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Les chercheurs du CONICET,
l’équivalent en Argentine du CNRS en France, se mettent en grève
pour protester une nouvelle fois contre les pertes abyssales de budget pour la
recherche fondamentale et appliquée en Argentine sous le
gouvernement Mileí, qui hait tout ce qui relève du savoir et de la
culture et qui voit dans ces chapitres budgétaires des dépenses
inutiles et parasitaires, alors qu’il s’agit d’investissements
dans l’avenir et dans le prestige international du pays.
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La femme : Comme ça, "tout marche selon le plan" ? C'est un vrai désastre, oui ! Mileí : Eh, c'est ça, le plan. Dessin à la Poutine de Paz et Rudy, le 3 août dernier Traduction © Denise Anne Clavilier Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Lui qui, comme Trump, prétend
vouloir rendre à son pays le rôle de puissance mondiale que,
d’après lui, l’Argentine avait au début du 20e
siècle. Pure fantaisie de sa part puisqu’il confond puissance
politique et économique avec le ratio du produit intérieur brut par
tête. Certes, ce ratio PIB par tête était très élevé vers 1900
d’autant que le pays était beaucoup moins peuplé qu’aujourd’hui,
mais la répartition très inégalitaire de cette richesse nationale
ne profitait qu’à quelques centaines de familles richissimes. Rien
à voir donc avec la puissance politique et économique qu’un pays
peut exercer, pour de toutes autres raisons d’ailleurs, à
l’échelle de la planète. Vers 1900, il y avait deux grandes
puissances à l’échelle mondiale, c’était la Grande-Bretagne et
la France, qui s’appuyaient sur des empires coloniaux gigantesques
et une présence sur tous les continents. Des pays comme l’Allemagne,
l’Autriche-Hongrie, l’Empire russe, la Belgique (avec le Congo)
et les Pays-Bas (avec une série de possessions dans le Pacifique)
venaient derrière. L’Empire ottoman n’en était plus, ni
l’Espagne, ni le Portugal, ni la Chine, ni le Japon. Quant aux
États-Unis,
ils n’existaient même pas encore sur ce type de carte.
Aujourd’hui, c’est surtout
Página/12,
le quotidien de gauche, qui s’intéresse à cette protestation des
scientifiques. Au point d’en faire sa une.
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Le gars derrière : T'as vu ? Il y a des scientifiques du Conicet au fond de l'eau Le petit devant : Ouais, comme la majorité des Argentins Dessin des mêmes auteurs, paru hier à la Une de Página/12 Traduction © Denise Anne Clavilier Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Il se trouve que depuis quelques
jours, une équipe d’océanographes a mis en ligne un streaming en
direct et en couleurs des fonds marins du Mar Argentino, qui longe la
côte atlantique du pays. Et ce que les Argentins découvrent au fond
de leurs eaux territoriales les émerveille à juste raison. Faune,
flore, coraux, minéraux, ce que nous montre la caméra du Conicet
jour après jour est à tomber à la renverse. Le streaming fait donc
un carton !
Mais l’expression populaire
« estar en el fondo del mar » ou « estar bajo el
mar » (être au fond de la mer) correspond aussi à notre
« être sous l’eau » : les deux expressions
décrivent une situation précaire et presque sans issue. Ce avec
quoi Daniel Paz et Rudy n’ont pas manqué ces jours-ci de jouer dans leurs
vignettes à la une de Página/12.
Demain ou après-demain, on verra
bien comment le reste de la presse traite cette manifestation des
chercheurs, toutes disciplines confondues. Pour l’heure, c’est
l’indifférence partagée.
© Denise Anne Clavilier
Pour aller plus loin :