Il
y a quelques jours, le Vatican et le Palais de Buckingham ont annoncé
que le Pape François recevrait la Reine Elizabeth le 3 avril
prochain, à l'occasion d'une visite officielle du couple royal à
Rome, à l'invitation du Président Napolitano.
Or
il se trouve que le 2 avril est aussi la date anniversaire de la
guerre de Malouines, lorsqu'en 1982 la Grande-Bretagne voulut récupérer l'archipel qui venait d'être repris par l'armée
argentine après 150 ans d'occupation anglaise. Pour les
Argentins en effet, ces îles australes font partie intégrante du
territoire national. Elles étaient déjà occupées par des forces
armées argentines et des civils argentins, paysans et négociants, en 1833 lorsque la Royal
Navy les a annexées à l'Empire naissant (ou plutôt renaissant).
Huit ans seulement après que les Communes aient reconnu
l'indépendance des Provinces-Unies de l'Amérique du Sud, comme on
appelait encore ce pays d'Amérique du Sud.
Luis Vernet (1784-1871) fut le dernier gouverneur argentin des Malouines (jusqu'en 1833) |
Il
se trouve aussi que comme archevêque de Buenos Aires, le cardinal
Jorge Bergoglio a affirmé à plusieurs reprises que ces îles
appartenaient effectivement à l'Argentine et non pas à la
Grande-Bretagne, à laquelle les puissances européennes l'ont
concédées à une époque où la force faisait office de droit et où
il n'existait aucune organisation politique internationale. Par la
suite, et la SDN et l'ONU ont laissé les choses en l'état puisque
ces deux organisations sont nées d'une volonté des vainqueurs après
deux guerres mondiales, or l'Argentine avait été neutre. Elle fut
donc priée de se taire. Depuis la guerre des Malouines, l'ONU a voté
une résolution qui impose le dialogue entre les deux pays
souverains, dialogue qui n'a jamais été entamé, pas même sous le
gouvernement de Tony Blair. Il est bien évident qu'en tant que le
Pape François doit nuancer ses positions s'il veut arriver à faire
avancer le dossier diplomatique entre les deux pays, d'autant que
David Cameron ne veut même pas aborder la question. Lors des
réunions internationales, il lui est même arrivé de tourner le dos
à Cristina Kirchner plutôt que d'avoir à la saluer lorsqu'ils se
retrouvaient dans la même pièce...
L'annonce
de l'audience papale a donc fait réapparaître dans la presse
argentine et notamment dans les colonnes de Página/12 ce sujet
délicat et douloureux, quelques jours après que le Pape ait reçu
en audience l'un des leaders du mouvement des anciens combattants
argentins des Malouines. Les anciens combattants se sont en effet
organisés pour obtenir des reconnaissances politiques et matérielles
de la part d'un Etat qui, sous la dictature militaire, en a fait de
la chair à canon. C'était des jeunes gens de vingt ans qui
effectuaient tranquillement leur service militaire sans penser à mal
lorsqu'on les a envoyés au casse-pipe dans des îles déjà soumises
aux rigueurs de l'hiver antartique.
Dans
la torpeur estivale, il eût été étonnant que Página/12 laisse
passer l'occasion de rappeler une nouvelle fois ses convictions
concernant cet archipel du bout du monde qui fait partie de la carte
du pays affichée dans toutes les salles de classe de la République.
Pour
aller plus loin :
voir
l'article de Página/12.