Dans
San Martín par lui-même et par ses contemporains, en souscription
jusqu'au 30 avril 2014 aux Editions du Jasmin, j'ai rassemblé une
bonne trentaine d'auteurs qui se partagent trois langues :
l'espagnol, largement majoritaire comme on s'en doute, l'anglais et
le français, le tout sur 384 pages.
Aujourd'hui,
je vous présente les auteurs individuels.
Je
garde pour un autre jour les groupes d'officiers, les juntas
gobernativas (ou collèges gouvernementaux), congrès constituants ou corps législatifs et autres cabildos qui ne
manquèrent pas de rendre hommage à San Martín ou de lui décerner
des récompenses tantôt pour ses victoires, tantôt pour la sagesse
de sa pratique gouvernementale.
*
* *
En
espagnol (chacun de ces textes est présenté avec sa traduction en
vis-à-vis)
Quelques uns des alliés politiques de San Martín choisis
parmi les auteurs rassemblés dans le recueil
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parmi les auteurs rassemblés dans le recueil
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José
de San Martín, lui-même (c'est dans le titre), Yapeyú, 25 février
1778- Boulogne-sur-Mer, 17 août 1850, Argentin.
En
ce qui le concerne, je vous renvoie à un ouvrage précédent, San
Martín, à rebours des conquistadors, et à tous mes articles déjà
publiés, que vous ferez remonter en page d'accueil en cliquant sur
son nom dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search,
ci-dessus.
Juan
Bautista Alberdi, San Miguel de Tucumán, 29 août 1810 – Neuilly
sur Seine, 19 juin 1884, Argentin.
Juriste,
compositeur, pianiste, poète, écrivain et immense intellectuel
argentin porté par le courant libéral français qui aboutit, en
Europe, en 1848, aux premières structures démocratiques et sociales
(suffrage universel, liberté de la presse, liberté de candidature,
lutte contre la corruption, abolition définitive de l'esclavage,
etc.). C'est à Paris, en 1843, qu'il rencontra San Martín et cette rencontre l'a
profondément ému. Avec lui, vous prendrez pour la première fois un
moyen de locomotion ultra-moderne, spectaculaire et très rapide. Les
Français appellent cela "chemin
de fer"
et en 1843, on va si vite (45 km/h au grand maximum) que le long de
la voie ferrée, les arbres défilent en sifflant comme une balle à
vos oreilles...
Juan
de la Cruz Mourgeón, Espagne, 1775 ? - Quito, 8 avril 1822,
Espagnol.
Ce
héros de la victoire de Bailén avait distingué le jeune capitaine
San Martín, qui servait sous ses ordres. C'est à cette époque
qu'on le rejoint, en 1808, quand il est encore du "bon
côté"
de l'Histoire occidentale.
Ce
digne serviteur de l'Etat d'Ancien Régime devint en effet le dernier
vice-roi de la Nouvelle-Grenade (Amérique centrale). Noble et
valeureux, il est mort en combattant Bolívar. Quelques mois plus
tôt, alors que San Martín investissait les côtes péruviennes et
que les royalistes avaient pu craindre qu'il monte s'emparer
immédiatement de Guayaquil, il avait écrit à Madrid qu'il
l'attendait, les armes à la main, prêt à l'affronter le moment
venu.
Albert Antoine
Mallet (ou Malet), marquis de Coupigny de Lignereuil, Arras, 1759 – Madrid, 12 juin
1825. Français naturalisé espagnol (si toutefois ce terme a un sens à cette époque-là).
Co-vainqueur,
avec le Suisse Théodore Reding, à Bailén, en Andalousie, contre
l'Empire français.
Il appartenait à la branche Lignereuil d'une
famille française anciennement enracinée dans la région Artois-Picardie-Normandie et dont le lignage remonte au XIIIème siècle. De
lui, en croisant de nombreuses sources espagnoles, belges et
françaises (délibérément contre-révolutionnaires dans ce dernier cas), j'ai pu déterminer qu'il
est entré en 1776 aux gardes wallonnes, soit comme cadet (élève officier), dit-on dans l'Espagne de 2008, soit comme enseigne (officier subalterne), dit-on en Belgique (en 1858). Il n'était encore que lieutenant quand, en 1794, il fut fait prisonnier des
Français à la fin de la guerre du Roussillon, appelée aussi guerre de la
Convention, au cours de laquelle San Martín fut lui aussi fait prisonnier, à Collioure,
quelques mois après avoir reçu, sur le champ de bataille, son premier grade, celui de second sous-lieutenant, à l'âge d'à peine plus de quinze ans.
(Juste pour voir, faites un rapide calcul mental et comparez l'ascension de San Martín à celle du très aristocratique Coupigny. C'est éclairant).
(Juste pour voir, faites un rapide calcul mental et comparez l'ascension de San Martín à celle du très aristocratique Coupigny. C'est éclairant).
