Présentation
de San Martín par lui-même et par ses contemporains : épisode
4.
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* * *
Photo publiée hier par le RGC sur sa page Facebook A l'intérieur du Templete. Derrière la sentinelle, les ruines de la maison natale de San Martín |
Hier,
on célébrait l'anniversaire de la naissance de José Francisco de
San Martín y Matorras (1778-1850), qui, toute sa vie, laquelle fut
fort longue eu égard à son époque et à ses activités militaires,
est resté éminemment fier d'être né à Yapeyú, petite ville
guaranie située sur la rive occidentale du fleuve Uruguay et donc
aujourd'hui dans la Province de Corrientes. Son père, Don Juan de
San Martín y Gómez, qui avait alors cinquante ans, y était
gouverneur-adjoint, placé sous les ordres d'un officier supérieur
qui dépendait lui-même de Buenos Aires. Près de quarante ans plus
tard, en 1817, Yapeyú fut très disputée entre les Argentins et les
Brésiliens qui voulaient s'implanter de l'autre côté du fleuve. La
ville résista et elle fut entièrement incendiée. Le feu a donc
détruit les archives de la paroisse et celles du gouvernorat, bref
tout ce qui aujourd'hui pourrait attester par écrit de sa naissance
et de ses premières années dans ce lieu, si loin de la capitale
vice-royale de l'époque.
Après
la mort de San Martín, on a tenté d'identifier parmi les ruines ce
qui aurait été la maison du vice-gouverneur. Le choix s'est fixé
une moitié d'une belle maison de sept pièces au-dessus de laquelle
la République argentine a construit un grand bâtiment blanc, qui la
protège des intempéries et sert aussi de musée. C'est à
l'intérieur de ce musée, qu'on appelle El Templete de Yapeyú,
qu'hier le vice-gouverneur de la Province et le maire de la commune
ont rendu l'hommage habituel, à l'abri des orages monstrueux qui
affectent depuis plusieurs jours le Litoral argentin (avec beaucoup
de dégâts à la clé).
Excellent petit documentaire argentin sur Yapeyú
Une production Altasierra (Córdoba)
Le
quotidien provincial, Corrientes Hoy, en rend compte ce matin avec
une galerie d'images, en nous précisant que l'hommage s'est tenu à
l'heure même où eut lieu la naissance il y a 236 ans (1).
La
disparition hier en Uruguay de Carlos Páez Vilaró m'a fait reporter
à ce soir l'article que j'avais prévu de publier pour marquer cette
date dans le cadre de la présentation de San Martín par lui-même
et par ses contemporains, que je publie en mai aux Editions du
Jasmin.
* * *
Je
vous propose, en version bilingue bien entendu, une petite page du
capitaine Basil Hall (1788-1844), de la Royal Navy, choisie parmi les notes qu'il
a prises en 1821, quelques jours avant que San Martín n'entre dans
la capitale péruvienne. Cette poignée d'anecdotes nous montrent un
San Martín proche des autres, sensible et terriblement attachant.
L'inverse de l'arrogance napoléonienne qui nous vient spontanément
à l'imagination lorsque nous pensons à ces généraux de l'époque
révolutionnaire.
Comme
je vous le disais dans mon précédent article, Basil Hall,
commandant de HMS Conway, croisait entre El Callao et Valparaíso
pour veiller aux intérêts commerciaux du Royaume-Uni au milieu des
désordres de la guerre. Sur les côtes péruviennes, il passait
ainsi de San Martín au vice-roi Pezuela, puis après le renversement
de celui-ci, au vice-roi La Serna pour prendre la mesure de la
situation et donner à ses compatriotes négociants, installés au
Pérou, les conseils les plus avisés. Comme on va le voir, entre San
Martín et les deux vice-rois, il se fit vite une religion et son
attitude, apparemment neutre, aida objectivement la cause
indépendantiste.
Sur la politique de San Martín à propos de Lima et du Pérou, voir l'article publié le 4 décembre 2012, appuyé sur un autre témoin, français celui-là, Gabriel Lafond.
