"Jours de plomb", dit le gros titre au-dessus de cette photo d'une balle sur le bitume de Villa Crespo |
C'est un grave fait divers
qui s'est produit dans la nuit de samedi à dimanche dans le quartier
populaire de Villa Crespo, à Buenos Aires, lors de l'inauguration du
nouveau siège social du mouvement Nuevo Encuentro, un parti de la
gauche péroniste, en l'occurrence celui présidé par Martín
Sabbatella, l'un des ténors du kirchnerisme. Deux femmes ont été
blessées, dont une touchée à l'épaule alors qu'elle tenait un
enfant de quatre ans dans les bras. Toutes deux ont été
hospitalisées immédiatement et se trouvent hors de danger.
L'événement a provoqué
une émotion certaine dans la presse et dans le monde politique. Tous
les partis ont condamné cette violence. La ministre de la Sécurité,
Patricia Bullrich, doit recevoir dans l'après-midi Martín
Sabbatella, avec lequel les macristes sont en conflit ouvert depuis
que le gouvernement l'a fait déloger par la force de ses fonctions à
la tête de l'AFSCA, la haute autorité de l'audiovisuel au temps de
Cristina Kirchner. Horacio Rodríguez Larreta, le chef (macriste) du
gouvernement portègne, a fait part de son horreur et s'est déclaré
à la disposition des deux blessées et de Martín Sabbatella.
Il y a quelques jours à peine,
une permanence de La Cámpora (l'organisation de la jeunesse kirchneriste) avait, elle aussi, été violemment attaquée à Mar del
Plata. Il est donc difficile d'attribuer l'attaque à Buenos Aires à
un simple hasard dû à un truand de passage ou à l'acte d'un fou.
Página/12 l'attribue à la montée d'hostilité et d'esprit revanchard que le
gouvernement en fonction provoquerait sciemment par ses propos et ses décisions. La Nación se fait
elle aussi l'écho de cette interprétation en citant les propos
d'une dirigeante de Nuevo Encuentro.
Pourtant à Mendoza, où
il y a eu des incidents assez forts entre des syndicalistes,
notamment de ATE (le syndicat du secteur public) et les représentants
de la nouvelle majorité (la même au niveau fédéral comme au
niveau local), le ministre de l'Intérieur national s'est montré
plutôt plus conciliant que les autorités provinciales (voir l'article de Clarín à ce propos).
Clarín préfère donc
suggérer qu'il pourrait bien s'agir de la réaction d'un voisin
irascible, qui aurait tiré depuis son appartement (dans l'un des
étages supérieurs d'une tour toute proche), incommodé par le bruit
de la fête : les militants avaient sorti les tables et la sono
sur le trottoir et y organisaient un asado tardif, comme c'est
l'usage quand on fait la fête en Argentine. Les voisins auraient en
effet porté plainte au commissariat de secteur pour tapage nocturne. Dans le même
quotidien, l'un des éditorialistes parie sur la prochaine
disparition du kirchnerisme comme force politique, faute de combattants : il estime en
effet que le parti n'arrive guère à mobiliser (ce qui n'est pas faux) et que ses
supports traditionnels, dans les médias, l'abandonnent peu à peu
faute de ressources financières, ce qui prouve que toute la
propagande antérieure ne pouvait fonctionner que grâce à l'argent public et non
pas à la trésorerie militante, ce qui est très certainement exact.
Pour aller plus loin :
lire l'article de Página/12 en une
lire l'article de Clarín
lire l'éditorial de
Clarín sur l'affaiblissement du kirchnerisme.
Ajouts du 8 mars 2016 :
lire l'article de Página/12 sur la rencontre entre Sabbatella et la ministre Bullrich,
lire l'entrefilet de Página/12 sur le cambriolage récent intervenu dans la résidence secondaire de Adolfo Pérez Esquivel, le prix Nobel de la Paix argentin, qui attribue cette action à un groupe de néonazis (il pense donc qu'il s'agit d'un acte politique délibéré contre un défenseur des droits de l'homme).
Ajout du 27 septembre 2016 :
lire l'article de La Prensa sur l'inculpation et la mise sous écrou d'un tireur probable, un jeune homme qui aurait contribué financièrement à la campagne de Mauricio Macri. Il est inculpé de tentatives d'homicide.
Ajouts du 8 mars 2016 :
lire l'article de Página/12 sur la rencontre entre Sabbatella et la ministre Bullrich,
lire l'entrefilet de Página/12 sur le cambriolage récent intervenu dans la résidence secondaire de Adolfo Pérez Esquivel, le prix Nobel de la Paix argentin, qui attribue cette action à un groupe de néonazis (il pense donc qu'il s'agit d'un acte politique délibéré contre un défenseur des droits de l'homme).
Ajout du 27 septembre 2016 :
lire l'article de La Prensa sur l'inculpation et la mise sous écrou d'un tireur probable, un jeune homme qui aurait contribué financièrement à la campagne de Mauricio Macri. Il est inculpé de tentatives d'homicide.