Ayant
repéré San Martín dès le début de la guerre d'indépendance
d'Espagne contre l'Empire français et peut-être même avant,
lorsqu'ils servaient tous deux dans les Pyrénées, le général Coupigny en avait fait
son aide de camp en juin 1808 alors qu'il était major depuis quelque temps (à trente ans).
Malgré la divergence idéologique
entre le marquis absolutiste issu d'une ancienne famille d'Artois
ultra-traditionaliste au service du roi d'Espagne depuis plus d'un
siècle, et le jeune révolutionnaire assidûment nourri de la
philosophie des Lumières, malgré l'inégalité sociale
irréductiblement marquée entre le fils d'hidalgo et l'aristocrate
titré, doublée d'une très stricte hiérarchie militaire, ils
eurent l'un pour l'autre une amitié dont rendent témoignage ces
deux billets que Coupigny écrivit à son cadet dans la seconde moitié de 1808 et au début de 1809 et que j'ai traduits à la page 26 de mon prochain
livre.
Bernardo
de Monteagudo, San Miguel de Tucumán, 20 août 1789 – Lima, 28
janvier 1825, Argentin.
Dans
San Martín par lui-même et par ses contemporains, il exerce surtout
les fonctions de journaliste, comme auteur du plus célèbre article
de la Gaceta de Buenos Aires. Mais après ce travail de rédacteur du
journal officiel de l'Argentine balbutiante, il fit mille choses
avant d'être assassiné au Pérou et c'est une autre histoire!
Bernardo
Rivadavia, Buenos Aires, 20 mai 1780 – Cadix, 2 septembre 1845,
Argentin.
Dans
le film, c'est un méchant, façon raciste obtus. Et cela ne s'est
pas amélioré avec le temps... Et c'est sans doute pour cette
ignoble stratégie qu'il a développée tout au long de sa carrière
politique que la Generación del Ochenta en Argentine a trouvé en
lui son inspiration, au point de donner son nom à l'artère
principale de Buenos Aires, qui détermine la numérotation des rues
dans toute la capitale argentine.
Sur
ce qu'est la Generación del Ochenta, voir le Vademecum historique dans la
partie médiane de la Colonne de droite.
Gervasio
Posadas, Buenos Aires, 18 juin 1757 – ibidem, 2 juillet 1833,
Argentin.
Le
premier Directeur suprême des Provinces-Unies du Río de la Plata,
future République argentine.
Juan
Martín de Pueyrredón, Buenos Aires, 17 décembre 1777 – ibidem,
13 mars 1850, Argentin.
Le
premier Directeur suprême des Provinces-Unies indépendantes. Sa
sagacité politique, sa préférence pour la conciliation jusqu'à
l'éclatement de la guerre civile, son sens de l'humour, à peu près
égal à celui de San Martín, nous rendent leur correspondance
étonnamment familière. On y perçoit la fraternité pleine de
jeunesse et de joie, qui liaient ces deux hommes sûrs de la
légitimité de la cause à laquelle ils consacraient l'un et l'autre
toutes leurs forces.
Francisco
Marcó del Pont, Vigo, 1770 – Luján de Cuyo, 1819, Espagnol.
Dans
le film, il joue lui aussi le rôle d'un méchant. D'un méchant et
d'un lâche – le rôle rêvé pour un acteur de composition. Vaincu par San Martín à Chacabuco, rattrapé in extremis par un détachement de grenadiers à cheval sur le port de Valparaíso, il
a mal fini, comme tous les méchants de cinéma.
Remedios
de Escalada La Quintana de San Martín, Buenos Aires, 20 novembre 1797 –
ibidem, 3 août 1823, Argentine.
J'ai
choisi, au dernier moment, d'intégrer au recueil la seule lettre
manuscrite qu'il nous reste d'elle. Un trésor précieux conservé au
Museo Histórico Nacional à Buenos Aires, situé dans le Parque
Lezama, en plein San Telmo. A la page 86.
Vicente
Pérez Rosales, Santiago del Chile, 5 avril 1807 – ibidem, 6
septembre 1886, Chilien.
Grand
écrivain dont l'autobiographie, présentée toutefois comme s'il
s'agissait d'un roman, est classée parmi les classiques de la
littérature chilienne. D'une plume vive, il reconstitue pour nous la
libération de son pays natal, à laquelle il a assisté du haut de
ses dix ans. Sa contribution commence à la page 87.
Bernardo
O'Higgins, Chillán, 20 août 1778 – Lima, 24 octobre 1842,
Chilien.
Le
premier Directeur suprême du Chili indépendant et non reconquis, ce
qui se connaît dans la geste chilienne comme la Patria Nueva.
Fils
naturel d'un vice-roi du Pérou tout droit venu de la verte Erin
(comme son nom l'indique assez bien), Ambrosio O'Higgins, il fut un
ami intime de San Martín. Et -le croiriez-vous ?- l'implacable
capitaine de guerre berçait dans ses bras la petite Mercedes quand à
Mendoza, il préparait la traversée des Andes avec le papa du bébé,
qui n'avait alors pas plus de quatre mois. Il est le héros de
Chacabuco.