Sur la politique de San Martín à propos de Lima et du Pérou, voir l'article publié le 4 décembre 2012, appuyé sur un autre témoin, français celui-là, Gabriel Lafond.
Je
prends le livre de Hall au moment où une toute première délégation de Lima vient
de se présenter à bord de la corvette Moctezuma, pour sonder les
intentions de San Martín. Basil Hall est à bord, peut-être parce qu'en tant qu'officier neutre, il accompagne les parlementaires. San Martín vit sur ce bâtiment, à quelques encablures du reste de la flotte
chilienne, commandée par Lord Cochrane. Le marin britannique nous rapporte maintenant la
réponse du général à la délégation limègne.
Nous sommes le 7
juillet 1821, quelque part à l'ancre, dans les passes qui mènent au
port fortifié du Callao, presque à portée de canon de la plus
puissante rade militaire des Nouvelles Indes, alors que les troupes
du vice-roi ont déjà quitté la capitale.
"For the last ten
years" said he, "I have been unremittingly employed against
the Spaniards; or rather, in favour of this country, for I am not
against any one who is not hostile to the cause of independence. All
I wish is, that this country should be managed by itself, and by
itself alone. As to the manner in which it is to be governed, that
belongs not at all to me. I propose simply to give the people the
means of declaring themselves independent, and of establishing a
suitable form of government; after which I shall consider I have done
enough, and leave them."
Those who heard this
declaration at the time with scorn and incredulity will do well to
take notice how exactly the whole of his subsequent conduct was in
accordance with these professions. General San Martin is now residing
in retirement at Brussels.
Pendant les dix dernières
années, dit-il, je me suis sans cesse employé contre les Espagnols
ou plutôt en faveur de ce pays, car je ne suis contre personne pour
autant qu'on ne soit pas hostile à la cause de l'indépendance. Tout
ce que je souhaite est que ce pays puisse se gouverner lui-même et
seul. Quant à la manière dont il doit être gouverné, cela ne
m'appartient en aucune façon. Je me propose seulement de donner au
peuple les moyens de se déclarer indépendant et d'établir une
forme convenable de gouvernement. Après cela, je considérerai que
j'en ai assez fait et je les quitterai.
Ceux qui écoutèrent
alors cette déclaration avec mépris et scepticisme feront bien de
remarquer à quel point la suite de sa conduite était conforme à
ces professions de foi. Le général San Martín s'est à présent
retiré et réside à Bruxelles. (2)
(Traduction Denise Anne
Clavilier)
On the next day, the
8th of
July, a deputation of the principal inhabitants of Lima was sent to
invite San Martin formally to enter the capital, as the inhabitants
had agreed, after the most-mature deliberation, to the terms
proposed. To this requisition he assented, but delayed his entry till
the l2th,
some days after.
Le lendemain, 8 juillet,
une députation des habitants de haut rang de Lima fut envoyée pour
inviter solennellement San Martín à entrer dans la capitale,
puisque les habitants avaient accepté, après mûres réflexions,
les termes proposées. Il consentit à cette demande mais retarda son
entrée jusqu'au 12, quelques jours plus tard.
(Traduction Denise Anne
Clavilier)
It is proverbially
difficult to discover the real temper and character of great men: and
I was, therefore, on the watch for such little traits in San Martin
as might throw a light on his natural disposition; and I must say
that the result was most favourable, I took notice, in particular, of
the kindly and cordial terms upon which he lived with the officers of
his family, and all those with whom his occupations obliged him to
associate. One day at his own table after dinner, I saw him take out
his cigarrera, or pouch, and while his thoughts were evidently far
away, choose a cigar more round and firm than the rest, and give it
an unconscious look of satisfaction; when a voice from the bottom of
the table called out, "Mi General !" He started from
his reverie, and holding up his head, asked who had spoken. "It
was I" said an officer of his establishment who had been
watching him; "I merely wished to beg the favour of one cigar of
you."- "Ah ha!" said he, smiling good-naturedly, and
at once tossed his chosen cigar with an assumed look of reproach to
the officer.
Il est d'une difficulté proverbiale de
découvrir le caractère et le véritable tempérament des grands
hommes (3). J'étais donc à l'affût chez San Martín de tous ces
petits traits de nature à jeter une lumière sur ses dispositions
naturelles et je dois dire que le résultat fut très favorable (4).
