dimanche 2 février 2014

Interview d'un violoncelliste de tango... à Mar del Plata [Troesmas]

Photo Pablo Piovano
(pour Página/12)
Enrique Lanoo a connu tous les grands orchestres de tango. Il a joué avec Osvaldo Pugliese, Aníbal Troilo, Astor Piazzolla et d'autres un cran en dessous comme Armando Pontier, Eduardo Rovira et Osvaldo Piro. Il a accompagné des chanteurs comme Roberto Goyeneche, Susana Rinaldi, Roberto Rufino, Edmundo Rivero. Aujourd'hui, il a soixante-treize ans et il vit à Mar del Plata. En ces jours d'été, où les plages de la ville sont noires de monde, Página/12 est parti faire une interview d'un musicien souvent laissé pour compte dans l'histoire du tango, parce que son instrument, le violoncelle, ne fait pas partie du quatuor emblématique de la orquesta típica que forment le piano, le violon, le bandonéon et la contrebasse.

Souvenirs des grands musiciens, des grands compositeurs...

Je vous livre ici ce qu'il dit de sa rencontre avec Pugliese et pour le reste, je vous laisse aller lire l'original, en vous aidant le cas échéant du traducteur en ligne, Reverso, dont le lien se trouve en bas de la Colonne de droite, dans la rubrique Cambalache, au rayon des outils linguistiques.

–¿Cómo lo conoció a Pugliese?
Yo venía haciendo varias orquestas, estaba con Armando Pontier, con Atilio Stampone y con otras tres. Un día Stampone me dijo que lo había llamado Osvaldo Pugliese para decirle que él quería que fuera el cellista de su orquesta, pero si aceptás no podés tocar en ninguna otra. Fui a hablar con Pugliese y me enamoró el viejo loco ése. Dejé todo y me fui con él. Estuve tres meses ensayando porque la orquesta no permitía leer (la partitura) y tuve que aprender todo el repertorio. La primera actuación fue en La Cigala, un boliche de la calle Corrientes. En medio de la actuación prendieron las luces y fuimos todos presos. Como Pugliese era comunista, nos llevaron presos. Debuté en 1962 y fui en cana (se ríe).
Quique Lanoo, in Página/12

- Comment avez-vous rencontré Pugliese ?
- Je jouais alors dans plusieurs orchestres, j'étais chez Armando Pontier, chez Atilio Stampone et trois autres encore. Un jour, Stampone me dit qu'Osvaldo Pugliese l'avait appelé pour lui dire qu'il voulait que je sois le violoncelliste de son orchestre, mais si tu acceptes, tu ne peux plus jouer dans aucun autre orchestre. Je suis allé parler avec Pugliese et avec ce parfait maboul, ça a été le coup de foudre. J'ai tout laissé et je suis parti dans son orchestre. J'ai passé trois mois à répéter parce que l'orchestre n'autorisait pas la lecture (de la partition) et j'ai dû apprendre tout le répertoire (1). Mon premier concert [avec eux], ce fut à La Cigala, un bistrot de la rue Corrientes. Au milieu du concert, on a allumé la lumière et nous avons tous été arrêtés. Comme Pugliese était communiste, on nous a conduits en prison. J'ai fait mes débuts en 1962 et je suis parti en taule (il rit).
(Traduction Denise Anne Clavilier)



(1) Sur ces questions de la place de la partition, du par cœur et de l'improvisation dans l'histoire du tango et la formation des musiciens, voir ce qu'en dit Juan Carlos Cáceres dans son manifeste argentin Tango Negro, dont la version française, traduite et annotée par mes soins, est sortie en avril 2013 aux Editions du Jasmin.