C'est
un petit miracle (milagro) dont témoignerait l'édition
de ce matin de Página/12. Preuve s'il en est que ce journal
fait un peu plus qu'accompagner l'épanouissement de la
démocratie dans le pays dont le personnel politique évolue
peu à peu vers des mœurs
de plus en plus pacifiques...
Hier
matin, on apprenait que la Présidente devait prendre un mois
de repos par ordre de la faculté (1). Ce n'est pas la première
fois qu'elle doit ainsi alléger son agenda officiel. Et cette
fois-ci, alors qu'on est dans les toutes dernières semaines de
la campagne pour les élections de mi-mandat où ses
candidats ne partent pas favoris, les messages de soutien et de
prompt rétablissement émanent non seulement des chefs
d'Etat voisins mais aussi de son opposition intérieure ! Parmi
ces expéditeurs, on trouve les noms de De La Sota, de Macri et de
Solanas, qui d'ordinaire ne reculent devant aucun argument pour
attaquer et discréditer la politique du Gouvernement national,
en insultant au besoin la Présidente. C'est la première
fois que je constate cette marque de considération humaine
envers sa personne et cela me surprend d'autant plus que la campagne
est vraiment électrique et que plusieurs événements
internationaux jettent en ce moment la diplomatie continentale de l'Argentine dans des difficultés durables (par rapport à l'Uruguay, par
rapport à la justice de New-York, par rapport au paiement de
la dette...)
Un
éditorialiste de Página/12 tente de comprendre ce qu'il
se passe. Serait-ce que ces opposants, d'ordinaire si mal embouchés,
préfèrent continuer à s'acharner sur la même
tête-de-Turc que d'avoir à changer leur stratégie
face à une nouvelle personnalité ?
Pour
en savoir plus :
(1)
Le communiqué médical a été publié
par la Casa Rosada et de mauvaises langues (ou pas si mauvaises que
ça) en déduisent que la Présidente joue avec les
nouvelles de sa santé pour galvaniser ses partisans qui l'ont
quelque peu abandonnée en août lors des Primaires
obligatoires (PASO), qui ont qualifié les candidats
uninominaux et les têtes de liste aux élections qui se
tiendront ce mois-ci. Elle jouerait de l'attachement sentimental au
chef (caudillo) typique de toute la tradition de la gauche argentine
depuis plus de deux cents ans, toujours exacerbé et
spectaculaire pour les Européens que nous sommes. Si c'est le
cas, les opposants cherchent peut-être à vider de son
sens cette sentimentalité péroniste.