ECuNHi, le centre culturel
de l'association Madres de Plaza de Mayo, sur le campus de l'ex-ESMA,
organise une après-midi militante aujourd'hui, samedi 12 mars 2016,
contre le Gouvernement en place, qui lui a coupé quelques vivres, en
éliminant un bon nombre de contrats de travail dont le montage ne
lui semblait pas très catholique.
Depuis, le centre est en
difficulté et rouspète en criant très fort, tandis que la
présidente de l'association continue à se déclarer en guerre
contre le Président, dûment élu, un président qu'elle ne cesse de
flétrir et qu'elle estime illégitime, parce qu'il est de droite et
elle de gauche (1).
De 16h à 20h30, le centre
propose donc différentes activités pour son public habituel :
enfants et personnes du troisième âge.
Participation libre.
Maintien des activités même par temps pluvieux.
Dans le même temps, le
gouvernement argentin affirme qu'il négocie actuellement avec les
Etats-Unis, en préparation de la visite de Barack Obama, du 23 au 25
mars, l'ouverture des archives secrètes concernant la dictature en
Argentine, une réclamation de longue date des organisations
argentines des droits de l'homme. Claudio Avruj, le secrétaire
d'Etat aux Droits de l'Homme, dont les bureaux sont situés sur le
site de l'ex-ESMA, espère une visite du président des Etats-Unis
dans ces lieux que les militaires putschistes avaient transformés en
prison et centre de torture clandestin. Une visite que Estela de
Carlotto, la présidente de Abuelas de Plaza de Mayo, a rejetée par
avance, avec des arguments très contestables (que j'ai analysés il y a une semaine). Et pourtant, c'est bien Claudio Avruj qui a
raison : on ne peut pas en même temps exiger que les activités
des centres culturels soient entièrement (ou presque) subventionnées
par l'Etat fédéral et interdire à ce même Etat d'y convier les
inviter de sa diplomatie. Et cela ne veut pas dire que l'équipe
gouvernementale se prend pour la propriétaire du pays. Elle est
juste comptable de l'emploi des infrastructures et des finances
publiques et le Président a été élu pour cela.
Pour en savoir plus :
lire l'article de Página/12 sur la demi-journée militante à ECuNHi
visiter le site Internet de ECuNHi et sa page Facebook
lire l'article de La Nación sur les projets de visite de Barack Obama à l'ex-ESMA
lire l'interview de Claudio Avruj dans La Nación : il s'y exprime notamment sur les
procès contre les criminels de la dictature qui suivront leur cours. Voir également l'interview de Conversaciones, les vidéos accessibles sur le site Internet du quotidien.
En revanche, l'éditorial de Carlos Pagni dans La Nación est très contestable : il y
affirme que les Etats-Unis n'y sont pour rien dans la dictature
militaire qui a frappée l'Argentine entre 1976 et 1983 alors que
l'implication de la CIA dans le coup d'Etat ne fait plus aucun doute
pour personne, pas même pour les citoyens des Etats-Unis
raisonnablement informés.
(1) C'est une chose qui me
frappait chez certains des militants kirchneristes depuis le mandat de Néstor Kichner. En les écoutant
parler, je me disais qu'il ne ferait pas bon leur confier le pays
parce qu'ils seraient les premiers à y faire régner une autre
dictature, menant une politique opposée à celles des généraux
mais guère plus tolérante ni plus pacifique...