Alors que l'Argentine
avait hier les yeux fixés sur le quarantième anniversaire du coup
d'Etat de Videla et consorts, le 24 mars 1976, qui installait un
gouvernement dictatorial sanglant pour sept longues années, et que
pour la première fois droite et gauche commémorent l'événement
(1), c'est aujourd'hui le bicentenaire d'un autre acte important dans
l'histoire du pays qui va dans le sens opposé.
Il y a deux cents
aujourd'hui en effet s'ouvrait la session du Congrès de Tucumán,
l'assemblée constituante qui allait aboutir en juin à l'élection
de Juan Martín de Pueyrredón au Directorat Suprême des Provinces
Unies du Sud puis le 9 juillet 1816 à la Déclaration d'indépendance
de ces mêmes provinces qui prendraient près de quarante ans plus
tard le nom définitif de République Argentine.
Edition spéciale de la Gaceta de Buenos Aires le journal officiel révolutionnaire le 6 avril 1816 Cliquez sur l'image pour lire ce récit de la séance inaugurale |
La maison où se tenait
l'Assemblée est devenue un musée national, situé à San Miguel de
Tucumán, la capitale de la province du même nom, dans le nord-ouest
argentin. Une très belle maison qui finit de se refaire une beauté
pour le mois de juillet : les doreurs et autres restaurations
sont au travail.
Les honneurs militaires devant la maison un jour de fête nationale |
Pour aller plus loin :
lire l'article de La Nación d'avant-hier sur ce bicentenaire que le journal avance d'un
jour et que l'actualité a fait disparaître des préoccupations
nationales (entre 40ème
anniversaire, visite d'Obama et terrorisme en Europe)
lire l'article de La Nación sur sa sélection d'ouvrages se rapportant à la dictature :
une bibliographie de vingt titres (je n'avais encore jamais vu ce
quotidien faire cet effort de vulgarisation sur ce thème)
lire l'article de La Nación sur la présidence de Jimmy Carter à propos de la
dictature : un autre président démocrate qui prenait ses
distances avec ce régime mis en place avec l'aide de la CIA
consulter le site Internet du Museo Casa Histórica de San Miguel de Tucumán
consulter la page Facebook
du musée.
(1) Pas tout à fait à
l'unisson mais c'est déjà un très grand progrès que l'événement
soit reconnu pour ce qu'il fut, un crime contre la démocratie, par
les deux secteurs politiques opposés. Je n'ai pas le souvenir
d'avoir vu auparavant ces mots dans la presse patricienne (La Nación,
La Prensa, Clarín...). Jusqu'à présent, la commémoration était
uniquement le fait de la gauche et des ONG des droits de l'homme. Or
avant-hier, même la Gouverneure macriste de la Province de Buenos
Aires a tenu à recevoir Estela de Carlotto et lui a promis de mettre
tout en œuvre pour que les archives provinciales soient ouvertes aux
recherches concernant les disparus et surtout les bébés volés à
leurs familles pendant cette période de sinistre mémoire.