"L'autre fonds", dit le gros titre avec ce profil du président sur fond noir, en référence au FMI Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution |
Ce matin, non sans surprise, les journalistes ont découvert dans les premières pages du Bulletin officiel de la République Argentine (B.O.R.A.) le décret présidentiel qui crée un fonds fiduciaire pour la stabilisation du blé argentin. Il s’agit d’un fonds qui pourra réguler le prix du blé destiné aux meuneries argentines qui alimentent le marché domestique.
Ce fonds sera alimenté par les
taxes qui frappent les exportations de blé, lesquelles pourront être
modifiées par le ministère du Développement productif et son
secrétariat d’État au Commerce intérieur. L’objectif est de
garantir un prix de la tonne de blé qui permette à la chaîne de
production de la farine, du pain et des pâtes (et autres produits
dérivés) d’appliquer au produit fini des prix acceptables pour
les consommateurs argentins.
Il s’agit d’une mesure exceptionnelle pour répondre à l’urgence provoquée par la situation internationale. De ce fait, elle est exemptée de passer par les débats parlementaires.
Cela veut dire aussi que l’Argentine va d’abord satisfaire les besoins de sa population avant d’exporter son blé vers des pays qui vont en avoir un cruel besoin. On pense avant tout à l’Afrique du Nord, au Liban et à la Syrie, qui sont menacés de disette, voire de famine, d’ici la prochaine récolte et au-delà puisque ces différents pays dépendent du blé ukrainien et russe. Mais le blé argentin excédentaire pourrait bien être accaparé par des importateurs plus riches, notamment européens. Pendant ce temps en France, la principale organisation agricole tente d'obtenir de l'Union Européenne qu'elle laisse les exploitants mettre en culture les jachères obligatoires pour augmenter les prochaines récoltes de céréales et d'oléagineux.
Les limitations à l’exportation
pour les produits du soja (farine et huile) sont plus que jamais
maintenues.
Par ailleurs, le gouvernement argentin serait en train de négocier une nouvelle liste, plus longue, de prix garantis (opération Precios Cuidados). Ces mesures devraient contenir une petite partie de l’inflation qui est très forte dans le secteur alimentaire.
Si Página/12 célèbre ces mesures, Clarín et La Nación la tiennent pour rien ou pas grand-chose. Aucune mesure de régulation des prix n’agrée à la droite en Amérique du Sud. En revanche, l'apparition de Poutine hier dans le grand stade de Moscou a retenu leur attention mais pas celle de la rédaction de Página/12 qui relègue le sujet en pages intérieures.
Sur le plan diplomatique, il faut noter que le décret parle de l'invasion de l'Ukraine par la Russie sans tourner autour du pot. La rupture avec Moscou semble bel et bien consommée. Le président Alberto Fernández l'avait nettement acté dans les propos qu'il a tenus à Santiago du Chili auprès de la presse chilienne et internationale en marge de la cérémonie d'investiture présidentielle de Gabriel Boric, le 11 mars dernier.
Pour aller plus loin :