Voir mon article du 12 février sur cette victoire
capitale et les vidéos que j'y ai intégrées.
James
Duff, quatrième comte Fife, Aberdeen, 6 octobre 1776 – Banff (1),
5 mars 1857, Irlando-écossais, pair d'Ecosse et d'Angleterre.
Un
beau personnage, romantique à souhait. Un libéral de haute volée
triplé d'un officier valeureux (il a fait la guerre d'indépendance de l'Espagne du côté anglo-espagnol de 1808 à 1811) et d'un fidèle serviteur de la
monarchie britannique, très bien placé dans la hiérarchie de cour
d'où il pouvait donner à San Martín, là-bas, aux antipodes, les
avis les plus pertinents. Actif lobbyiste de l'indépendance
sud-américaine et de San Martín en Europe, jusqu'en Suisse où vous
verrez qu'il y avait des yeux pour lire ses communications. Dans sa
circonscription du Banffshire, où il est mort, tout près
d'Aberdeen, on se souvient encore de lui comme du seigneur qui sut
développer ce lopin de terre et en faire une région prospère de la
lande écossaise.
Vous
pouvez consulter sa fiche officielle (en anglais) sur le site
Internet que l'Université de Londres a bâti sur l'histoire du
Parlement britannique.
Voir
également sa fiche sur le site The Peerage, consacré à la pairie
du Royaume-Uni.
Guillermo
Miller, Wingham, 12 décembre 1795 – Lima, 1861, Anglais naturalisé
péruvien.
Une
épée vaillante et une plume fluide, dans les deux langues. Car il
écrit aussi en espagnol et fort bien. Il rejoint l'armée des Andes au Chili au début 1818, recruté aux Etats-Unis où ce capitaine anglais était venu offrir ses services à la liberté après la chute de Napoléon, comme tant et tant de combattants libéraux que le retournement politique de l'Europe écœurait.
Conciliant
de nature, doté d'un sens de l'observation d'une rare lucidité et
précurseur des méthodes scientifiques qui seront définies et
adoptées seulement à la fin du XIXème
siècle, en 1827, en permission à Londres, Miller n 'écrit pas
seulement des mémoires mais déjà un véritable livre d'histoire
sur l'indépendance du Chili et du Pérou.
Grâce
à lui, vous assisterez même aux pieds des Andes à une authentique
scène de western bien longtemps avant que John Ford invente la
grammaire du genre à Hollywood.
Tomás
Guido, Buenos Aires, 1er
septembre 1788 – Ibidem, 14 septembre 1866, Argentin.
Un
autre des trois amis intimes que San Martín s'était fait en
Amérique. C'est à lui que j'ai confié le point culminant du
livre : un récit très intimiste de la journée du 20 septembre
1822 qui vit, à la stupéfaction de tous, San Martín renoncer pour
toujours à l'exercice du pouvoir politique, aux pages 266-275.
Depuis
1966, ses restes sont déposés dans la chapelle, dans une urne
placée derrière le mausolée de San Martín.
Mariano
Balcarce, Buenos Aires, 8 novembre 1807 – Paris, 20 février 1885,
Argentin.
Il
était le gendre de San Martín depuis décembre 1832 et le fils du général Antonio Balcarce, qui avait été un compagnon d'armes de San Martín. Nous le rejoignons quelques semaines
après le décès de son beau-père, dans les toutes dernières pages
du livre. Mais on en aura entendu parler, avec beaucoup d'affection,
bien avant !
Ramón
Castilla, Tarapacá, 31 août 1797 – ibidem, 30 mai 1867, Péruvien.
Pour
rendre hommage au défunt Fondateur de la Liberté du Pérou, ce président de la République du Pérou prit
en 1850 de belles et grandioses décisions. Qui restèrent lettre
morte.
Simón
Bolívar, Caracas, 24 juillet 1783 – Santa Marta, 17 décembre
1830, Vénézuélien.
Est-il vraiment nécessaire de le présenter ?
Les deux libérateurs continentaux, l'un venant du nord, Bolívar,
l'autre montant du sud, San Martín, se sont rencontrés en juillet
1822, dans le port de Guayaquil, aujourd'hui en Equateur. Et cette
entrevue est entourée de mystère et suscite encore aujourd'hui
d'innombrables questions car la teneur de leurs entretiens est resté
secret jusqu'à ce que les historiens, en décryptant le peu de
documents qui existent, reconstituent les enjeux de leurs deux
entrevues en tête à tête.
José de la Riva-Agüero, Lima, 3 mai 1783 – ibidem, 25 mai 1858, Péruvien,
premier président du Pérou puis putschiste.
