Photo Pablo Piovano (pour Página/12) |
Enrique Lanoo a connu tous
les grands orchestres de tango. Il a joué avec Osvaldo Pugliese,
Aníbal Troilo, Astor Piazzolla et d'autres un cran en dessous comme
Armando Pontier, Eduardo Rovira et Osvaldo Piro. Il a accompagné des
chanteurs comme Roberto Goyeneche, Susana Rinaldi, Roberto Rufino,
Edmundo Rivero. Aujourd'hui, il a soixante-treize ans et il vit à
Mar del Plata. En ces jours d'été, où les plages de la ville sont
noires de monde, Página/12 est parti faire une interview d'un
musicien souvent laissé pour compte dans l'histoire du tango, parce
que son instrument, le violoncelle, ne fait pas partie du quatuor
emblématique de la orquesta típica que forment le piano, le violon,
le bandonéon et la contrebasse.
Souvenirs des grands
musiciens, des grands compositeurs...
Je vous livre ici ce qu'il
dit de sa rencontre avec Pugliese et pour le reste, je vous laisse
aller lire l'original, en vous aidant le cas échéant du traducteur
en ligne, Reverso, dont le lien se trouve en bas de la Colonne de
droite, dans la rubrique Cambalache, au rayon des outils
linguistiques.
–¿Cómo lo conoció a Pugliese?
–Yo venía
haciendo varias orquestas, estaba con Armando Pontier, con Atilio
Stampone y con otras tres. Un día Stampone me dijo que lo había
llamado Osvaldo Pugliese para decirle que él quería que fuera el
cellista de su orquesta, pero si aceptás no podés tocar en ninguna
otra. Fui a hablar con Pugliese y me enamoró el viejo loco ése.
Dejé todo y me fui con él. Estuve tres meses ensayando porque la
orquesta no permitía leer (la partitura) y tuve que aprender todo el
repertorio. La primera actuación fue en La Cigala, un boliche de la
calle Corrientes. En medio de la actuación prendieron las luces y
fuimos todos presos. Como Pugliese era comunista, nos llevaron
presos. Debuté en 1962 y fui en cana (se ríe).
Quique Lanoo, in Página/12
- Comment avez-vous
rencontré Pugliese ?
- Je jouais alors dans
plusieurs orchestres, j'étais chez Armando Pontier, chez Atilio
Stampone et trois autres encore. Un jour, Stampone me dit qu'Osvaldo
Pugliese l'avait appelé pour lui dire qu'il voulait que je sois le
violoncelliste de son orchestre, mais si tu acceptes, tu ne peux plus
jouer dans aucun autre orchestre. Je suis allé parler avec Pugliese
et avec ce parfait maboul, ça a été le coup de foudre. J'ai tout
laissé et je suis parti dans son orchestre. J'ai passé trois mois à
répéter parce que l'orchestre n'autorisait pas la lecture (de la
partition) et j'ai dû apprendre tout le répertoire (1). Mon premier
concert [avec eux], ce fut à La Cigala, un bistrot de la rue
Corrientes. Au milieu du concert, on a allumé la lumière et nous
avons tous été arrêtés. Comme Pugliese était communiste, on nous
a conduits en prison. J'ai fait mes débuts en 1962 et je suis parti
en taule (il rit).
(Traduction Denise Anne
Clavilier)
(1) Sur ces questions de
la place de la partition, du par cœur et de l'improvisation dans
l'histoire du tango et la formation des musiciens, voir ce qu'en dit
Juan Carlos Cáceres dans son manifeste argentin Tango Negro, dont la version
française, traduite et annotée par mes soins, est sortie en avril
2013 aux Editions du Jasmin.