Le 23 février, après deux ans de pandémie et de restrictions sanitaires de tous ordres, le carnaval a repris les rues de Buenos Aires avec ses cortèges de murgas, ces groupes exubérants de carnavaleux chamarrés, danseurs et musiciens. Les tragiques événements qui ensanglantent l’Europe depuis cette même date m’ont détournée d’en parler en son temps.
Ce soir, c’est le défilé final qui retrouvera son parcours traditionnel sur Avenida de Mayo, un parcours qu’il avait abandonné au cours des dernières éditions qui se sont tenus avant le covid. Les habitants et les habitués du secteur réprouvaient ce déploiement populaire.
Ce sera la grande fête de la rentrée sur une artère qui aura énormément souffert de la crise sanitaire. Des librairies et des cafés iconiques ont fermé définitivement leurs portes, faute de clients pendant les différents confinements et la disposition géographique qui rendait impraticable le click and collect alors que tout le monde ou presque était en télétravail avec une quasi-interdiction de sortir de chez soi. C’est donc à une débauche de couleurs et de propositions tant artistiques que gastronomiques que la plus célèbre et la plus institutionnelle des avenues de Buenos Aires se prépare pour ce soir, entre le Congrès et le palais présidentiel.
Espérons que cette page
sanitaire est effectivement tournée même si l’Argentine n’est
pas encore sortie d’embarras pour autant. D’abord parce qu’elle
doit définitivement ratifier la restructuration de sa gigantesque
dette auprès du FMI (l’accord doit être présenté au Congrès
dans les jours qui viennent et les débats s’annoncent houleux).
Ensuite parce que les conséquences de la guerre en Ukraine se font
déjà sentir jusqu’en Amérique du Sud. En Argentine aussi, en
effet, le prix de la farine et du pain, déjà affecté par
l’inflation locale (autour de 50 % par an), atteint d’ores
et déjà de nouveaux sommets et donne des signes de pénurie ici et
là.
Ce qui montre bien l’absurdité du commerce mondial tel qu’il s’organise désormais : l’Argentine est ou du moins elle a été l’un des greniers à blé de la planète, avant que le soja transgénique, plus rentable, n’envahisse champs et prairies, faisant reculer la culture des céréales et l’élevage extensif de bovins. La guerre à nos portes met à présent en évidence sa dépendance frumentaire d’un pays aussi lointain que l’Ukraine !
Pour aller plus loin :
lire l’article de El Planeta Urbano, le magazine de l’actualité portègne du même groupe médiatique, Octubre.