Aujourd'hui, Buenos Aires et tout le reste du pays votent. Il s'agit des toutes premières élections primaires obligatoires (d'où le P, pour primaires, et le O, pour obligatoires), pour tous les parties et toutes les élections dont le premier tour interviendra le 23 octobre prochain : élection à la Présidence de la République (de la Nación, en argentin dans le texte), élections sénatoriales partielles (seules huit Provinces sont concernées), renouvellement de la Chambre des Députés au niveau national. Au niveau des Provinces, ces primaires concernent aussi la presque totalités des gouverneurs et des chambres législatives locales (legislaturas) ainsi que la quasi totalité des municipalités, y compris les capitales provinciales. Cette formule a force de loi depuis l'année dernière, il s'agit pour le Gouvernement en fonction d'une avancée de la démocratie pour permettre au peuple d'intervenir dans la vie des partis politiques et éviter, au moins en droit, de se faire imposer comme candidat n'importe quel gugusse comme cela s'est très souvent produit dans l'histoire, et à tous les niveaux de responsabilité.
L'organisation de ce scrutin multiple n'est donc pas à la charge des partis mais placée sous la responsabilité de l'Etat, qui a désigné les membres de tous les bureaux de vote, tandis que les organisations politiques ont désigné pour leur part chacun leur fiscal (procureur),c'est-à-dire leur représentant ou observateur contradictoire, qui va surveiller le bon déroulement du vote chacun pour le compte de sa formation. Les bureaux de vote et les listes électorales (patrón electoral) sont donc les mêmes que pour les élections effectives aux mandats à pourvoir. En général, ces bureaux sont installés dans les écoles et, pour ce que j'ai pu en voir dans le quartier où je suis installée, ils fonctionnent car on y observe sans peine les entrées et sorties en bon ordre ainsi ques des électeurs qui examinent soigneusement le patrón affiché à l'entrée du bureau. Etant étrangère, je me suis bien gardée de mettre un seul pied dans une école, même toutes portes ouvertes (et j'ai bien du mérite car j'habite à deux pas du fameux Colegio Nacional, l'un de ceux dont les élèves se gèlent faute de chauffage et avec des lambeaux de plafond qui leur dégringolent tous les quatre matins sur la tête, le tout dans l'enceinte pourtant classée monument historique de la vénérable Manzana de las Luces, ancienne maison provinciale de la Compagnie de Jésus devenu un grand centre culturel animé par l'église San Ignacio et la très laïque Université de Buenos Aires ensemble). J'attends donc de vivre en direct sur le canal de la télévision publique la soirée électorale à la clôture des bureaux de vote.
Dans Buenos Aires, c'est la police fédérale qui est déployée dans les rues, un peu plus présente qu'un jour ordinaire, me semble-t-il, puisque les agents sont placés par deux au moins en sentinelles à proximité des bureaux (d'habitude le vigilante est tout seul à son carrefour et s'ennuie ferme...). Les voisins s'interpellaient dans la rue ce matin en se souhaitant de bien voter ou en se rappelant mutuellement ce devoir à accomplir. Hier, le chanteur Horacio Molina, qui partageait la soirée comme tous les samedis depuis plus de 3 mois avec Amelita Baltar, à Clásica y Moderna (1), nous a livré un véritable sketch sur ce devoir civique sacré (patrio, pour être plus exact) et sous l'apparence légère et fantaisiste, j'ai pour ma part entendu une véritable exhortation à ne pas sécher un tel devoir civique. Il faut dire que le vote a beau être obligatoire ici depuis l'adoption de la Loi Saenz Peña en 1912, le taux de participation est loin du 100%. Rappelez-vous mon article sur le premier tour des élections dans la Ville de Buenos Aires, le 10 juillet, où le quotidien de gauche Página/12 se félicitait d'un taux de participation de 75% ! Et au deuxième tour, ce taux a encore baissé... On n'est pas en Belgique ici !
Dans Buenos Aires, c'est la police fédérale qui est déployée dans les rues, un peu plus présente qu'un jour ordinaire, me semble-t-il, puisque les agents sont placés par deux au moins en sentinelles à proximité des bureaux (d'habitude le vigilante est tout seul à son carrefour et s'ennuie ferme...). Les voisins s'interpellaient dans la rue ce matin en se souhaitant de bien voter ou en se rappelant mutuellement ce devoir à accomplir. Hier, le chanteur Horacio Molina, qui partageait la soirée comme tous les samedis depuis plus de 3 mois avec Amelita Baltar, à Clásica y Moderna (1), nous a livré un véritable sketch sur ce devoir civique sacré (patrio, pour être plus exact) et sous l'apparence légère et fantaisiste, j'ai pour ma part entendu une véritable exhortation à ne pas sécher un tel devoir civique. Il faut dire que le vote a beau être obligatoire ici depuis l'adoption de la Loi Saenz Peña en 1912, le taux de participation est loin du 100%. Rappelez-vous mon article sur le premier tour des élections dans la Ville de Buenos Aires, le 10 juillet, où le quotidien de gauche Página/12 se félicitait d'un taux de participation de 75% ! Et au deuxième tour, ce taux a encore baissé... On n'est pas en Belgique ici !
Bien entendu, les entités fédérées qui ont déjà procédé à leurs élections locales comme Tierra de Fuego et la Ville autonome de Buenos Aires, dont les deux mandataires sortant ont été renouvelés à la tête de l'exécutif (les deux élections anticipées aux résultats les plus spectaculaires), ne participent à ces primaires que de manière simplifiée, c'est-à-dire pour les deux ou trois scrutins de niveau national qui les concernent. Ainsi à Buenos Aires, on ne vote que pour départager les pré-candidats à la Présidence de la Nation et à la Chambre des Députés. Il n'y aura pas d'élections sénatoriales dans la Capitale (je mets une majuscule comme on le fait en Argentine, mais j'ajoute l'article, que l'on ne met jamais ici).
Pour vous donner une idée des dilemmes des électeurs, la Cour Electorale, instance judiciaire responsable du bon déroulé des scrutins, a reçu et validé 313 listes pour les pré-candidats aux élections législatives dans tout un pays qui compte 25 entités fédérées et 10 binômes pour la Présidence et la Vice Présidence de la Nation, où le suspense est nul puisqu'il n'y a qu'un seul binôme par parti, les partis ayant en fait procédé à des primaires privées officieuses dans le jeu de leurs instances dirigeantes, les plus mal placés des pré-candidats s'étant en général désistés au profit des mieux placés, ne serait-ce que pour s'éviter une veste humiliante au niveau du scrutin public. C'est ainsi que Julio Cobos, pourtant actuel Vice Président, a cédé le pas à Ricardo Alfonsín à l'UCR, ex-bastion de la gauche, avant que ce dernier tâche de nouer des alliances électorales surprenantes avec le PRO, parti de la droite ultra-libérale... Il serait bien entendu fastidieux de décompter le nombre total de pré-candidatures déclarées pour les Gouverneurs, les Legislaturas provinciales et les collectivités locales qui renouvellent leur conseil municipal.
(1) Dès que je le peux, je vous fais un retour sur images sur cette très belle soirée musicale où tous les deux ont fait preuve d'un sens du spectacle et de l'interaction avec le public éblouissant et je ne vous parle pas des voix et du choix du répertoire. Avec ça, on a eu droit à plusieurs sketches de l'un et de l'autre, avec des imitations en tout genre hilarantes, et à un avant-goût du prochain disque de Amelita Baltar, dont j'aurai tout loisir de vous parler dans les prochains mois, lorsqu'il sortira...