J'ai remarqué en particulier en quels termes cordiaux et aimables il
vivait avec les officiers qui faisaient partie de sa famille (5) et
tous ceux que ses activités l'obligeaient à fréquenter. Un jour, à
sa propre table, après dîner, je le vis sortir sa blague à
cigares, et tandis que de toute évidence sa pensée était ailleurs,
il choisit un cigare plus rond et plus ferme que les autres et lui
jeta, sans en avoir conscience, un regard satisfait, quand une voix,
venue du bout de la table, l'interpella. "Mon
général !" Tiré de ses songes, il releva la tête et demanda qui avait parlé. "C'est
moi, dit un officier de sa suite qui jusque là l'observait : je
souhaitais juste implorer la faveur d'un de vos cigares." - "Ah ah !",
dit-il, en souriant avec bonhomie, et sur le champ, il lui lança le
cigare qu'il venait de choisir tout en faisant mine de le reprocher à
l'officier.
(Traduction
Denise Anne Clavilier)
To everybody he was
affable and courteous, without the least show or bustle, and I could
never detect in him the slightest trace of affectation, or anything,
in short, but the real sentiment of the moment. I had occasion to
visit him early one morning on board his schooner, and we had not
been long walking together, when the sailors began washing the decks.
"What a plague it is" said San Martin, "that these
fellows will insist upon washing their decks at this rate!'- "I
wish my friend," said he to one of the men, "you would not
wet us here, but go to the other side." The seaman, however, who
had his duty to do, and was too well accustomed to the General's
gentle manner, went on with his work, and splashed us soundly. "I
am afraid, cried San Martin, we must go below, although our cabin is
but a miserable hole, for really there is no persuading these fellows
to go out of their usual way."
Envers chacun, il était
affable et courtois, sans la moindre comédie ou fébrilité, et je
n'ai jamais pu détecter chez lui la plus légère trace
d'affectation ou d'autre chose, bref rien d'autre que le véritable
sentiment du moment. J'eus l'occasion de lui rendre visite tôt un
matin à bord de sa goëlette et nous marchions ensemble depuis peu
quand les matelots commencèrent à laver le pont. La peste soit de
tout ceci, dit San Martín. Cette façon qu'ont ces gens de ne
pouvoir s'empêcher de laver le pont ! Mon ami, dit-il à l'un
des hommes, je souhaite que vous cessiez de nous tremper ici et que
vous alliez de l'autre côté. Les marins cependant, qui avaient leur
devoir à accomplir (6) et avait trop l'habitude des manières
avenantes du général, continua son travail et nous aspergea
d'abondance. J'ai bien peur, s'écria San Martín, que nous devions
descendre, bien que notre cabine ne soit qu'un misérable trou, car
vraiment, il n'y a pas moyen de persuader ces gens de déroger à
leurs habitudes.
(Traduction Denise Anne
Clavilier)
These anecdotes, and
many others of the same stamp, are very trifling, it
is true; but I am much mistaken if they do not give more insight into
the real disposition than a long series of official acts: for public
virtue, whether justly or not, is unfortunately held to be so rare,
that we are apt to mistrust a man in power for the very sane actions,
which, in a humble station, would have secured our confidence and
esteem.
Ces
anecdotes et beaucoup d'autre de la même nature sont fort futiles,
il est vrai. Mais je me trompe sans doute fort si elles ne nous
introduisent pas bien plus qu'une longue série d'actes officiels
dans le secret de ses véritables dispositions. Car la vertu
publique, à juste titre ou non, est malheureusement tenue pour si
rare que nous sommes capables de nous défier d'un homme au pouvoir
pour ces mêmes saines actions qui, dans une position humble,
auraient assuré notre confiance et notre estime.
(Traduction
Denise Anne Clavilier)
L'extrait
présenté ici est tiré de la sixième édition de l'ouvrage, publiée
en 1840, à Londres.
Cette version est enrichie de quelques
commentaires qui ne figuraient pas dans la première édition,
sortie en 1824 à Edimbourg.
