subtropicale sous prétexte de dégager du terrain agricole, utilisation massive de produits phytosanitaires chimiques qui font grimper en flèche le taux de cancer et autres maladies dans les populations humaines qui vivent à proximité des gigantesques champs de soja transgénique avec lequel les riches propriétaires terriens se font des fortunes insolentes en dollars US.

Página/12 ne pouvait pas manquer une telle initiative et lui consacre un bel article dans ses pages culturelles de ce jour.

Sur la page You Tube, les organisateurs ont publié les coordonnées du compte bancaire sur lequel les téléspectateurs peuvent faire un don en pesos argentins. Citer la devise nationale est une autre façon de resserrer les liens de la communauté culturelle qui se reconnaît dans cette démarche et dans cette fête populaire. Cela a tout de même meilleure allure que de quémander des dons en dollars ou en euros !

Pour aller plus loin :
visiter la chaîne You Tube du Folklore Club.

lundi 27 avril 2020

Rétropédalage larretien [Actu]

"Marche arrière avec les sorties récréatives dans les grandes villes"
Le gros titre de La Nación tend à une certaine neutralité.
Mais la photo sème la confusion : il s'agit de Madrid
où les enfants ont été autorisés à sortir
dans une tout autre situation sanitaire
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Dans la journée d’hier, à la surprise générale, Horacio Rodríguez Larreta, chef du gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires, avait autorisé ses administrés à faire une petite promenade quotidienne d’une heure et aussitôt, dans les rues de la capitale, on a vu un certain nombre de personnes le prendre au mot. C’était d’autant plus surprenant que les conditions de cet assouplissement du confinement n’étaient pas réunies puisque le décret présidentiel le réservait aux villes de moins de 500.000 habitants. Trois millions de personnes au moins habitent à Buenos Aires stricto-sensu.

Après avoir donné un peu d’espoir aux Portègnes, Rodriguez Larreta a fait marche arrière quelques heures plus tard et co-signé un communiqué avec quatre gouverneurs qui n’autorisent pas ces promenades dans leurs ressorts qui abritent eux aussi des foyers de contagion : il s’agit des provinces de Buenos Aires, Córdoba, Santa Fe et Tucumán. De la part de ce leader de l’opposition qui a marqué l’opinion en coopérant pleinement jusqu’ici avec le gouvernement fédéral, cette attitude laisse perplexe. Il savait très bien que le décret excluait sa ville. Sa coopération cacherait-elle de méchantes arrière-pensées alors qu’il a fermement nié toute intention partisane il y a quelques jours.

"Pour l'instant, les sorties récréatives à Buenos Aires
et dans sa banlieue ne seront pas autorisées" dit le gros titre
sur une photo ambiguë qui concerne là aussi l'Espagne
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Est-ce pour vendre du papier, pour provoquer du contentieux ou enflammer le mécontentement dans la population qui reste confinée ? Toujours est-il que Clarín tâche de faire passer cette déclaration commune pour un désaveu de la décision du président de la part des gouverneurs signataires. Le communiqué commun est présenté relevant d’un désaccord politique avec le chef d’État (or plusieurs d’entre eux sont de la même majorité). Dans ses pages intérieures, le tabloïd titre : « Ils contredisent le président ».

Or c’est faux : Alberto Fernández n’a pas autorisé les Argentins à sortir, il a laissé aux exécutifs locaux le droit d’ouvrir une possibilité à leurs administrés en respectant des conditions cumulatives particulièrement restrictives (voir mon article d’hier sur la question).

Observez d’ailleurs que cette tentative pour induire le lecteur en erreur est beaucoup plus subtile dans le gros titre sur la une du journal. C’est la stratégie que suit la presse de droite, dite hégémonique, pour tenter de déstabiliser le gouvernement de gauche.

"Attendre sans désespérer" dit le gros titre en jouant sur les mots
comme d'habitude !

