La photo de une est consacrée à la veille des familles des marins disparus sur la plage de Mar del Plata, pas encore envahie par les estivants Cliquez sur l'image pour obtenir une haute résolution |
Au
lendemain de la publication des conclusions de l'autopsie de Santiago
Maldonado, dont la disparition a servi pendant cinq mois à accuser
la gendarmerie de crime politique, et au moment où l'Argentine est
sous le coup de la perte d'un sous-marin et de son équipage, les
forces de l'ordre appartenant à la Préfecture Navale (compétente
pour les côtes et les voies d'eau) n'ont rien trouvé de mieux que
de tirer à balles réelles (avec du plomb) sur des militants de type
zadiste, qui occupaient un terrain revendiqué par les Mapuches
contre la multinationale d'origine italienne Benetton, qui y élève des moutons pour la laine de ses pulls depuis que
l'Argentine lui a concédé un pan entier de son territoire en
Patagonie.
Les
coups de feu ont fait trois blessés, dont un est décédé peu de
temps après son admission à l'hôpital de San Carlos de Bariloche (seconde agglomération de la province de Río Negro). Le militant qui a perdu la
vie avait 27 ans. On dit qu'il était lui-même mapuche.
Página/12 titre "La chasse" fidèle à son manque de nuance et à son style insultant de prime abord |
Sur
place, dans cette zone occupée illégalement par les militants, la
situation est des plus confuses comme elle l'est sur les ZAD en
France. Ces occupants altermondialistes, profondément
anticapitalistes et pas toujours aussi non-violents qu'ils veulent
bien le dire, se réclament du peuple mapuche. D'autres membres de ce
peuple originel, qui vivent dans la région, ne les reconnaissent pas
tous pour tels. Ils réclament des droits avec une phraséologie
indigéniste que les autres ne pratiquent pas. Bref, c'est une vraie
cacophonie. Cela n'autorise évidemment pas les forces de l'ordre à
leur tirer dessus comme sur des sangliers.
D'autant
que la gâchette facile, el gatillo fácil, comme disent les
Argentins, est une vraie plaie dans la police dans tout le pays.
Contrairement à ce qu'il se passe presque partout dans l'Union
Européenne, un agent de la force publique qui fait usage de son arme
à feu, même en cas de légitime défense, se retrouve immédiatement
devant un juge et il se passe souvent plusieurs jours, voire
plusieurs semaines, avant que le non-lieu soit prononcé lorsque le
cas de légitime défense était constitué (1). Les policiers
argentins n'ont pas ce type de garde-fou très efficace alors qu'ils
traînent derrière eux une forte tradition de violence depuis la
Generación del 80 (gouvernement oligarchique et très corrompu entre 1880 et 1916)
puis sous une palanquée de dictatures militaires putschistes qui se
sont étalées de 1930 à 1983. Les policiers argentins défouraillent
avec une facilité déconcertante (2).
C'est la une la plus discrète sur le sujet Il est traité dans le petit rectangle tout en bas à droite Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Le
décès de cet homme n'est donc pas le premier qui se produit dans
une manifestation ouvriériste ou indigène. On aimerait fort que ce
soit le dernier mais la ministère de la Sécurité ne semble pas
vouloir encore tirer les enseignements des scandales qui viennent de
se succéder. Il a plutôt l'air de tenir pour nuls et non avenus les
cinq mois de tintamarre médiatico-politique qui s'est développé
autour de Santiago Maldonado, sans désarmer un seul instant pendant
cinq mois, dans et après la campagne électorale.
Pour
en savoir plus :
lire
l'article de Clarín
lire l'article de Clarín sur la surprise manifestée par le gouvernement lorsqu'il a appris le tragique incident
Ajouts du 27 novembre 2017 :
la ministre de la Sécurité et le ministre de la Justice ont tenu une conférence de presse pour soutenir l'action de la Préfecture navale qui aurait eu affaire à un groupe armé et violent, qui ne respecte pas la loi (ce n'est pas impossible car les altermondialistes ne sont pas tous des anges, mais, pour Página/12, il s'agit là de propos discriminatoires, injurieux, racistes, qui prétendent criminaliser des personnes en situation de précarité sociale pour cette seule raison).
lire l'article de Página/12
lire l'article de La Prensa
lire l'article de Clarín
lire l'article de La Nación
Ajouts du 27 novembre 2017 :
la ministre de la Sécurité et le ministre de la Justice ont tenu une conférence de presse pour soutenir l'action de la Préfecture navale qui aurait eu affaire à un groupe armé et violent, qui ne respecte pas la loi (ce n'est pas impossible car les altermondialistes ne sont pas tous des anges, mais, pour Página/12, il s'agit là de propos discriminatoires, injurieux, racistes, qui prétendent criminaliser des personnes en situation de précarité sociale pour cette seule raison).
lire l'article de Página/12
lire l'article de La Prensa
lire l'article de Clarín
lire l'article de La Nación
(1)
Certes, il n'en est pas encore toujours ainsi avec les violences
physiques exercées contre des personnes en état d'arrestation, sans
usage d'une arme à feu, et cela n'en finit pas de créer des
polémiques.
(2)
qui, heureusement, n'égale pas celle qui sévit aux Etats-Unis, dans l'impunité quasi-totale.