Encore
un rôle de méchant. Un personnage tellement odieux qu'il réussit à
faire sortir San Martín de ses gonds. Lui d'ordinaire d'une patience
à toute épreuve, le voilà qui explose. Le souffle de cette bombe
morale n'a pas beaucoup perturbé Riva-Agüero. Et pourtant, même Videla et consorts en ont pris d'avance pour leur grade.
*
* *
En
anglais (chacun de ces textes est présenté avec sa traduction en
vis-à-vis)
Quelques proches de San Martín dont on a des portraits authentiques
(parfois très éloignés de nos standards esthétiques)
William
Miller (le même qui s'appelle Guillermo au Chili et au Pérou).
Le
western dont je vous parlais plus haut, c'est en anglais qu'il
intervient. Avec Indiens, chevaux, verroteries, beuveries en règle, "tuniques-bleues" et en arrière plan, un fort militaire. Il ne manque
que les bisons et le travelling !
Miller
écrivit ses mémoires en 1827. Elles parurent en deux volumes à
Londres en 1828 pour le tome 1 et l'année suivante pour le second.
Profitant d'un intérêt considérable de l'opinion publique, surtout
dans sa partie libérale, pour la révolution américaine dans toute
l'Europe atlantique, elles connurent un extraordinaire succès de
librairie, avec plusieurs rééditions en trois ans et une version
hispanophone qui parut dans la foulée de l'édition originale. Elles
étaient le premier témoignage d'un acteur des événements.
Avec
les carnets de voyage de Basil Hall (voir plus bas), elles
constituent, surtout dans l'hémisphère nord, la base documentaire
de l'historiographie de la révolution indépendantiste en Amérique
du Sud (2).
Samuel
Haigh.
Ce
négociant, aussi hardi que britannique, serait né en 1795 en
Angleterre, sans doute dans le Kent.
A
part sa présence en Amérique du Sud dans les années 1817-1822 et
la parution de son livre à Londres en 1829 (un grand succès de
librairie qui lui valut plusieurs rééditions), on ignore tout de sa
vie et de sa mort. Il écrit très bien, il est très lucide malgré sa jeunesse et il rend compte des
événements auxquels il a assisté et auxquels parfois il a aussi pris part sans chercher à se donner plus
d'importance que vraisemblable. Il semble très fiable. Mais on sait
si peu de choses de lui qu'il est difficile d'aller plus loin dans le
jugement.
Sa
description de la bataille de Maipú (5 avril 1818) constitue un
tableau presque cinématographique que vous ne serez pas près
d'oublier.
Basil
Hall, Edimbourg (?), 31 décembre 1788 – Portsmouth (?), 11 septembre 1844,
Ecossais.
C'est
un observateur des événements du Pérou que je vous ai déjà
présenté l'année dernière. San Martín l'a en effet reçu
lorsqu'il était au mouillage dans un chenal du port du Callao, près
à faire tomber la forteresse royaliste de Lima. C'est alors, le 15
juin 1821, qu'il lui avait expliqué le pourquoi de sa stratégie de
non violence. Je vous renvoie donc à cet article que j'ai publié en novembre 2012.
Ses lieux de naissance et de mort diffèrent selon les sources. L'Encyclopaedia Britannica donne respectivement Dunglass en Ecosse et Gosport, dans le Hampshire, pour l'un et l'autre faits.
Fils d'un célèbre géographe de son temps, il entra dans la Royal Navy en 1802. En 1820, capitaine du HMS Conway, Basil Hall fut envoyé par l'Amirauté britannique à Valparaíso pour veiller aux intérêts des commerçants britanniques établis depuis une trentaine d'années sur la côte de l'Atlantique sud. A plusieurs reprises, il eut à prendre des décisions politiques lourdes de conséquences sans avoir le temps de prendre ses consignes auprès de Londres. Doté d'une grande lucidité que l'on perçoit bien en le lisant, il eut la sagesse de choisir, discrètement mais sans hésitation, le parti des indépendantistes. Ses carnets de voyage furent publiés à Edimbourg dès son retour au Royaume-Uni, en 1824, sans remaniement significatif (mais sans doute avec un léger toilettage). Ce fut donc, avec le journal de Maria Graham publié en 1823, les tout premiers témoignages oculaires que les Européens purent lire en anglais sur des événements que les journaux leur racontaient, mal, depuis une quinzaine d'années.
Ses lieux de naissance et de mort diffèrent selon les sources. L'Encyclopaedia Britannica donne respectivement Dunglass en Ecosse et Gosport, dans le Hampshire, pour l'un et l'autre faits.