Cette manœuvre est parvenue à créer des remous et même un peu de chaos : elle a obligé le président et plusieurs de ses ministres à apporter des démentis là où il n’y avait même pas la place dune tête d’épingle pour séparer le niveau provincial et le niveau fédéral. Cette décision présidentielle procède d’une consultation fréquente et régulière entre le chef d’État et les gouverneurs qui se réunissent en visioconférence. On peut parler de co-construction de la stratégie de crise. Une co-construction que Mauricio Macri s’était beaucoup vanté d’avoir mise en place mais qui s’est brisée net dès la première crise de son mandat, celle du paiement de la dette résiduelle en 2016.

A droite, il doit être insupportable que Fernández soit capable de tenir le cap dans la tempête (1), alors que la crise qu’il affronte bien plus grave que celles qu’a connue Macri puisque celle-ci est mondiale et inédite. Et pire peut-être : il est clair que celui qui gouverne, c’est bien le président et non pas, comme l’opposition le chante sur tous les tons et continue à le clamer encore et toujours, la vice-présidente, Cristina Kirchner, que la droite adore haïr, calomnier et caricaturer.

Pour aller plus loin :



(1) A l’avantage de Fernández, il dispose d’un groupe de gouverneurs qui sont très majoritairement ses alliés. Le groupe de gouverneurs qui faisait face à Macri était moins homogène du point de vue politique et idéologique. Il y avait même de plus en plus de tirage entre le mouvement dominant de la coalition au pouvoir et l’allié d’appoint, l’UCR, qui n’a pas cessé de ruer dans les brancards pendant tout le mandat.

mardi 10 juillet 2018

Un 9 Juillet qui ne s'en laisse pas conter [Actu]

Le Palais et la rue, dit le gros titre
En haut, on voit que Macri a revêtu les attributs de sa charge
Il a ici l'écharpe.
A d'autres moments de la matinée, on voit qu'il portait aussi le bastón de mando

Comme on pouvait le penser, la manifestation patriotique contre le recours au financement par le FMI, c'est-à-dire contre un nouvel engagement dans le surendettement du pays, qui l'a, la dernière fois, conduit à la catastrophe pour tout le monde et surtout les plus modestes, a rencontré un franc succès. La Avenida del 9 de Julio était noire de monde.

Pas d'image (sauf celle du coach national, Sampaoli) mais un gros titre :
"Macri a admis pour la première fois ds erreur dans son politique
mais il a validé le chemin emprunté"
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A l'autre bout du pays, le président Mauricio Macri, qui n'a pas montré le bout de son nez au Te Deum, a adressé à la nation, depuis la maison historique où fut signée la déclaration d'indépendance, un discours où il a reconnu à demi-mots qu'une partie de la situation économique terrible qui affecte l'Argentine est due à des erreurs dans sa politique. C'est assez exceptionnel pour être salué. Mais il semblerait bien que cela ne changera en rien la dite politique. Et c'est assez drôle aussi parce qu'au même moment ou à peu près, son clone français, Emmanuel Macron, faisait semblant lui aussi de battre sa coulpe dans un haut-lieu historique, le château de Versailles. Ces deux-là se ressemblent de plus en plus alors qu'ils sont produits par des histoires et des traditions politiques très différentes les unes des autres...

L'image est pour les familles thaïlandaises
Le gros titre dit : " Macri a reconnu [quelques] erreurs personnelles
et sollicité la coopérations des politiques et des patrons"
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Et Mauricio Macri a bien fait, si j'ose dire car cela manque manifestement de courage une nouvelle fois (1), de ne pas se montrer à la cathédrale de Tucumán car l'archevêque Mgr Carlos Sánchez lui a sonné les cloches, et en carillonnant, au sujet de la loi qui va dépénaliser l'avortement, ce à quoi l'Eglise s'oppose, au nom de la foi et du concept anthropologique qui est lié au credo catholique. Mais c'était la vice-présidente qui était là et elle ne l'a pas pris pour elle car elle s'est publiquement déjà prononcée contre la loi, contre laquelle elle votera le 8 août prochain au Sénat, qu'elle préside. Plusieurs autres personnalités de la majorité ont profité des Te Deum dans leur ville ou leur province pour afficher des options anti-avortement ou pro-gestation inconditionnelle, à tel point que le gouvernement a dû se fendre d'un communiqué pour affirmer que le président n'entend pas appliquer son veto à cette loi une fois qu'elle sera définitivement approuvée par la Chambre haute.

