Aujourd’hui, 13 février, l’Argentine fait
mémoire de la création de ses couleurs nationales en 1812 par
Manuel Belgrano, alors colonel du régiment d’infanterie des
Patricios et établi à Rosario où il devait mettre en place, sur
une île du Río Paraná, une batterie d’artillerie pour protéger
ces rivages des incursions absolutistes en provenance de Montevideo.
On
est en plein été austral et Manuel Belgrano fait face à une grave
difficulté militaire pour son époque : comment assurer de
manière efficace les communications tactiques pendant les
engagements et distinguer le compagnon d’armes révolutionnaire de
l’ennemi contre-révolutionnaire si tout le monde arbore les
couleurs rouge et or de l’Espagne de Fernando VII, le roi
captif de Napoléon ? C’est impossible. Pour éviter ce
danger, il imagine donc de donner aux Provinces-Unies du Río de la
Plata des « couleurs nationales » alors même que le
gouvernement révolutionnaire se réclame de l’unité avec
l’authentique Espagne patriote (celle qui résiste encore et
toujours à Napoléon). Depuis juin 1806, circule à Buenos Aires et
ailleurs une petite cocarde qui allie les deux couleurs qui
symbolisent l’Immaculée Conception, la Vierge vénérée à Luján
depuis 1630, et que le roi Carlos III, mort en 1788, avait
choisies pour le ruban d’une prestigieuse décoration accordée à
tous les vice-rois (entre autres récipiendaires) : le blanc et
le bleu-ciel. Depuis 1807, ces deux couleurs sont arborées par les
secteurs les plus radicaux et les plus populaires de la Révolution
du Mai 1810. Manuel Belgrano s’en empare et, le 13 février 1812,
depuis Rosario, il envoie au gouvernement de Buenos Aires un court
billet où il suggère la création d’une cocarde officielle que
les militaires accrocheront à leur uniforme pour se reconnaître. Le
18 février, le gouvernement lui répond qu’il accepte l’idée et
qu’il la diffuse sur l’ensemble du territoire, où elle sera
diversement interprétée (certains l’adopteront avec enthousiasme,
d’autres seront beaucoup plus circonspects, comme on pourra le voir
dans les documents que je cite dans Manuel Belgrano, l’inventeur de l’Argentine).
Détail du portrait de Belgrano par Casimir Carbonnier Voir mon article sur l'iconographie belgranienne du 28 janvier |
Une
fois la cocarde adoptée, Belgrano fait un pas de plus : il
prend avantage de la distance physique qui sépare le village de
Rosario de la capitale. Il demande secrètement à une femme de
Rosario de lui confectionner un grand drapeau avec les deux couleurs
de la cocarde. Le 27 février, lorsqu’il installera la batterie,
qu’il baptise Batería de la Independencia, il le présentera comme
le « drapeau national ».
A
ce stade, il ne ressemble pas encore à l’actuel drapeau argentin :
selon ce que l’on peut voir sur le portrait de Belgrano en pied
peint à Londres par Casimir Carbonnier, il se compose d’une pièce de tissu blanc accolée à une autre, de taille et de forme
identique mais de couleur bleu ciel. Et ce drapeau se verra interdit
par le gouvernement… le 3 mars. Mais Belgrano avait déjà quitté
Rosario pour rejoindre son nouveau poste comme général en chef de
l’armée du Haut-Pérou. Malgré l’interdiction du gouvernement,
qui ne comprend rien aux besoins militaires, Belgrano continue
d’utiliser « son » drapeau au cours de sa première
grande campagne de 1812-1814, à Jujuy, Tucumán puis Salta, et au
début de 1814, il le remet à son successeur, José de San Martín,
qui s’en inspirera pour concevoir le drapeau de l’Armée des
Andes qui libéra le Chili en février 1817.
Ce
drapeau n’a toujours pas d’existence légale lorsque Belgrano se
trouve à Londres où il le fait représenter dans un coin de la
scène de bataille qui illustre son portrait en pied. Et à son
retour en Argentine, en 1816, il insiste auprès du congrès
constituant, le Congrès de Tucumán, pour le faire adopter comme
drapeau national. Il obtient gain de cause quelques jours après la
déclaration d’indépendance en juillet 1816. Mais ce n’est
encore qu’une oriflamme purement militaire. Et en 1818, le congrès,
qui s’est désormais installé à Buenos Aires, institue le drapeau
que nous connaissons aujourd’hui : deux bandes ciel entourant
une bande blanche, au milieu de laquelle rayonne un soleil incaïque,
symbole des peuples aborigènes.
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1ère et 4e de couverture définitives Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Manuel
Belgrano, l’inventeur de l’Argentine paraîtra le 27 février.
Le
livre sera présenté le soir même à l’Ambassade de la République
argentine à Paris.
Jusqu’à
cette date, l’ouvrage est en souscription chez l’éditeur, les
Editions du Jasmin (Clichy, 92, France) à prix réduit (20 € au lieu de 24,90, prix
public en librairie).
Pour
télécharger le bon de souscription, cliquez sur le lien.
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