Première page de l'édition française, de 1825 qui fait mention de l'incroyable succès du livre original... |
Pour participer à la souscription du livre, ouverte jusqu'au 30 avril 2014 (20 € au lieu de 24,90, prix public après parution), vous pouvez télécharger le bulletin en format imprimable, consulter la page consacrée à l'ouvrage sur mon site Internet ou visiter celui des Editions du Jasmin.
Pour en savoir plus :
cliquez sur le mot-clé SnM ant Jasmin, dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus pour lire les autres articles se reportant à cet ouvrage,
écoutez l'interview que j'ai donnée en août dernier à Radio Nacional (RAE) en espagnol sur le sujet.
Prochain épisode :
le 9 mars, pour marquer l'anniversaire de l'entrée de San Martín dans la révolution sud-américaine, lorsque la frégate George Canning, qui l'amenait de Londres, en passant par Lisbonne, arriva au port de Buenos Aires, le 9 mars 1812.
Pour en savoir plus :
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Prochain épisode :
le 9 mars, pour marquer l'anniversaire de l'entrée de San Martín dans la révolution sud-américaine, lorsque la frégate George Canning, qui l'amenait de Londres, en passant par Lisbonne, arriva au port de Buenos Aires, le 9 mars 1812.
En 1951, Juan D'Arienzo avait enregistré un tango intitulé Yapeyú...
Mais ce n'était pour la petite ville du nord.
C'était le nom d'un cabaret de Palermo. Quel manque de respect !
Quelques documents historiques publiés et commentés en 2012 dans ce blog sur le même sujet :
Rapport du Cabildo de Mendoza sur les efforts déployés par son Gouverneur,
le général José de San Martín, pour donner à la Province de Cuyo
toute sa vigueur dans le combat pour la liberté et pour
l'indépendance de la Patrie
Article triomphaliste publié par La Gaceta de Buenos Aires à la suite de la
victoire de Chacabuco (12 février 1817)
Analyse ambiguë de la situation révolutionnaire en Amérique du Sud parue
en 1821 dans un journal libéral barcelonais, El Diario
Constitucional de Barcelona, animé par des opposants au roi
Fernando VII
Entretien accordé par San Martín au capitaine de la Royal Navy Basil Hall,
quelques semaines avant la prise de Lima (juillet 1821)
Analyse dressée vingt ans plus tard par le marin français Gabriel Lafond de
la politique menée par San Martín à Lima
(1)
Ils y vont fort, les Correntinos ! A cause de toutes les
péripéties racontées plus haut, on ne peut pas être tout à fait
certain que la date est la bonne. Alors l'heure ! Certes, le
jour a toutes les chances d'être exact car à cette époque, on
datait les événements en fonction du sanctoral (celui du Concile de
Trente bien sûr) et que par conséquent, si San Martín a toujours
su qu'il était né en 1778, ce qui ne semble pas faire le moindre
doute, il est on ne peut plus vraisemblable qu'il savait être né le
lendemain de la saint Matthias, c'est-à-dire le 25 février, qui
cette année-là tombait un mercredi (il y avait donc eu une grande
fête d'un des apôtres la veille, le mardi, en pleine semaine, ça
ne s'oublie pas dans une famille léonaise aussi pieuse que la
sienne). Cette information se transmettait oralement. La date ne
servait jamais sur le plan administratif. On préférait alors
calculer l'âge, avec tous les risques d'erreur qui s'y attachaient
(vous le constaterez dans mon livre sur sa feuille de service de l'Armée
espagnole, établie en 1809). De plus, aucune trace écrite de
l'événement ne nous est parvenue. Il est donc probable qu'à
Yapeyú, quand tous les savants de Buenos Aires venaient faire leurs
relevés dans les ruines de l'ancien bourg, on a un jour décidé
arbitrairement d'une heure précise en se fondant sur un symbole
important pour la population locale, toujours très fortement guaranie, à moins que celle-ci n'ait été
déterminée autoritairement par quelque savant portègne. Il y a
deux ans à la Librería Avila, à côté de la Manzana de las
Luces,dans le cœur de Buenos Aires, je suis tombée sur une très
ancienne monographie au papier jauni, avec des vieilles photos prises
par les historiens d'alors pour raconter l'histoire de ces ruines et
de leur sacralisation patriotique.