"Nous subissons un orage", dit le gros titre
(une phrase du discours présidentiel)
sur fond de patio de la Casa Histórica de Tucumán
avec la vice-présidente dans son fauteuil et la première dame dans une pose top-model
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Dans la presse du jour, seul Página/12 montre la foule (impressionnante) des manifestants. Dans les autres journaux nationaux, c'est à peine si l'on évoque l'événement.

Pour aller plus loin :
lire l'article de Página/12 sur la manifestation
lire l'article de Página/12 sur le discours du président
lire l'entrefilet de Página/12 sur la présence dans la manifestation de représentants des familles du sous-marin ARA San Juan avec qui des gens sont allés partager un chocolat chaud (on est en plein hiver en Argentine et à Buenos Aires, on a plutôt froid)
lire l'article de La Prensa sur la manifestation
lire l'article de La Prensa sur le discours présidentiel
lire l'article de La Nación sur le discours présidentiel
lire l'article de Clarín sur le même sujet



(1) Cela fait trois fois cette année qu'il se défile ainsi : la première le 20 juin, lorsqu'il a annulé au dernier moment sa venue à Rosario pour la cérémonie officielle en l'honneur du drapeau et de son créateur, Manuel Belgrano, et la deuxième, la semaine dernière, lorsqu'il a annulé, là encore à la dernière minute, le défilé militaire qui devait avoir lieu hier, de peur d'être confronté au mécontentement des forces armées devant la politique salariale pingre qu'il leur applique, en cette année où la Marine a perdu un de ses bâtiments dans des conditions indignes d'une démocratie, avec 44 membres d'équipage à bord, qui n'ont toujours pas reçu l'hommage de la nation, huit mois après leur disparition.

mardi 24 janvier 2017

Les producteurs argentins parmi les premières victimes de Donald Trump [Actu]

Photo institutionnelle publiée par Federcitrus, la fédération argentine des producteurs d'agrumes
Il y a un mois, le 23 décembre, le gouvernement argentin, appuyé par le gouverneur de la province de Tucumán, avait réussi à ouvrir le marché des Etats-Unis aux citrons argentins, qui sont d'excellente qualité (on les trouve d'ailleurs sur nos étals en Europe). Aux Etats-Unis, il est possible que le gouvernement sortant, en prenant cette décision, ne pensait pas que la vindicte de Donald Trump irait aussi loin dans le revirement et la remise en cause des engagements internationaux du pays.

Parmi les premières décisions de Trump, il y aura donc eu hier celle de repousser de soixante jours l'autorité d'importation des fruits argentins sous prétexte d'un examen sanitaire, complémentaire à la norme signé par le service d'inspection de salubrité animale et végétale, le 23 décembre. On voit donc bien qu'il s'agit d'une pirouette pour remettre en cause un accord commercial avec le sud du continent.

La Gaceta veut être optimiste :
le journal titre sur les espoirs des gouvernements national et provincial
sur cette photo de Trump brandissant le décret de retrait des Etats-Unis
de l'accord de libre-échange de la zone pacifique

Les producteurs de Tucumán croyaient avoir trouvé un débouché pour 10 à 15 tonnes de leurs fruits qui vont leur rester sur les bras, comme nos producteurs de poires et de pommes qui ont vu il y a quelques temps le marché russe se fermer brutalement devant eux.

Cela faisait 16 ans que le marché des Etats-Unis s'était fermé aux produits argentins et le gouvernement actuel avait profité de l'amélioration des relations avec l'Oncle Sam, symbolisé par le voyage officiel de Barack Obama en mars dernier (voir mon article du 25 mars 2016), pour débloquer la situation, ce qui était tout à son honneur.