Fils d'un célèbre géographe de son temps, il entra dans la Royal Navy en 1802. En 1820, capitaine du HMS Conway, Basil Hall fut envoyé par l'Amirauté britannique à Valparaíso pour veiller aux intérêts des commerçants britanniques établis depuis une trentaine d'années sur la côte de l'Atlantique sud. A plusieurs reprises, il eut à prendre des décisions politiques lourdes de conséquences sans avoir le temps de prendre ses consignes auprès de Londres. Doté d'une grande lucidité que l'on perçoit bien en le lisant, il eut la sagesse de choisir, discrètement mais sans hésitation, le parti des indépendantistes. Ses carnets de voyage furent publiés à Edimbourg dès son retour au Royaume-Uni, en 1824, sans remaniement significatif (mais sans doute avec un léger toilettage). Ce fut donc, avec le journal de Maria Graham publié en 1823, les tout premiers témoignages oculaires que les Européens purent lire en anglais sur des événements que les journaux leur racontaient, mal, depuis une quinzaine d'années.
Or
à l'égard de San Martín et en dépit d'un ton objectif, le livre
du capitaine Hall était très laudatif.
Cet
ouvrage sur l'Amérique du Sud connut un succès foudroyant en
Grande-Bretagne au point de susciter la même année une édition à
Philadelphie, aux Etats-Unis, et cinq éditions écossaises jusqu'en
1827. La sixième parut en 1840 alors que Basil Hall souffrait déjà
de la maladie qui allait l'emporter (3).
En plus des versions originales et traduites en espagnol de son œuvre sur l'Amérique du Sud, j'ai vu aussi une édition en italien datant de 1840.
En espagnol et au cours de cette même année 1823, le Colombien Juan García del Río, qui était alors à Londres comme envoyé de San Martín pour une mission diplomatique péruvienne, avait publié, dans sa langue, la première biographie du général, alors qu'il venait tout juste d'apprendre sa démission du pouvoir suprême à Lima.
En plus des versions originales et traduites en espagnol de son œuvre sur l'Amérique du Sud, j'ai vu aussi une édition en italien datant de 1840.
En espagnol et au cours de cette même année 1823, le Colombien Juan García del Río, qui était alors à Londres comme envoyé de San Martín pour une mission diplomatique péruvienne, avait publié, dans sa langue, la première biographie du général, alors qu'il venait tout juste d'apprendre sa démission du pouvoir suprême à Lima.
Thomas
Cochrane, dit Lord Cochrane, plus tard (en 1831) dixième comte Dundonald,
Annesfield (1)14 décembre 1775 – Londres, 31 octobre 1860, pair
d'Ecosse, Ecossais.
Pendant
les guerres napoléoniennes, nos ancêtres l'avaient surnommé "Le
loup des mers" tant ils redoutaient de l'affronter sur les flots. Après les guerres napoléoniennes, il se réfugia dans la politique comme député aux Communes et de là, fut désigné, sans doute par James Duff, à l'envoyé de San Martín venu chercher en Albion un bon amiral pour l'expédition de libération du Pérou. Il a débarqué avec femme et enfants à Valparaíso en novembre 1818.
L'oligarchie chilienne en a fait un grand héros national parce qu'elle a considéré qu'il avait fondé la Marine nationale. En fait, il n'a passé que deux ans dans le pays et ses rapports avec les autorités de cette époque ont été d'emblée des plus houleuses.
L'oligarchie chilienne en a fait un grand héros national parce qu'elle a considéré qu'il avait fondé la Marine nationale. En fait, il n'a passé que deux ans dans le pays et ses rapports avec les autorités de cette époque ont été d'emblée des plus houleuses.
Psychopathe
patenté et ambitieux venimeux, c'est la tête à claques de service
du film. San Martín a été un saint de le supporter aussi
longtemps.
L'homme
avait cependant de grandes qualités : c'était un excellent
marin, un tacticien téméraire et un combattant qui débordait de
courage physique. Il est d'ailleurs mort très âgé au cours d'une
opération rénale. En 1860, à 85 ans, il fallait du cran pour
accepter de passer sur le billard, pour la deuxième fois de
surcroît ! Et malgré son passé terni dont il ne fut jamais
pleinement relevé (4), il fut enterré dans Westminster Abbey, en
haut de la nef, devant le chœur. C'est là tous les ans, au mois de
mai, que l'Ambassade de la République chilienne près la Cour de
Saint James vient honorer sa mémoire.
Voir
la note le concernant sur le site Internet de Westminster Abbey (en
anglais, avec une photo de la tombe fleurie par les Chiliens qui
parle sans avoir besoin de traduction).
Voir
sa longue fiche (en anglais) sur le site History of the Parliament
déjà cité.
Voir
enfin sa fiche sur le site Internet de la pairie britannique (The
Peerage) qui le disculpe dans le scandale de la Bourse de Londres en
1814.
John
Murray Forbes, Saint-Augustine (5), 13 août 1771 – Buenos Aires,
14 juin 1831. Citoyen des Etats-Unis d'Amérique. Son lieu de
naissance laisse supposer qu'il était bilingue anglais-espagnol.