(2)
Il est clair que cette phrase a été ajoutée dans une réédition
puisqu'au moment de l'écriture du premier livre, San Martín n'avait
pas encore gagné la Grande-Bretagne et qu'on le croyait encore en
Amérique du Sud. En revanche, on savait déjà depuis longtemps
qu'il avait quitté le pouvoir et qu'il avait regagné Mendoza, en
Argentine. Néanmoins, dans la première édition, Basil Hall ne fait
pas encore de commentaire dans ce sens.
(3)
C'est quelqu'un qui a pu s'entretenir à Sainte-Hélène avec
Napoléon qui fait cette affirmation. Il savait donc de quoi il
parlait.
(4)
Sous la Restauration, après l'expédition des cent mille fils de
Saint-Louis envoyée en 1823 par Louis XVIII en Espagne pour rétablir
Fernando VII dans ses pouvoirs d'Ancien Régime, contre la révolution
libérale qui régnait outre-Pyrénées depuis le 1er
janvier 1820, un imprimeur courageux, sis rue Hautefeuille dans le
Quartier Latin, fit paraître à Paris une traduction du premier tome
du livre de Basil Hall (le tome 2 est pris en charge par un autre
artisan). On était en 1825. Et cette phrase
"It
is proverbially difficult to discover the real temper and character
of great men: and I was, therefore, on the watch for such little
traits in San Martin as might throw a light on his natural
disposition; and I must say that the result was most favourable"
devient :
"Ce
n'est point une tâche facile de définir le vrai caractère des
grands hommes ; cependant en observant San-Martin, je crois
avoir saisi quelques uns de ses traits et avoir reconnu les qualités
qui le distinguent. Je me fais un devoir de reconnaître que
l'ensemble de mes observations est à son avantage" (traduction restée anonyme).
En 1950, José Luis Busaniche (1892-1959) a publié en Argentine,
dans le cadre de l'Année San Martín un ouvrage intitulé San Martín
visto por sus contemporáneos, où il a agrégé toutes sortes de
témoignages en faisant appel, pour toutes les langues étrangères,
aux traductions anciennes, la plupart du temps de la première moitié
du 19ème
siècle (sauf pour le livre de Samuel Haigh, qui semble n'avoir pas
été traduit en espagnol avant 1917, au Chili). Et cela donne un
résultat très contestable à cause de cette absence de sens
critique sur des traductions qui répondent à des exigences qui ne
sont pas les nôtres. Malheureusement, aujourd'hui encore, c'est avec
ce recueil que travaillent bon nombre d'historiens et de professeurs
d'histoire en Argentine.
(5)
Sans doute ses deux beaux-frères, Manuel et Mariano (de) Escalada,
son oncle par alliance, Hilarión de la Quintana, avec lequel il
n'avait que peu d'années de différence, et peut-être Basil Hall
compte-t-il dans ce nombre Tomás Guido, lointain cousin de Tomasa de
la Quintana, sœur de Hilarión et mère de Remedios, Manuel et
Mariano.
(6) A leur décharge, les
marins sont placés sous le commandement direct de Lord Cochrane,
même s'ils servent sur la goëlette où se trouve San Martín, et
Cochrane, en officier de marine britannique qu'il est, ne plaisante
pas avec la discipline. Il est terrible et même les officiers de
l'armée libératrice du Pérou le craignent au point de s'en ouvrir
parfois à San Martín, qui les connaît asse bien pour alors les
protéger de la fureur démente de celui qu'il appelait le Lord
Flibustier. Qui plus est, l'immense majorité des matelots étaient
britanniques ou nord-américains et comprenaient mal l'espagnol. Or
si San Martín avait parlé anglais à cet homme, il est probable que
Basil Hall le mentionnerait. Le matelot ne comprend sans doute pas
très bien ce qu'on lui dit et ça ne semble pas l'inquiéter plus
que cela. Ce qui fait que Hall tire sans doute tout de même la bonne
conclusion de l'épisode.