Le nouveau super-ministre de
l’Économie,
qui fut celui de Mauricio Macri il y a un peu plus de quatre ans,
Luis Caputo, a présenté hier en direct à la télévision son
programme avec un jour de retard sur ce qui avait été annoncé dès
le début : comme on pouvait s’y attendre, c’est à court
terme une catastrophe qui va entraîner une pauvreté supplémentaire
soi-disant pour relancer l’économie et le développement du pays.
A ceci près que tout ce raisonnement ultra-libéral s’est toujours
jusqu’à présent heurté à un échec retentissant partout où il
a été appliqué. Une fois appauvri, le pays ne se relève que très
lentement et encore ! avec une politique d’investissement
public à marche forcée car entre temps, les jeunes ont dû renoncer
à faire des études, on manque donc de cadres compétents ; les
diplômés ont dû accepter des jobs sans qualification et ont perdu
de leur employabilité ; des postes de travail ont été perdus
en grande quantité ; des entreprises ont mis la clé sous la
porte parce que leur marché s’était effondré faute de
consommateurs en état d’acheter, etc.
Ce remède de cheval va donc
passer par une méga-dévaluation et par l’arrêt de pratiquement
toutes les subventions à compter du 1er
janvier prochain. Les factures de gaz, d’électricité et d’essence
vont faire un énorme bond, bien au-delà de ce qu’il s’était
passé il y a huit ans avec l’arrivée au pouvoir de Mauricio Macri
(et c’était assez mal passé dans l’opinion publique). Les
transports vont connaître le même sort, comme l’avait d’ailleurs
prédit une affiche électorale de Sergio Massa à la veille du
premier tour. Tout cela va rendre immédiatement très difficile pour
les personnes les plus vulnérables et une bonne partie de la classe
moyenne le trajet pour se rendre au travail, dans la mesure où les
rémunérations ne vont pas suivre et où les gens habitent la
plupart du temps très loin de leur boulot à cause de prix des
loyers exorbitants.
Mais on est tranquille :
pendant que son ministre causait dans le poste, le chef de l’État
était quant à lui très ostensiblement dans une synagogue pour
participer à la cérémonie de clôture de la fête de Hanouka !
Il a prié Dieu d’aider l’Argentine et Israël. Avec l’aide du
Ciel tout ira bien, a-t-il déclaré. Il démolit tout puis il se
tourne vers le Tout-Puissant pour prendre en charge les conséquences
de ses actes. On croit rêver !
Par ailleurs, le FMI a salué avec enthousiasme ces mesures léthales à court terme (comme d’habitude) tandis que Javier Mileí a tout de même pris la précaution d’écrire au gouvernement chinois pour négocier un autre prêt sonnant et trébuchant… pour rembourser celui accordé il y a six ans par le FMI à son ami Macri ?
La veille de son élection, le
type déblatérait encore contre la République populaire de Chine
parce que c’était une dictature, pire une dictature communiste
(Lula aussi au passage !), et promettait même de rompre les
relations diplomatiques avec Xi, alors que le pays est un des tout
premiers clients de l’Argentine qui lui vend de la viande, des
céréales, du lait en poudre et du vin en pagaille et lui achète
des tas de produits manufacturés.
"Le plan de rigueur de Mileí commence : cours officiel du dollar à 800 pesos et augmentation de l'électricité, du gaz et des transports", dit le gros titre Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Pour compenser tout cela, ce
gouvernement va augmenter les allocations familiales pour soutenir
les plus fragiles. Faudra-t-il en rire ou en pleurer bientôt ?
Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12 sur le revirement chino-diplomatique
lire l’article principal de La Prensa
lire l’article de La Prensa, quotidien catholique très à droite, sur l’espérance spirituel de ce bon Mileí et ses prières au Ciel
lire l’article principal de Clarín