Consul
des Etats Unis à Hambourg, puis à Szczecin
(Pologne)
et enfin à Buenos Aires de 1820 à 1825, puis Chargé d'Affaires
(Ambassadeur faisant fonction) de 1825 à 1831. En 1821, il a vu
Buenos Aires se noyer dans la liesse lorsque arriva l'annonce de la
chute de Lima aux mains de San Martín.
Depuis
1892, il est inhumé dans le carré britannique (protestant) du
cimetière de la Chacarita.
Voir
sa modeste fiche sur le site officiel Office of the Historian de l'US
Department of State.
Maria
Graham, Cockermouth (1), 19 juillet 1785 – Londres, 21 novembre
1842, Ecossaise.
Groupie
sophistiquée de Lord Cochrane, elle en a adopté les analyses
délirantes. Vous ne serez donc pas étonnés d'apprendre que
l'oligarchie chilienne a inscrit son nom au panthéon des personnages
que la nation se doit de vénérer. Arrêtée par accident à Valparaíso en septembre 1815, elle décide de traverser seule le continent pour aller récupérer un bateau à Rio de Janeiro et rentrer en Ecosse. Tant et si bien qu'elle est le premier
écrivain de langue anglaise à avoir parlé du Chili naissant. Et il
est vrai qu'elle est beaucoup plus aimable dans ses propos envers O'Higgins
qu'envers San Martín qu'elle hait d'une haine irréductible sans
même s'aviser que les deux hommes travaillent main dans la main et
poursuivent ensemble les mêmes buts politiques.
Maria Graham, admirable illustratrice, se fit aussi connaître et admirer en Grande-Bretagne comme auteur de littérature enfantine, une pionnière du genre. Contrairement à celle de son homologue la comtesse de Ségur, son œuvre est bien oubliée aujourd'hui.
* *
*
En
français
Quelques uns des amis très proches de San Martín
qui apparaissent dans mon livre
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qui apparaissent dans mon livre
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Adolphe Gérard, Boulogne-sur-Mer, 1804- ibidem 1878, Français.
C'est
lui qui écrivit la toute première des nécrologies de San Martín,
qui est aussi la plus exacte. Quelques jours plus tôt, il avait
assisté à ses derniers moments, au deuxième étage de sa grande
maison de la Grande-Rue, cette artère principale qui monte du port vers la somptueuse citadelle médiévale et la
culminante cathédrale de Boulogne-sur-Mer.
Gabriel
Lafond de Lurcy, Lurcy-Lévis (6), 25 mars 1801 – Paris, 11 avril
1876, Français (7).
Lui
aussi, je vous l'ai déjà présenté l'année dernière au sujet de
la politique de San Martín à Lima. Comme Miller, Gabriel Lafond est
un enquêteur consciencieux et précis qui tâche de confronter ses
souvenirs et ses analyses personnelles à la consistance des
documents historiques. Une manière de faire qui est loin d'être
habituelle sous la Monarchie de Juillet, qui se sert encore de
l'histoire pour manipuler l'opinion publique et l'orienter dans le
sens où la classe dominante veut qu'elle aille.
José
de San Martín (le même que plus haut !).
Et
cette fois, dans notre langue. Emouvant, non ?
Gabriel-Antoine
Miéville, Grandson (8), 21 septembre 1766 – Lausanne, 9 août
1852, citoyen de la Confédération helvétique.
Cet
intellectuel brillant est l'auteur d'une somme en deux volumes sur la
révolution (de 1789) en Suisse qui fait pendant avec les travaux
français de Jules Michelet à la même époque.
Un
grand révolutionnaire vaudois dont le regard alpin sur l'épopée de
San Martín est d'autant plus intéressant qu'il parle alors avec le
recul de l'âge (il a cinquante ans quand San Martín commence à
faire connaître son nom en Europe). Il est assez rare que l'historien oublie de
regarder les événements depuis Paris (ou depuis Londres, voire
depuis Madrid) mais depuis les Alpes, il ne pense presque jamais et pourtant c'est un angle de vue qui vaut le coup, notamment s'il y a de la
traversée des Andes dans l'air et bien davantage encore lorsque
l'Europe se soumet au conformisme réactionnaire de la
Restauration post-Waterloo.
Domingo
Faustino Sarmiento, San Juan, 15 février 1811 – Asunción, 11
septembre 1888. Argentin.
En
français, lui aussi ! (9) Un art consommé de dire à peu près
le contraire de ce que pensait San Martín tout en faisant croire aux
Parisiens qui le lisaient qu'il lui composait un honnête panégyrique
et de fait, messieurs les distingués membres de la Société
historique de France s'y sont laissés prendre.
Linguistiquement,
c'est admirable (Sarmiento est considéré, à juste titre, comme un
grand écrivain de langue espagnole et vous allez voir qu'en
français, ce n'est pas mal non plus). Politiquement, sa démarche
est beaucoup plus discutable et même cet asservissement de
l'histoire à des buts politiques partisans a de quoi choquer le
lecteur du XXIème
siècle. Et c'est ce que ressentit San Martín lui-même, qui ne s'en
laissa pas compter.
