mardi 19 novembre 2013

Cristina revient aux affaires et chamboule tout [Actu]


Trois ans après la mort de son mari et après avoir elle-même frôlé la mort, sauvée à temps par une opération pour lui éviter un accident vasculaire cérébral, Cristina de Kirchner, dont les sondages d'opinion montrent toujours la très grande popularité personnelle, est de retour aux affaires, en chemisier blanc (voilà trois ans qu'elle n'apparaissait plus que dans le noir le plus strict) et à la tête d'un gouvernement fortement remanié, comme on pouvait s'y attendre après les élections de mi-mandat qu'elle a gagnées d'une courte tête.

Quelques grosses pointures sont écartées, parmi lesquelles le Premier Ministre et le Gouverneur de la Banque Centrale. D'autres arrivent ou reviennent.


Dans une vidéo tournée par sa fille Florencia à laquelle elle semble fusionnellement attachée, la Présidente argentine a donné des nouvelles de sa santé, avouant sans fausse pudeur qu'elle avait connu des jours très difficiles après l'opération (on la croit sans peine), et remercié les très nombreuses personnes, en Argentine et à l'étranger, qui lui ont envoyé des vœux de prompt rétablissement, en commençant la liste par les médecins, le personnel soignant et même les autres patients de la clinique qui la saluaient quand ils la croisaient dans le couloir. Avec insistance, elle a cité le cas, encourageant pour l'avenir démocratique du pays et très émouvant pour elle, affirme-t-elle, d'un jeune militant du PRO, le parti de la droite libérale fer de lance de son opposition, qui, le 17 octobre dernier, lui a souhaité une bonne fête de la Loyauté (1) et qui n'en revient pas, ce matin, qu'elle ait prêté attention à son geste de concorde civile (voir la dépêche de Télam de ce jour).


Elle a présenté un énorme pingouin en tissu, exhibant sous l'une de ses palmes orange le slogan d'une organisation militante "Organiser pour Transformer" (2) (l'oiseau polaire est un clin d'œil aux racines que Cristina s'est créé dans le sud du pays, après son mariage avec un Patagonien), et un adorable chiot blanc, très joueur et très affectueux, offert par Adán Chávez, le frère de feu Hugo. Un chien tout pareil à celui de Bolívar, celui qui planta ses crocs vaillants dans les mollets de quelque soldat pro-espagnol à la bataille de Carabobo dans l'actuel Equateur. La patriotique bestiole en mourut, transpercée par un coup de lance. Sur l'un de ses portraits historiques, le toutou est représenté aux pieds du Libertador et, pour cette raison, il a été promu chien national au Venezuela. C'était Hugo Chávez qui avait promis ce cadeau à son homologue argentine. Cristina a donc appelé la neigeuse boule de poils Simón, en hommage au héros révolutionnaire, et l'enverra bientôt vivre dans sa maison du Calafate, dans la montagne et le froid, puisque le ravissant quadrupède est un toutou de montagne.
C'est qu'il commence à faire chaud à Buenos Aires, où l'été s'approche à grands pas.


Pour en savoir plus sur le remaniement du Gouvernement, lire l'article de Página/12.
La vidéo est consultable notamment sur Clarín ainsi que sur Télam et sur le site Internet de la Présidence argentine (par ailleurs très intéressant avec sa riche arbolescence) : une vidéo où Cristina improvise un message simple et sincère, plein d'aisance et de naturel, un petit film rigolo comme tout tout et vraiment très, très, très sympa.
A remarquer que, pour une fois, les unes des journaux nationaux ne laissent pas apparaître au grand jour leurs habituels différends idéologiques. Tout au contraire puisque toutes les rédactions ont choisi la même photo. Comme si dans un moment heureux, emblématique et tout à fait exceptionnel, une communion nationale parvenait à naître, en dépit de la volonté politique affichée par beaucoup d'entretenir jusqu'à l'extrême des oppositions partisanes qui sans doute s'épuisent peu à peu avec le développement de la démocratie et le retour de la croissance.
Bref, que des bonnes nouvelles pour le moment.


(1) C'est d'autant plus remarquable que la fête de la loyauté, le 17 octobre, est vraiment une fête péroniste par définition et non pas une fête de tous les Argentins. Ce jour commémore la grande manifestation en soutien à Perón, le 17 octobre 1945, lorsque les foules amassée sur Plaza de Mayo obligèrent les antipéronistes qui venaient de prendre la tête du Gouvernement à rappeler Perón de l'île Martín García, où il avait été relégué deux jours auparavant dans le bagne militaire installé alors sur ce confetti argentin au large de la côte uruguayenne, dans le Río de la Plata.
(2) C'est ce qui manque encore le plus à l'Argentine pour se développer : de l'organisation !