mardi 12 novembre 2013

Au tour de Facundo Cabral d'inspirer le titreur [Actu]


Sur la une de ce matin de Página/12 (ci-dessus), vous avez reconnu la Présidente argentine, Cristina de Kirchner, qui vient de subir avec succès une lourde opération chirurgicale pour lui éviter un accident cérébral. Un mois plus tard, elle va bien et les médecins l'ont autorisée à reprendre ses activités progressivement, avec retour au rythme normal lundi prochain. C'est à ce retour au travail (trabajo) que fait allusion ce gros titre : de la maison au travail. Reprise d'une chanson de l'auteur-compositeur interprète Facundo Cabral, De casa al trabajo del trabajo a casa. La chanson, très entraînante et au refrain obsédant, raconte l'aliénation par le travail d'une femme du peuple pas vraiment aidée par son entourage.

Donc cette fois-ci, la citation du gros titre n'est pas tirée d'un tango. Il faut de tous les genres pour faire une culture nationale et Facundo Cabral, qui n'était ni tanguero, ni rockero, ni folclorista, fait désormais partie du panthéon des grands de la culture argentine depuis qu'hélas une rafale d'arme automatique a mis fin à sa vie à Managua dans des circonstances jamais tirées au clair (voir mon article du 10 juillet 2011). Or le choix de cette référence est d'autant plus drôle que la Présidente ne fait pas à proprement parler partie de la classe laborieuse (même si ses partisans de Página/12 l'y assimile volontiers) et qu'on sait qu'elle n'a jamais vécu à la Casa Rosada, qui lui sert de bureau, mais qu'elle a emménagé, dès l'élection de son mari aux fonctions suprêmes en 2003, à la résidence d'Olivos, séparée de Buenos Aires par des kilomètres et des kilomètres d'inextricables embouteillage sur la grande Avenida del Libertador. Pour se rendre de l'un à l'autre lieu, elle prend donc l'hélicoptère, à heures presque fixes, matin et soir, presque tous les jours (1).

De casa al trabajo, del trabajo a casa, interprété par Facundo Cabral

En manchette, la vignette de Rudy et Paz fait allusion à des propos scandaleux (en tout cas dans l'interprétation polémique qui en est faite) d'un conseiller en communication de Mauricio Macri, qui a prétendu qu'Hitler était un type "formidable" (espectacular). Aussitôt toute la gauche et la militance des droits de l'homme (c'est tout un en Argentine) s'est levé pour exiger des excuses, voire des poursuites judiciaires. Même les ténors du PRO, le parti de Macri, ont désavoué le conseiller en question. Or parmi ces ténors, il y a un rabbin, très mondain et passablement bling bling, une vraie publicité pour dentifrice ultra-bright, Sergio Bergman, qui vient tout juste d'être élu député à la Legislatura et qui en avale ses très exotiques kippas. Bergman, outré (il y a de quoi), a déclaré qu'il exigerait des excuses dès le retour au pays du conseiller nazifiant (qui s'est barré à l'étranger après ses propos explosifs). Même le frère de Macri, maire dans la banlieue de Buenos Aires, a rejeté ces dires inqualifiables (voir l'article de Página/12). Il est possible que l'homme soit appelé à répondre de ses déclarations devant la justice argentine. Tout cela a donné une idée à nos duettistes de manchette :

Macri à sa secrétaire : A noter sur mon agenda pour demain. Chercher un conseiller image à mon conseiller image.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Sur l'autre manchette, à droite, le titre fait référence à la vente à une société financière, le Fonds Fietech, de la société Telecom Argentina par le groupe Italia Telecom qui se désengage du marché argentin.


(1) Quand je séjourne à Buenos Aires, je vis à Monserrat et très régulièrement, j'entends le vrombissement de l'engin qui passe au-dessus de nos têtes...