lundi 4 décembre 2023

Boca Juniors sort dans la rue pour soutenir Riquelme contre Macri [Actu]

"Macri a peur", dit le titre en moquant
le slogan des électeurs de Mileí : "la casta tiene miedo"
(l'élite [de ceux qui nous gouvernent] a peur)
Debout à gauche, sur la voiture, Román Riquelme
venu soutenir et saluer ses partisans
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Hier, une marée humaine est descendue dans la rue, dans le quartier de La Boca, pour soutenir la candidature de Román Riquelme à la tête du club Boca Juniors, l’un des bastions culturels et sociaux du quartier, et rejeter celle de Mauricio Macri, qui se présente derrière le candidat titulaire, Andrés Ibarra.

Au début de la semaine dernière, une juge, qui vient d’ailleurs de se retirer du dossier (une victoire du camp Riquelme), avait interdit la tenue des élections à la tête du club qui devaient se tenir hier pour de soi-disant irrégularités dans les listes électorales du club. Jeudi, l’audience de conciliation entre l’équipe dirigeante Riquelme et celle de Macri n’avait abouti à rien (il était en fait impossible qu’elle débouchât sur autre chose qu’un échec).

Riquelme a droit à la photo centrale de La Prensa
"Une multitude pour le défilé aux drapeaux"
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Les supporters et les adhérents font en effet face à une élection importante pour l’institution : il est clair qu’avec Riquelme, le sport et le quartier, sa vie, son développement humain seront prioritaires et qu’avec Macri et consorts, le but est soit de faire de grasses affaires sur le dos des adhérents (ce que dénonce Riquelme) soit de transformer le club en un trempoline politique pour un retour de Macri à une position de force sur l’échiquier politique national.

Or dans ses manœuvres pour noyauter le futur gouvernement de Javier Mileí, après de flamboyants débuts, Macri semble être en train de se planter dans les grandes largeurs. Certes il a bien obtenu d’imposer dans l’organigramme gouvernemental certains de ses poulains, en premier lieu Patricia Bullrich, désormais confirmée au ministère de la Sécurité, qu’elle a déjà occupé sous la présidence Macri. Or aussitôt qu’elle a été confirmée, l’ancienne et future ministre s’est affranchie de son encombrant parrain. Elle navigue désormais seule à la barre de ses propres intérêts de carrière, en politicienne madrée et avide de pouvoir. Cette semaine, elle a fait à Macri un splendide (et assez réjouissant) pied de nez qui en a laissé plus d’un bouche-bée parmi les observateurs de la vie politique argentine.

Sur cette une, l'info est reléguée en info secondaire
la photo tout en haut à droite
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Par ailleurs, la foule qui est sortie hier pour soutenir Riquelme et que celui-ci, vivement applaudi, a rejointe, laisse peu de doute planer sur l’ampleur du soutien dont il jouit et permet de deviner qu’en effet, comme il a déjà été dit par plusieurs personnalités, Macri a fait jouer la justice pour gagner du temps car il était à peu près sûr de perdre le scrutin tel qu’il s’engageait la semaine dernière.

Affaire à suivre.

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article de Página/12
lire l’article de La Prensa, qui fait aussi sa une sur cette manifestation populaire (à marquer d’une pierre blanche !)
lire l’article de Clarín

Ajout du 5 décembre 2023 :

Página/12 publie aujourd’hui un portrait de la nouvelle juge en charge du dossier et cela se présente assez mal. Elle aurait déjà bénéficié de largesses de Mauricio Macri et elle est adhérente de première catégorie (socia) du club. Elle est donc juge et partie.
Pour aller plus loin :

Ajouts du 6 décembre 2023 :

La deuxième juge, une fois mise en difficulté parce que le club de Boca a révélé qu'elle était l'une de ses socia, s’est récusée. Elle a donc été remplacée par l’un de ses confrères, le troisième magistrat en une semaine sur cette affaire !
Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12
lire l’article de La Prensa
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación

"Temps additionnel", lit-on sous une pendule
aux couleurs du club Boca Juniors
sur la une du 7 décembre 2023

Ajouts du 7 décembre 2023 :
Macri a tenu une conférence de presse pour discréditer Riquelme : il a laissé entendre que ses partisans avaient menacé sa fille de douze ans et porté plainte au civil, une plainte qui sera instruite par la juge qui s’est prononcé il y a une semaine contre la tenue des élections pour cause d’irrégularités dans la liste électorale du club. Macri exige aussi de la justice qu’elle écarte des affaires courantes l’actuel bureau d’administration, parce que son mandat est échu, et place Boca Juniors sous tutelle jusqu’à l’élection du nouveau bureau, élection qui pourrait avoir lieu le 17 décembre au plus tard (après, l’Argentine tombe dans les longues vacances d’été).
Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación