mercredi 16 mars 2016

Un Cash spécial Aldo Ferrer à l'heure de la rigueur [Actu]


Alors que l'opposition se désespère devant la disparition d'une grande partie des acquis sociaux développés par les présidents Néstor et Cristina Kirchner, Página/12 a décidé de rendre, dans son supplément économique Cash du 15 mars, un nouvel et solennel hommage à l'économiste souverainiste de gauche Aldo Ferrer, décédé à l'âge de 88 ans la semaine dernière. Il soutenait la politique des Kirchner.

L'un des grands acquis de Cristina, la résistance d'un pays souverain aux intérêts privés qui spéculent sur sa dette, risque de basculer aujourd'hui avec l'ouverture du débat parlementaire sur le règlement, passablement léonin (à en croire Página/12), du solde de la dette : l'Argentine accepte de tout payer d'un coup, capital et intérêts, et même de rembourser aux fonds privés les frais d'avocat qu'ils ont engagés pour attaquer le pays devant la justice locale de New York depuis deux ans. Qui plus est, ce règlement n'interdit même pas à ces créanciers remboursés d'ester de nouveau en justice contre la République argentine si jamais l'envie leur en prenait. Ce dernier point est le plus surprenant : en général, un règlement éteint définitivement les contentieux judiciaires entre les parties.

L'ONU, organisation dans laquelle travaillait il y a quelques mois encore la nouvelle ministre des Affaires étrangères, Susana Malcorra, a déjà exprimé sa préoccupation : l'organisation internationale avait en effet il y a peu voté, sur proposition de l'Argentine, une résolution qui protège les dettes souveraines des spéculations du marché. Et pour ne rien arranger, Barack Obama, qui arrivera dans une semaine à Buenos Aires pour une visite officielle très polémique, vient de se féliciter publiquement de l'élection de Mauricio Macri tout en rappelant que Cristina avait une politique hostile aux Etats-Unis (ce qui n'est pas faux). Página/12 y consacrait hier un article au titre ironique, qui reprend le titre d'un film de Homero Manzi en hommage à Domingo Faustino Sarmiento (1811-1888) (1), la grande figure de l'idéologie libérale conservatrice que déteste la gauche péroniste : Su mejor alumno (entendez "son meilleur élève" – Macri à l'école d'Obama, c'est-à-dire en fait celle de l'Oncle Sam).


(1) Sarmiento est resté dans la mémoire populaire comme un homme détaché des biens matériels, incorruptible et immense pédagogue. Il développa l'idée d'une école obligatoire, gratuite et laïque qui déboucha sur la loi de 1883, immédiatement après son mandat de président de la Nation.