Dans les instances gouvernementales argentines, on espère que dans deux mois, la norme sera validée et le marché à nouveau ouvert. L'Ambassade argentine à Washington, que Mauricio Macri a confiée au socialiste Martín Lousteau, qui ne cache pas qu'il veut se présenter aux prochaines élections à l'exécutif de la ville de Buenos Aires, d'ici trois ans, a intérêt à réussir son coup...

L'insolente et horripilante une de Página/12
avec son jeu de mot sur "limonade" transformé en  "citron-rien"

Toute la presse argentine s'en fait l'écho ce matin et Página/12 use à son tour de la mauvaise foi qu'il reprochait autrefois à l'opposition, devenue la majorité. Au lieu de se solidariser avec les producteurs nationaux, il fait, artificiellement, de ce revirement nord-américain une défaite du gouvernement actuel.

Pour aller plus loin :
Consulter le site Internet de Fecercitrus la fédération argentine des producteurs d'agrumes, qui dispose d'une page Facebook.

samedi 14 janvier 2017

La presse provinciale salue Horacio Guarany [Actu]

El Litoral (Edition de Santa Fe)
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El Día (quotidien de La Plata)
Comme beaucoup de journaux, la une titre en faisant référence
à la chanson Si el cantor se calla (si le chanteur se tait)

De très nombreux quotidiens locaux salue en ce samedi matin le grand chanteur disparu. El Litoral de Santa Fe, sa province natale, avait même sorti une édition dès hier, alors que le reste de la presse dans le pays avait déjà bouclé toutes les éditions.

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El Tribuno, édition de Salta

La Voz del Interior titre : "Cher Horacio"

Horacio Guarany était né en 1925, le 15 mai, dans un village de la province de Santa Fe. Il était le fils d'un bûcheron. El Litoral, le nord-est du pays, en fait un ambassadeur de la musique santafesine mais toutes les provinces, à part celles de la Patagonie, le reconnaissent comme porteur de leur propre répertoire...



Horacio Guarany est mort chez lui, à Luján, dans la Province de Buenos Aires. Alors El Día de La Plata le récupère lui aussi. En toute justice.



Sélection de unes dans tout le nord du pays. Comme je vous l'ai dit, la Patagonie, si l'on en croit la presse, se sent moins concernée, mais plusieurs quotidiens n'y paraissent pas le samedi ni le dimanche.

Pour aller plus loin :
lire l'article principal de El día de la Plata (province de Buenos Aires)
lire l'article de Uno (édition de Santa Fe)
lire l'article de La Capital (Rosario, Sante Fe)
lire l'article de El Litoral (édition de Corrientes)
lire l'article de La Gaceta (Tucumán)
lire l'article de El Tribuno (édition de Salta)
lire l'article de El Tribuno (édition de Jujuy)

vendredi 4 novembre 2016

Suite de l'affaire Juan Viroche [Actu]


Un mois après la mort du prêtre diocésain de Tucumán, la commission nationale Justice et Paix de la Conférence épiscopale argentine s'est exprimée pour dénoncer l'entrisme du trafic de drogue dans un bon nombre de corps constitué du pays. Les évêques rappellent le combat du prêtre défunt contre les responsables de ce trafic. Ils appellent de leurs vœux les conclusions de l'instruction judiciaire qui enquête sur deux pistes, le suicide ou l'assassinat.

A un mois de l'événement, ce communiqué montre qu'on est loin d'avoir trouvé des preuves évidentes sur la double vie du disparu, ce qui était apparu dès les premières heures de la tragédie. Dans le cas contraire, l'Eglise n'aurait pas choisi cette date pour s'exprimer. C'était d'ailleurs assez troublant de voir apparaître trois maîtresses en seulement 48 heures après la découverte du corps pendu dans la salle de répétition de la chorale paroissiale. En général, l'existence d'une double vie met du temps à se révéler puisque tous les acteurs se sont efforcés de la cacher jusqu'à ce moment-là...

