Hier, lors du débat et du vote sur l’accord avec le FMI, Cristina Kirchner, qui en sa qualité de vice-présidente préside normalement le Sénat, a choisi la tactique inverse de celle adoptée par son fils, Máximo Kirchner, à la Chambre basse, la semaine dernière.
Elle a participé les débats à
sa place présidentielle et elle a quitté l’hémicycle au moment
du vote, qui a donc été acquis, largement, malgré son opposition
radicale à cet accord. Ce faisant, elle a laissé sa place à la
cheffe du groupe Juntos por el Cambio (ensemble pour le changement), qui représente l’aile
ultralibérale de l’opposition contre laquelle elle s’est battue
pendant toute sa vie politique. Cette attitude peu conciliante de sa
part pourra marquer un déclin de son influence sur la gauche de
gouvernement en Argentine même si un premier sondage laisse penser
qu’elle l’emporterait haut-la-main sur l’actuel président en
cas de primaire pour les élections de 2023 (prochaine
présidentielle).
"L'accord avec le FMI est désormais une loi Cristina s'est effacée", dit le gros titre Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Malgré cet incident de basse politique, la restructuration de la dette argentine a été ratifiée, tard dans la nuit, par 56 voix. Trois sénateurs se sont abstenus et treize ont voté contre. Parmi ces derniers, se trouvent quelques kirchneristes forcenés qui n’hésitent pas à montrer au grand jour leur opposition au gouvernement dont ils faisaient officiellement jusqu’alors partie de la majorité, dans un Sénat renouvelé en décembre dernier et désormais dominé par l’opposition de droite, dont une partie a émis la nuit dernier un vote positif.
Pour éviter les incidents
violents de la semaine dernière, lors du vote à la Chambre des
Députés, le palais du Congrès était protégé par des barrières
anti-émeutes. Les manifestants d’extrême-gauche se sont regroupés
sur la place, mais très loin du Congrès qui était donc hors de
portée de leurs pierres, pots de peinture et autres cocktails
Molotov. Du coup, la manifestation a été plus calme.
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De son côté, le FMI s’est
manifesté hier. La guerre en Ukraine et les sanctions généralisées
contre la Russie déstabilisent en effet toute l’économie mondiale
et déclenche un surplus d’inflation qui retombe sur l’Argentine,
l’un des pays pour lesquels c’est une catastrophe sur deux autres
catastrophes, la crise sanitaire et l’endettement géant (à
hauteur de 45 milliards de dollars US dus au Fonds). L’organisme
international a fait part de ses craintes sur la capacité du pays à
respecter l’accord qui vient d’être ratifié.
Aux termes de cet accord, l’Argentine doit faire reculer l’inflation (actuellement de 51 % l’an) mais bénéficie d’une liberté d’investissement public sans autre condition au moins jusqu’en 2026, année où elle devra commencer à rembourser sa dette. C’est la première fois que le FMI s’abstient d’étrangler son débiteur. L’équipe des négociateurs argentins a peut-être réussi à lui faire quitter sa nature de boa constrictor.
Pour aller plus loin :