Hier Javier Mileí a prêté serment, sur les Evangiles, alors qu’il prétend être en train de se convertir au judaïsme. Il a refusé d’adresser son premier discours à la représentation nationale tout en prêtant serment à l’intérieur de l’hémicycle du Sénat, tout de même.
Il a préféré parler à la
foule de ses admirateurs sur les marches de l’entrée gigantesque
du palais du Congrès.
On a pu voir aussi que sa sœur allait remplir le rôle de Première dame, en qualité de secrétaire générale de la Présidence, ce que Macri lui-même avait interdit par décret, un décret que Mileí a donc décidé d’abolir pour pouvoir travailler en famille ! En revanche, sa maîtresse du moment a été reléguée dans les derniers rangs au cours de cette première journée de présidence.
En matière de diplomatie, Mileí
va envoyer son accompagnateur spirituel, un rabbin par conséquent
(et sans doute pas des plus ouverts), comme ambassadeur en Israël.
Il semble décidément obsédé par le judaïsme puisqu’il a osé
offrir une menorah, un chandelier liturgique juif, au président
Zelenski, alors que celui-ci s’est toujours montré très réservé
par rapport à sa judéïté (qu’il n’a même pas lui-même
opposée aux élucubrations poutiniennes sur les ukro-nazis) et s’est
toujours bien gardé d’en faire étalage en public, que ce soit
hier dans sa vie d’artiste comme aujourd’hui dans sa vie
politique. Le nouveau président argentin aurait donc pu choisir un
symbole national de cette liberté qu’ils chérissent tous les deux
(mais de deux façons assez différentes visiblement) : une
réplique, même pas à l’échelle, du sabre de San Martín
par exemple (c’est un objet magnifique), un ouvrage (d’un
historien de droite bien sûr) sur l’indépendance (au hasard, les
livres de Bartolomé Mitre, qui fut à la fois le fondateur de
l’histoire de l’Argentine et l’un de ses tout premiers
présidents de la République dans la deuxième moitié du 19e
siècle, puisque aussi bien la première histoire de l’Ukraine a
été écrite par Mikhaïlo Hrouchevski, qui présidait la Rada lors
de la première indépendance, en 1917) ou une copie d’une
partition originale de l’hymne national.
"Mileí a dressé le bilan d'un héritage dramatique et a prévenu que des temps très durs vienent", dit le gros titre sur une autre photo du nouveau mandataire au balcon |
Le choix confessionnel fait hier augure assez mal de la place que va en effet occuper la culture dans la politique à venir au cours des quatre prochaines années.
Autre changement considérable en politique étrangère : l’Argentine a déjà annoncé depuis plusieurs jours qu’elle renonçait à faire partie des BRICS et la nouvelle titulaire du portefeuille vient de faire savoir que le pays entendait entrer à l’OCDE. Pour l’Ukraine, c’est bien et même on peut espérer que ce soit très bien. Pour les Argentins, je ne suis pas sûre que ça apporte une quelconque solution à la crise qu’ils subissent depuis le covid.
Pour la politique intérieure,
dans son discours d’hier, Mileí a annoncé que l’inflation
pourrait atteindre très prochainement le taux de 15 000 %
(quinze mille pour cent) et qu’il va couper court sur le champ dans
les dépenses de l’État : fini les subventions et disparu le
contrôle (négocié et donc très limité) des prix de quelques
produits de première nécessité. Les premiers rapports de l’INDEC
en janvier risquent d’être saignants.
"Mileí ouvre une nouvelle ère : il n'y a pas d'alternative à la rigueur et au choc", titre le journal fondé par Bartolomé Mitre Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
En revanche, on craignait une disparition totale du ministère de la Femme et de l’égalité de genre. Il demeure mais avec rang de secrétariat d’État au sein du nouveau ministère du Capital humain où vont se côtoyer pêle-mêle l’Éducation, la Santé, la Culture, la Recherche et j’en passe.
C’est tellement le bazar que les journaux ne reproduisent pas en ligne leur article de une ! Vous vous contenterez donc des images de ces premières pages de ce matin.
Pour aller plus loin :
lire l’article de La Nación reproduisant ce discours in extenso.