Pour aller plus loin :
lire l'article de La Prensa, qui se contente de reprendre l'intégralité du communiqué
lire l'article de Radio Vatican en français et en espagnol (pour une fois, c'est exactement le même).

jeudi 13 octobre 2016

Affaire Viroche : des imposteurs s'en mêlent [Actu]

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L'affaire Juan Viroche est cette instruction en cours depuis une semaine au sujet de la mort suspecte d'un prêtre de l'archidiocèse de Tucumán. Tandis que le procureur qui dirige l'enquête suit toutes les pistes, y compris celles de l'homicide qui n'est pas la plus apparente, un parlementaire, Gustavo Vera, qui se présente toujours à la presse comme porte-parole officieux du Pape François (1), et un avocat, sont arrivés dans la province où ils ont rencontré les autorités politiques et judiciaires. Les deux hommes ont prétendu être mandatés par la nonciature de Buenos Aires et l'avocat a même obtenu d'être entendu par le juge auquel il a déclaré sa conviction que la mort de Juan Viroche était un assassinat.

Monseigneur Zecca, l'archevêque de Tucumán, a donc consulté le nonce, qui est son relais institutionnel auprès du Pape, son supérieur immédiat (comme pour tous les évêques catholiques du monde entier). Le nonce a appelé Rome pour savoir si François avait délégué ces gens, dont il est bien placé pour savoir qu'il ne les avait chargé d'aucune mission. Et Monseigneur Zecca a par la suite émis un communiqué officiel pour dénoncer la supercherie des deux individus, qui ne sont pourtant pas de simples escrocs à la petite semaine, puisque l'un d'entre eux est un parlementaire national et l'autre un auxiliaire de justice de haut niveau.

Les deux hommes ont aussitôt changé leur discours : ils ne seraient plus les représentants du Nonce mais bel et bien ceux, personnels, du Pape. Et qu'est-ce que le Souverain Pontife viendrait faire dans cette histoire, même à titre privé ? Juan Viroche ne lui était rien. Si le défunt avait eu un lien quelconque avec l'ancien archevêque de Buenos Aires, vous imaginez bien que la chose serait déjà connue et aurait été surexploitée tant par la presse que par la paroisse et peut-être même par la famille.

L'incident invraisemblable ne s'explique peut-être que par le désir de ces deux hommes de se faire un peu de publicité malgré le caractère tragique de l'affaire, au prix d'un billet d'avion et d'un petit voyage dans le très beau nord-ouest argentin ! Il faudrait d'ailleurs savoir avec quel argent ils ont financé ce déplacement entre Buenos Aires et Tucumán. Argent privé personnel ou argent public (crédits parlementaires par exemple).

Peut-être l'incident est-il un symptôme de quelque chose qui fait que cette mort ne se réduirait pas à un suicide induit par la peur d'un curé de campagne devant la perspective d'un scandale de mœurs dans son petit village...

Pour en savoir plus :
lire l'article de La Gaceta de Tucumán sur les avancées de l'enquête et cette mauvaise plaisanterie
lire la dépêche de l'agence de presse catholique AICA qui relaie le démenti de Monseigneur Zecca, archevêque de Tucumán, supérieur (ordinaire dit-on dans l'Eglise) du père Viroche.

Ajouts du 14 octobre 2016 :
La Gaceta de Tucumán, en une, jette de l'huile sur le feu en rapportant des témoignages d'une femme qui se présente comme l'une des trois maîtresses du prêtre décédé (il n'en avait que deux jusqu'à présent) et en mentionnant les deux tristes sires d'avant-hier comme des porte-paroles de François (ce qu'ils ne sont pas).
Clarín y fait échho complaisamment dans cet article de son édition du 14 octobre.



(1) qui ne l'a jamais démenti nominativement mais a déclaré à plusieurs reprises qu'il n'avait aucun autre porte-parole que la salle de presse du Saint-Siège. Gustavo Vera n'est donc pas porteur de messages du Saint Père vis-à-vis du public argentin comme il aime le faire croire à chaque occasion qui se présente à lui.