Le
quotidien du Vatican continue à publier dans ses colonnes des
extraits de l'ouvrage de Nolo Scavo, journaliste du quotidien
catholique Avvenire, La Lista di Bergoglio (la liste de Bergoglio),
une enquête qu'il a menée sur les sauvetages opérés
par le Père Jorge Mario Bergoglio, sj, sous la dictature
militaire. L'ouvrage est sorti jeudi à Bologne, en italien
bien entendu.
Dans
son édition d'hier datée d'aujourd'hui, L'Osservatore
Romano s'empare du sujet le plus délicat, l'affaire qui est à
l'origine de toutes les calomnies contre le futur Pape François,
l'épisode Yorio-Jaliks qui a fait les choux gras de la presse
anticléricale argentine sous l'influence de Horacio Verbitsky
(et de Página/12) comme j'ai eu l'occasion de l'expliquer à
plusieurs reprises en mars de cette année (sous le mot-clé
Pape François dans le bloc Pour chercher, para buscar, to
search ci-dessus). "Réponse
du berger à la bergère",
comme disent depuis des décennies nos journalistes
francophones sur toutes les ondes : le récit de Nolo
Scavo démonte méthodiquement et tranquillement les
théories (calomnieuses) de Verbitsky. Avec la photo du Père
Jaliks en prime ! (1)
Nolo
Scavo s'appuie sur les déclarations du prélat devant la
justice argentine où il explique avoir rencontré feu Videla (alors général, récemment
mort en prison) et feu Massera (alors amiral, mort en liberté,
protégé par un "quarteron
de marins en retraite"
nostalgiques du "bon
vieux temps") pour
obtenir leur intervention et avoir cherché le contact avec
l'aumônier militaire nommé auprès des officiers
qui évoluaient dans les centres de torture et de détention
clandestine, comme l'ex-ESMA à Palermo et d'autres lieux un
peu moins renommés. Le journaliste italien est aussi allé trouver une avocate, Alicia Oliveira, qui travaille au sein même du
CELS (centre d'études légales et sociales), une
institution des droits de l'Homme que préside précisément...
Horacio Verbitsky !
Et
toc !
La
Lista di Bergoglio - I Salvati di Papa Francesco sera présenté
à Rome le 7 octobre prochain, au siège de la revue
jésuite italienne Civiltà
Cattolica.
L'article
occupe le quart de page en haut à droite, le quart de page de
gauche est consacré à un autre sur les deux religieuses
françaises enlevées et tuées par la Dictature
argentine. Soit plus d'une demi-page sur cet épisode
historique douloureux et important dans l'histoire du monde et dans
la vie de l'actuel Souverain Pontife.
Ajout du 6 octobre 2013 :
Ce matin, pour la première fois depuis le 15 mars dernier, Página/12 publie un nouvel article de Horacio Verbitsky sur ses vieilles accusations de complicité du Pape avec la Dictature argentine. Le journaliste, ou plutôt le polémiste, défend ses thèses avec agressivité, en persiflant ses détracteurs là où la rédaction de Página/12, d'ordinaire sûre de son bon droit, fait preuve d'un humour franc et de bon aloi. Il arrange et interprète les faits qu'il entend dénoncer en fonction des besoins de sa démonstration. Ainsi ignore-t-il superbement l'existence de L'Osservatore Romano, préférant accuser Avvenire de cacher la date de la rencontre entre le Pape et le Père Jaliks (or il s'agit d'une audience tout ce qu'il y a de plus officiel, inscrite à l'agenda public du Pape dans la journée d'hier samedi, au milieu d'autres audiences qui n'ont pas donné lieu à publication de photos, comme c'est le cas pour la plupart des entretiens qu'accorde le Saint Père du lundi au samedi, toutes les semaines).
Ce matin, Verbitsky récuse donc les propos de Avvenire sous prétexte que ce quotidien (ouvertement catholique (2), comme les journaux La Croix ou La Libre Belgique) serait aux ordres de l'épiscopat italien, comme si Página/12, de son côté, était un journal exempt de tout parti pris idéologique. Avec un manque de confraternité assez choquant, il faut bien le dire, il met en doute le sérieux et l'honnêteté de l'enquête du journaliste Nolo Scavo sous prétexte que le livre de celui-ci est publié par Avvenire, le journal qui l'emploie (comme si Página/12 n'avait jamais aucune part aux publications de ses propres collaborateurs). Enfin, il déverse son mépris sur le Prix Nobel de la Paix Pérez Esquivel qui aurait fait volte-face au lendemain de l'élection de François alors qu'en fait, cela faisait beau temps qu'il avait modifié ses positions publiques... Et le reste de l'article à l'avenant.