C'est
aussi ça, Sarmiento : le croisement entre un autodidacte
indubitablement génial (10) et un politicien déjà madré et
tortueux à l'âge de trente-six ans.
*
* *
La
plupart de ces auteurs se retrouvent à plusieurs endroits du livre,
à chaque fois que leur chemin croise celui de notre héros. Parfois
à des époques très éloignées l'une de l'autre.
Presque
tous sauf d'une part Remedios de Escalada, dont on n'a que fort peu
de traces écrites, et d'autre part Lord Cochrane et Maria Graham,
parce que recourir à plusieurs reprises à leurs témoignages ne
présentait pas d'intérêt particulier dans le cadre d'un livre qui
s'adresse au grand public (11).
Quelques unes des personnalités hostiles à San Martín
(il y en eut peu mais la violence de l'opposition pallia leur petit nombre)
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San
Martín par lui-même et par ses contemporains couvre une période
qui va de juillet 1789 jusqu'à novembre 1850. Les documents se
succèdent dans l'ordre chronologique des événements dont ils
témoignent pour en rendre la lecture fluide, comme celle d'un roman
épistolaire.
En
fin de volume, une table des matières donne les sources que j'ai
utilisées pour composer ce recueil et un peu plus tôt déjà, pour écrire San
Martín à rebours des conquistadors.
Prochain
épisode : mardi prochain
Nous nous retrouverons pour fêter
l'anniversaire de naissance de José de San Martín le 25 février.
J'ai l'idée de vous emmener à nouveau sur les côtes péruviennes
observer avec Basil Hall le comportement informel de San Martín au
jour le jour sur sa petite goélette baptisée Moctezuma.
Le
bon de souscription de San Martín par lui-même et par ses
contemporains, accompagné d'une présentation succincte inspirée de
la quatrième de couverture, est à télécharger sous un format
imprimable sur mon site Internet (pdf).
Pour
lire tous les articles relatifs à ce nouvel ouvrage, cliquez sur le
mot-clé SnM ant Jasmin, dans le bloc Pour chercher, para buscar, to
search, ci-dessus.
D'autres
informations sont disponibles sur le site Web de la maison d'édition,
les Editions du Jasmin.
Vous pouvez aussi écouter l'interview que j'ai donnée en août dernier à Radio Nacional (RAE) en espagnol sur le sujet.
Quelques documents historiques déjà publiés et commentés dans ce blog sur le même sujet :
Vous pouvez aussi écouter l'interview que j'ai donnée en août dernier à Radio Nacional (RAE) en espagnol sur le sujet.
Quelques documents historiques déjà publiés et commentés dans ce blog sur le même sujet :
Rapport du Cabildo de Mendoza sur les efforts déployés par son Gouverneur,
le général José de San Martín, pour donner à la Province de Cuyo
toute sa vigueur dans le combat pour la liberté et pour
l'indépendance de la Patrie
Article triomphaliste publié par La Gaceta de Buenos Aires à la suite de la
victoire de Chacabuco (12 février 1817)
Analyse ambiguë de la situation révolutionnaire en Amérique du Sud parue
en 1821 dans un journal libéral barcelonais, El Diario
Constitucional de Barcelona, animé par des opposants au roi
Fernando VII
Entretien accordé par San Martín au capitaine de la Royal Navy Basil Hall,
quelques semaines avant la prise de Lima (juillet 1821)
Analyse dressée vingt ans plus tard par le marin français Gabriel Lafond de
la politique menée par San Martín à Lima
(1) en Ecosse
(2) Les ouvrages ultérieurs, ceux de Samuel Haigh, William Bennett Stevenson (secrétaire de Lord Cochrane), John Parish Robertson et Gabriel Lafond (en français), profiteront de cette vogue et se vendront eux aussi comme des petits pains. Les Sud-Américains en bénéficieront également en publiant leurs sommes historiques à Paris, comme Carlos Calvo et d'autres qui établiront des collections documentaires colossales et prépareront ainsi le travail de Bartolomé Mitre, considéré en Argentine comme le père de l'histoire. Samuel Haigh, Gabriel Lafond, Carlos Calvo font partie des sources que j'ai consultées et retenues. William Bennett Stevenson et John Parish Robertson, de celles que j'ai consultées mais que je n'ai pas retenues.
(2) Les ouvrages ultérieurs, ceux de Samuel Haigh, William Bennett Stevenson (secrétaire de Lord Cochrane), John Parish Robertson et Gabriel Lafond (en français), profiteront de cette vogue et se vendront eux aussi comme des petits pains. Les Sud-Américains en bénéficieront également en publiant leurs sommes historiques à Paris, comme Carlos Calvo et d'autres qui établiront des collections documentaires colossales et prépareront ainsi le travail de Bartolomé Mitre, considéré en Argentine comme le père de l'histoire. Samuel Haigh, Gabriel Lafond, Carlos Calvo font partie des sources que j'ai consultées et retenues. William Bennett Stevenson et John Parish Robertson, de celles que j'ai consultées mais que je n'ai pas retenues.
