dimanche 23 février 2020

Les axes du discours d’ouverture du Congrès [Actu]


Après que le FMI a reconnu l’insolvabilité de l’Argentine (qu’il a largement contribué à surendetter, sous le mandat de Christine Lagarde), le quotidien Página/12 annonce les axes du discours que le président Alberto Fernández prononcera le dimanche 1er mars au Congrès pour inaugurer la première session parlementaire de son mandat présidentiel (1).

Le journal avance six points :
  • une loi qui redéfinira le statut des juges,
  • la création d’un conseil chapeautant l’ensemble du monde judiciaire où le paysage politique national sera représenté dans sa diversité,
  • la légalisation ou la dépénalisation de l’avortement (qui serait couplée à une loi pour soutenir la naissance des enfants désirés),
  • l’inscription dans les institutions du conseil économique et social que le président a déjà rassemblé autour de lui sans encore le formaliser comme un corps constitué,
  • l’augmentation du prélèvement fiscal sur les produits du soja au moment où ils sont exportés (2),
  • la réforme des retraites privilégiées de certains corps d’État (magistrature et diplomatie), dont les règles obéissent à un modèle social du 19e siècle qui n’existe plus.

D’ici la délivrance de ce discours qu’on écoutera avec attention, l’Argentine traverse un long week-end de carnaval et l’actualité fait la sieste jusqu’à mercredi. C'est la trêve des masques !

La Nación, quant à elle, a préféré ne titrer que sur la présentation du projet de loi concernant l’avortement.

Pour en savoir plus :



(1) Le même jour pourtant, le président devrait se rendre à Montevideo pour assister à la prise de fonction de son homologue uruguayen, le président de droite, Luis Lacalle Pou, qui était venu avec le président sortant (de gauche), Tabaré Vázquez, le 10 décembre, assister à sa propre prestation de serment à Buenos Aires. Il va falloir s'organiser ou avancer à samedi ou reculer à lundi. Le Mercosur est en jeu !
(2) Cette taxation fait couler des flots d’encre depuis quinze ans. Il est en effet peu courant qu’un pays impose des produits qui sortent de son territoire et rapportent des devises étrangères. Mais le soja est devenue une plaie agricole pour l’Argentine : cette mono-culture ne nourrit pas la population locale, elle détruit l’environnement, réduit l’espace consacré à l’élevage, contribue par conséquent à la baisse de la qualité de la viande vendue sur le sol national (la bonne qualité est exportée ou hors de prix pour le commun des mortels) et de la quantité de lait de vache disponible pour la consommation directe ou sous forme de fromages et laitages, elle consomme une quantité astronomique de produits phytosanitaires (agrotoxicos, comme disent les Argentins) qui provoquent des ravages dans les populations rurales des provinces où se trouvent ces champs et les devises que rapportent l’exportation de la plante et de ses dérivés sont strictement privatisés et vont souvent grossir des comptes off-shore. Gros flux d'argent qui ne contribue en aucun cas à développer le pays et dont les détenteurs disent pis que pendre de l'Argentine, de la pauvreté de ses services publics comme si cette pauvreté ne venait pas de leur évasion fiscale. Donc Cristina Kirchner avait pris les grands moyens et prélevé l'argent à la sortie de la marchandise, faute d'en voir la couleur dans les caisses du Trésor public. Et nous revenons à notre point de départ : l'insolvabilité de l'Argentine reconnue il y a quelques heures par le FMI.