De toute évidence, à moins d'un miracle, le polémiste ne lâchera pas sa proie, même mis devant l'évidence que ses prises de position sont contestées au sein même du CELS.
Pour les progrès démocratiques du paysage médiatique argentin, il est donc souhaitable que Página/12, lui, saura vite reprendre sa recherche d'une information plus objective et moins manipulatrice, qui s'éloignera de plus en plus des modèles que lui-même dénonce à longueur d'année chez ses concurrents Clarín et La Nación.
Pour lire l'article de Página/12 aujourd'hui, cliquer sur le lien.
Ce matin, pour la première fois depuis le 15 mars dernier, Página/12 publie un nouvel article de Horacio Verbitsky sur ses vieilles accusations de complicité du Pape avec la Dictature argentine. Le journaliste, ou plutôt le polémiste, défend ses thèses avec agressivité, en persiflant ses détracteurs là où la rédaction de Página/12, d'ordinaire sûre de son bon droit, fait preuve d'un humour franc et de bon aloi. Il arrange et interprète les faits qu'il entend dénoncer en fonction des besoins de sa démonstration. Ainsi ignore-t-il superbement l'existence de L'Osservatore Romano, préférant accuser Avvenire de cacher la date de la rencontre entre le Pape et le Père Jaliks (or il s'agit d'une audience tout ce qu'il y a de plus officiel, inscrite à l'agenda public du Pape dans la journée d'hier samedi, au milieu d'autres audiences qui n'ont pas donné lieu à publication de photos, comme c'est le cas pour la plupart des entretiens qu'accorde le Saint Père du lundi au samedi, toutes les semaines).
Ce matin, Verbitsky récuse donc les propos de Avvenire sous prétexte que ce quotidien (ouvertement catholique (2), comme les journaux La Croix ou La Libre Belgique) serait aux ordres de l'épiscopat italien, comme si Página/12, de son côté, était un journal exempt de tout parti pris idéologique. Avec un manque de confraternité assez choquant, il faut bien le dire, il met en doute le sérieux et l'honnêteté de l'enquête du journaliste Nolo Scavo sous prétexte que le livre de celui-ci est publié par Avvenire, le journal qui l'emploie (comme si Página/12 n'avait jamais aucune part aux publications de ses propres collaborateurs). Enfin, il déverse son mépris sur le Prix Nobel de la Paix Pérez Esquivel qui aurait fait volte-face au lendemain de l'élection de François alors qu'en fait, cela faisait beau temps qu'il avait modifié ses positions publiques... Et le reste de l'article à l'avenant.
De toute évidence, à moins d'un miracle, le polémiste ne lâchera pas sa proie, même mis devant l'évidence que ses prises de position sont contestées au sein même du CELS.
Pour les progrès démocratiques du paysage médiatique argentin, il est donc souhaitable que Página/12, lui, saura vite reprendre sa recherche d'une information plus objective et moins manipulatrice, qui s'éloignera de plus en plus des modèles que lui-même dénonce à longueur d'année chez ses concurrents Clarín et La Nación.
Pour lire l'article de Página/12 aujourd'hui, cliquer sur le lien.
(1)
Le Père Jaliks, sj. vit actuellement en Allemagne, au sein d'une
communauté jésuite. Il a démenti à
plusieurs reprises ses propres soupçons, à la fin de la
dictature militaire, quant à la loyauté de son
ex-Provincial à son égard au moment de son arrestation
par l'Armée puis de ses cinq mois de séquestration.
(2) En Argentine, il n'y a pas de grand quotidien national d'obédience catholique et de caractère confessionnel. Les périodiques catholiques font des petits tirages (rien à voir à ce qu'est La Vie en France par exemple). De même, il n'y a jamais eu en Argentine de courant patronal catholique comme on en a connu en Europe dès la seconde moitié du XIXème siècle.
(2) En Argentine, il n'y a pas de grand quotidien national d'obédience catholique et de caractère confessionnel. Les périodiques catholiques font des petits tirages (rien à voir à ce qu'est La Vie en France par exemple). De même, il n'y a jamais eu en Argentine de courant patronal catholique comme on en a connu en Europe dès la seconde moitié du XIXème siècle.