Stevenson fit paraître les trois volumes de
ses mémoires en 1825. Elles furent traduites en français dès
l'année suivante mais il s'agit d'un ouvrage servile et indignement
obséquieux à l'égard de Lord Cochrane, dont la personnalité en
fait un témoin lui-même fort peu crédible. En ce qui concerne San
Martín, Stevenson travaille surtout à le discréditer et à
déconstruire l'impression favorable laissée par les deux volumes de
Basil Hall. Et c'est dans cette âpre et mesquine polémique que
Miller revint à Londres en 1827, pour une permission de deux ans,
qu'il occupa à écrire ses propres mémoires. Plus tard, Gabriel
Lafond ne s'y trompa pas : pour ne pas s'appuyer sur l'ouvrage
de Stevenson dont il voyait qu'il était beaucoup trop partial, il
s'adressa à San Martín en personne, à Paris pour recueillir de sa
bouche ses propres analyses, tout en sachant qu'il n'aimait guère
aborder ces sujets en dehors du cercle latino-américain établi ou
de passage en France. Et il fit bien car il reçut ainsi un dépôt
inestimable dont je vous parlerai plus tard dans le cadre de la
souscription en cours.
Quant à Parish Robertson, il ne faut pas être
grand clerc pour l'écarter d'emblée : ses pages, publiées
très tardivement entre 1838 et 1843, sont remplies de rodomontades,
de calembredaines et autres bobards, visibles comme le nez au milieu
de la figure, qui le disqualifient tout de suite. L'homme se présente
comme un simple négociant, en affaire en Amérique du Sud (partout
et tout le temps, contrairement à un Samuel Haigh, installé une
fois pour toutes à Santiago). Selon les versions les plus aimables,
il aurait appartenu à un groupe de colons écossais qui
s'installèrent dans la Province de Corrientes sur l'initiative de
Bernardino Rivadavia (mais il vit en Grande-Bretagne sous le règne
de Victoria). La vérité historique participe sans doute fort peu de
l'utopie des pionniers. La lecture des souvenirs qu'il a publiés au
Royaume-Uni le désigne plutôt comme un agent secret de Sa Gracieuse
Majesté : il a tous les coups fourrés de l'espion politique,
militaire et économique. Il nous plonge en pleine époque romantique
entre un film de James Bond et une version des Barbouzes façon
Alexandre Dumas. L'homme a cependant été un habile charlatan pour
ses contemporains qui, ne disposant pas de toutes nos sources, ne
pouvaient sans doute que difficilement détecter ses impostures.
A
noter que pour autoriser ses propos, il présente ses chapitres comme
autant de lettres envoyées (on se demande bien quand, pourquoi et
comment) au général William Miller, le tout en suivant un plan
inutilement compliqué qui noie le poisson.
(3)
Sans doute la syphilis, car il a fini ses jours dans un asile
d'aliénés et en ce temps-là, les asiles d'aliénés
accueillaient essentiellement des hommes syphilitiques.
(4)
Il avait fait un an de prison pour un très grave délit financier en
1814-1815.
(5)
En Floride, qui appartenait encore à l'Empire espagnol.
(6)
Dans l'Allier (France)
(7)
Informations dues au travail du professeur A. Darío Lara (1918-2009)
(8)
Canton de Vaud, en Suisse
(9)
Sarmiento est l'un des trois grands intellectuels qui a fondé la
pensée dominante argentine, avec Juan Bautista Alberdi et Bartolomé
Mitre. On lira ici dans sa version originale un texte que les
Argentins ne connaissent que sous une forme retravaillée
ultérieurement par Sarmiento lui-même, qui l'a traduit en espagnol.
(10) Il a à peine fréquenté l'école, qu'il a quittée
quand il avait une dizaine d'années parce que la pauvreté de sa famille l'obligeait à gagner sa vie. Or à l'âge de 36 ans, il
signe là, en français, un étincelant mémoire qui le fait entrer
dans le saint des saints des historiens les plus distinguées d'un
pays qu'on considérait encore alors comme le plus avancé sur le
plan intellectuel, culturel et scientifique.
(11)
En revanche, les épistémologues de tous poils, qu'ils soient
spécialisés dans l'histoire américaine, dans la charnière des
XVIII et XIXèmes
siècles ou dans la psychologie clinique, se régaleront de leurs
délires, lubies et autres arrogantes psycho-rigidités de sujets de
Sa Gracieuse Majesté incapables du moindre effort d'adaptation
culturelle au monde sud-américain, une incapacité d'autant plus
visible que les autres Britanniques, Basil Hall, Samuel Haigh et
William Miller s'intègrent en souplesse.